Interview de Luc Brunschwig
L'Esprit de Warren 4



"Encore quelques heures à vivre", le tome 4 et dernier tome de l'Esprit de Warren - sort enfin en librairie. Interview de Luc Brunschwig au sujet de l'album et de ses autres projets.

 

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Voici enfin le dernier tome tant attendu de l'Esprit de Warren ! Que s'est-il passé ? Pourquoi un tel délai pour sortir ce dernier album ?

Brunschwig : Hum. (rires) Quand Servain a terminé le tome 3 qui était psychologiquement assez dur - pour rappel, il se terminait sur la scène d'un gamin qui tuait son père et sa mère - Servain était littéralement épuisé et avait une grande envie de s'aérer avec un autre projet ; ce qu'il a fait avec " Siloé " (en collaboration avec Serge Le Tendre). Le problème, c'est que Siloé était une grande aventure ; le premier tome faisait plus de 70 planches… ! Quand il a eu fini et qu'il m'a recontacté pour le tome 4 de l'Esprit de Warren, c'est de mon côté qu'il y a eu un petit couac : ma femme est tombée enceinte ! Et moi, je suis comme ça ; ma femme tombe enceinte.. et j'ai été sur mon petit nuage pendant près d'un an où j'ai quasi complètement déconnecté du travail. Servain a donc, à juste titre, repris Siloé et terminé le second tome. Et puis, il a fallu le temps de terminé ce fameux tome 4 et nous voici enfin…

Peux-tu nous résumer en quelques mots la série, pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore ?

Brunschwig : C'est l'histoire d'un tueur appelé Warren Wednesday, ayant vécu dans les années 60. Il a été élevé par une mère un peu dérangée, qui, n'ayant pas compris comment Warren avait bien pu être conçu, s'était persuadée - et son fils du même coup - qu'il lui avait été offert par Dieu et qu'il était investi d'une mission sur Terre. Warren passera une grande partie de sa vie à chercher quelle pouvait être cette mission. Croisant un jour la route d'indiens navajos et constatant la misère dans laquelle ceux-ci vivent, il réalise que ce n'est pas le Dieu des chrétiens qui l'a envoyé sur Terre, mais un dieu plus universel ; son but étant de rendre leurs terres au peuple indien, les véritables enfants de Dieu (par opposition aux blancs qui auraient donc ainsi été les enfants du diable, ayant délogé les indiens de leur " paradis " en le leur volant).

Doté d'un certain charisme mais de peu de moyens, Warren va mener ces indiens dans diverses actions qui vont toutes, plus ou moins, échouer, et pour lesquelles il finira condamné à mort après avoir commandité un sanglant massacre. Persuadé que l'esprit peut survivre à la mort du corps terrestre, il demande à une femme de la tribu de faire un enfant, qui naîtra effectivement à la seconde où il mourra ; l'enfant, à son tour, étant élevé dans la certitude qu'il est la résurrection de Warren - ou du moins investi de son esprit - et qu'il a également une mission à mener à bien.

Après Le Pouvoir des Innocent, l'esprit de Warren reflète à nouveau ton goût pour les histoires bien noires, assez violentes, aux personnages légèrement torturés…

Brunschwig : C'est en effet un style qui m'attire, raconter des choses, comprendre ce qui fait dérailler l'humain. Comme je dis souvent ; le problème de ma vie, c'est d'être juif. Non pas parce que juif, c'est lourd à porter, mais tout comme un petit enfant catholique va au catéchisme, moi, on m'emmenait à l'équivalent pour la religion juive. Le rabbin nous emmenait, entre autre, voir des expos sur la déportation. Vachement jeune, tu découvrais ce que l'être humain était capable de faire. Même si vivant avec la naïveté de mon âge, j'ai quand même découvert vers 8 ans toute l'horreur des camps de concentration. Rajoute à cela que mon grand père et mon oncle étaient morts à Auschwitz, et tu réalises à quel point j'ai baigné dans tout cela. Mon père en était encore tout pétri, et avait du mal à s'en sortir.. Bref, j'ai donc été très marqué par ça, d'où une envie de comprendre comment et pourquoi un être humain peut aller aussi loin.

On connaît ton goût et ton plaisir de travailler la psychologie de tes personnages. Ceux-ci étant justement toujours un peu complexes, voire torturés, à la limite de la folie, est-ce de la haute voltige d'entretenir ces personnalités tout au long de 4 - voire 5 - tomes que comptent tes séries ? Ou bien, te glisses-tu dans la peau de tes personnages et ce n'est pas si difficile que ça (rires) ?

Brunschwig : C'est clair que pour créer, je dois être en empathie avec mes personnages. Ca me fait parfois rire qu'on taxe les artistes d'avoir un "ego surdimensionné", alors que justement, il faut que je me débarrasse de mon ego, de mes affects, de tout ce qui me ramène à moi pour laisser la place à mes personnages. Si je ne fais pas ça, je n'arrive pas à écrire... je ne les "entends" pas me parler d'eux.

