Un pavillon rouge flanqué d'une couverture qui ne l'est pas moins, avec en pleine lumière L'ombre, la mystérieuse mercenaire du Chant des Stryges auquel le mensuel consacre un épais dossier, indispensable alors que se clôt le premier cycle de la série et que s'étoffent les univers parallèles, " Le maître de jeu " et " Le clan des chimères ", animés par l'inépuisable Corbeyran.

Au sommaire de ce dossier, pas mal d'inédits - c'est ce qu'on en attend tout de même ! - et bien évidemment une interview de Corbeyran, qui fait agréablement le point sur les influences revendiquées qui continuent d’émailler son travail tout en précisant sa propre démarche artistique et son envie dévorantes de sagas à rallonges - « Un vieux fantasme lovecraftien » - ce qui ne dérangera personne pourvu que la qualité reste au rendez-vous. Avec en guise de friandise, un peu indigeste, un récit court prenant place dans l'univers des Stryges, réalisé par Guérineau et mis en couleur par… Moreno, qui outre le " Régulateur " avec le même Corbeyran, devrait réaliser le pendant futuriste du " Chant ", « Les hydres d’Ares ». Au lecteur de juger de la qualité de ce petit exercice, mais diable que l'on espère que Moreno ne colorisera jamais le cycle contemporain des Stryges ailleurs que dans ce récit périphérique, les ambiances steampunk par ailleurs très réussies du " Régulateur " ne correspondant à mon sens pas à ce type d’intrigue nécessitant une ambiance neutre, pour que l’intrusion du fantastique en soit d’autant plus marquante. Et pour finir un bon de commande permettant d'acquérir quelques objets parfaitement inutiles - une silhouette Ombre numérotée signée à 20 exemplaires - ou bougrement indispensable - un hors série paru lors de la sortie du tome 4, édité par l'ALBD et qui outre de nombreuses illustrations, reprend de larges extraits de " Contact and inducement " l'ouvrage confidentiel (et très étonnant) fondateur de la série.

Avec coté prépublications le nouvel Aquablue, rien que ça, (« Le totem de Cynos »), la suite du Serment de l'Ambre, des enquêtes disco de l’inspecteur O’toole dans « Chewing gun » ainsi que les savoureuses historiettes de Monsieur O, petit régal made in Lewis Trondheim. Autant de portes-drapeau d’un Pavillon Rouge en pleine santé.