Quand tu construis ton scénario, tu sais toujours où tu vas ? Par exemple, quand tu as écris la première ligne de L'Esprit de Warren, tu savais comment allait se terminer le dernier tome ?

Brunschwig : Non (rires). Par contre, quand j'ai écrit les trois suivants, je savais très bien où j'allais. Mais tout ce qui s'est passé a vraiment découlé du tome 1. J'avais effectivement écrit le premier Warren un peu comme ça, à l'aventure, et ce n'est qu'après que les choses se sont construites.

Tu laisses peu de chance, peu d'espoir à tes personnages. On finit par s'y attacher, on espère qu'ils vont finir par s'en sortir.. et finalement, tu les plonges dans quelque chose d'encore plus noir qu'avant..

Brunschwig : Ce qui m'intéressait dans L'Esprit de Warren, c'est moins ce qui pouvait arriver à Warren que le rapport qui existait entre Warren et Jonathan, par exemple. D'un côté, on a celui qu'on pourrait considérer comme le bourreau (Warren) et l'autre, la victime (Jonathan).. et plus on avance dans l'histoire, et plus on se rend compte que les deux personnages, dans leur envie de sortir de la spirale dans laquelle ils sont, vont quasiment dans des directions identiques, et, en même temps, n'arrivent pas à sortir de leur envie de vengeance.. Finalement, on ne sait plus trop qui est le bourreau ou la victime de l'un ou de l'autre..

A la fin, on a presque l'impression que c'est Jonathan qui est devenu le bourreau de Warren. Jonathan aurait pu s'en sortir, Warren était même venu le trouver pour lui dire qu'il renonçait à sa vengeance. Mais Jonathan refuse l'offre de Warren et c'est à ce moment qu'il décide de devenir le bourreau de Warren ; il veut punir ce dernier pour ce qu'il a commis, rendre justice. Peu de gens sont conscients de qui est réellement Warren, et Jonathan ne supporte pas qu'il soit célèbre et qu'il y ait des gens qui l'aiment alors qu'il est ce qu'il est.

En y réfléchissant bien, je vais ramener ça à mes histoires juives, mais on n'est pas très loin du devoir de mémoire un peu " extrémiste ", dirais-je, qui a poursuivi certains juifs, après la guerre, qui ont tenu à passer le restant de leur vie à courir et à punir les bourreaux nazis.

Et donc, la question, à mon sens, de L'Esprit de Warren, c'est de savoir : qu'est ce qui est le plus important : c'est la vengeance, la punition qu'on inflige au bourreau, ou au contraire, est-ce qu'on ne les punit pas davantage en réussissant sa vie ? C'est l'option que choisit Jonathan qui le conduit vers l'impasse.

Et si on parlait de Flocon, cet adorable petit chat blanc… ? Blanc comme la neige, comme la pureté.. Ne devrait-il pas plutôt être noir, ce chat, il porte plutôt la poisse, non ?

Brunschwig : Heu, tu crois (rires). Non, il est très bien en blanc. C'est une petite boule d'amour, il aime son Warren, il l'a adopté, il ne peut pas s'en séparer.. C'est un peu ce qui vient perturber tout ça. J'aime bien cette idée quelque part que c'est l'amour de ce chat qui condamne Warren à la fin.

Est-il aussi simple et innocent que tu ne veux le dire, ou bien, est-il bien plus machiavélique que ce qu'on imagine ?

Brunschwig : Ca, c'est aux gens de décider (rires). C'est peut-être ce qui constitue l'aspect " ouvert " de la fin de la série. J'ai bien entendu ma théorie sur la chose. Ce qui m'intéressait dans cette fin, c'est cette sorte de tourbillon qui entraîne tout le monde, ces contradictions, ces amours et ces demandes d'amour croisées, retenues ou exprimées.

Tu aurais un jour l'envie de faire une suite à L'Esprit de Warren ?

Brunschwig : Non, je ne pense pas. C'est bien comme ça. Ca se termine exactement comme j'avais envie que ça se termine.

Que redoutes-tu le plus avec la sortie de cet album, je te sais un peu fébrile, comme à chaque sortie d'album d'ailleurs (rires) ?

Brunschwig : Cette sortie est bien entendu un peu spéciale. Beaucoup de monde fait le parallèle entre " Le Pouvoir des Innocents " et " L'Esprit de Warren " qui sont un peu du même niveau.. " Le Pouvoir " a eu une fin qui a beaucoup surpris les lecteurs - cette série est souvent considérée comme une référence (même si je n'aime pas beaucoup ce mot) - il y a maintenant cette envie de ne pas les décevoir.. Avec Laurent Hirn dans le Pouvoir, on a vu qu'on était capable d'aller au bout d'une série, d'amener le lecteur vers ce quoi on avait envie d'aller.. Sachant cela, on ne voudrait pas ne pas y arriver avec " L'Esprit de Warren ". On espère bien entendu y arriver mais il y a toujours le risque que ça ne fonctionne pas.. et là, ce ne serait que de notre responsabilité.

Sachant également que le public attend cet album depuis bientôt 7 ans, on ne sait pas trop ce qu'il en attend, même si moi, je sais ce que j'ai voulu y amener, avec l'impact et la force de ce que j'ai voulu y mettre. Ca ne fera bien entendu pas le même effet sur tout le monde, mais sachant que ce n'est pas une fin consensuelle, il y en a certains à qui cela plaira et d'autres non.

Maintenant que la série est terminée, au même titre que le Pouvoir, les personnages qui t'ont accompagné tellement de temps ne vont-ils pas te manquer ?

Brunschwig : Curieusement, j'ai vraiment le sentiment d'avoir été au bout avec eux. J'aurais presque davantage envie de leur envoyer des baffes qu'autre chose. Je leur en veux presque de m'avoir obligé à aller jusque là. C'est un peu bizarre comme sentiment.

Comment s'est déroulée la collaboration avec Servain ?

Brunschwig : C'était parfois étonnant et chaotique. Le démarrage n'a peut-être pas été très facile.. Disons que je n'étais pas vieux et il était très jeune (rires). Je ne vais pas parler d'égo, je pense que nous n'avions simplement pas la même vision de la bande dessinée - tant dans la façon de travailler que dans la vision de ce qu'était une maison d'édition et ce que devait apporter un album. Servain était peut-être un peu plus fataliste que moi.. Il y a donc parfois eu quelques tensions mais c'est quelqu'un qui a un regard très intéressant sur les histoires, qui me renvoyait beaucoup de choses. Il m'a amené à revoir pas mal de scènes qui étaient effectivement beaucoup plus pertinentes par après. Les années nous ont ensuite fait murir et aujourd'hui, nous avons pas mal de choses en commun, et la fin de l'Esprit de Warren a été très sereine.

Et si nous parlions de tes projets d'avenir ?

Brunschwig : Je m'investis à fond chez Futuropolis, en tant que directeur de collection. Je dois dire que c'est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur. Ces derniers mois, le paysage du monde de la BD s'est considérablement recomposé - le rachat de Dupuis par Dargaud a été un véritable choc. Je savais que ça allait remettre en question la collaboration de Sébastien Gnaedig avec Dupuis, parce qu'il n'avait pas nécessairement envie de rentrer dans cette logique de gigantisme qui ne lui correspond pas du tout. On a beaucoup discuté de notre avenir dans le milieu de la BD. J'avais même cru comprendre que Gnaedig voulait monter une maison d'édition avec moi - projet dans lequel j'étais prêt à m'investir d'ailleurs - mais je n'avais pas tout de suite compris qu'il s'agissait de ses projets avec Futuropolis, dont il ne pouvait pas encore parler au début. Bref, après ce petit malentendu, il avait néanmoins compris que j'étais prêt à tenir le rôle de directeur de collection. En juillet 2004, on s'est revu et il m'a expliqué le projet de Futuropolis - une envie conjointe de Gallimard et de Soleil de créer une maison d'édition d'auteur, dans le respect de l'esprit de Gallimard - laisser du temps aux auteurs, leur laisser la parole, leur donner un encadrement qui leur permette de s'exprimer.

Avec Sébastien (Gnaedig), on partageait complètement cette envie, en réaction à cette dimension industrielle qui s'emparait du monde de la BD depuis quelques temps. En plus du fait qu'on avait l'impression que la BD était en train de se scinder en 2, et nous nous sentions ni d'un côté ni de l'autre, c'est-à-dire d'un côté la BD très industrialisée et de l'autre la BD indépendante de manière de plus en plus radicale. Nous aimons davantage les envies des auteurs, mais par rapport à des histoires qui ne disqualifient pas nécessairement le lecteur… Un jour, Guy Delcourt m'a dit que le " Pouvoir des Innocents " était une BD d'auteur.. Pour moi, là, ça devient vraiment un problème… Si, à partir du moment où tu glisses une vraie vision d'auteur dans un sujet un peu mainstream, la seule chose qu'on te renvoie, c'est que c'est de la BD d'auteur ; c'est qu'il y a un problème de définition au niveau des maisons d'édition. Il y a quelque chose d'intermédiaire à créer, et c'est notre envie par rapport à Futuropolis. Il y aura des choses plus " artistiques " et d'autres plus " populaires ".

Excepté Makabi et Mic Mac Adam, tous tes autres projets sont maintenant chez Futuropolis ?

Brunschwig : Oui, effectivement. Quant à Angus Powderhill, il est un peu en standby pour l'instant, en attendant de voir l'évolution des Humanoïdes Associés ; on a un peu de mal à comprendre où ils veulent aller…

Donc, outre ces trois séries, j'ai quatre projets chez Futuroplis.

" Le sourire du clown ", avec Laurent Hirn, se passe dans le milieu des banlieues françaises ; la banlieue étant un personnage au même titre que tous les personnages de la série. C'est l'histoire d'un garçon qui, lorsqu'il avait 8 ans, voit sa mère assassiner un clown avec lequel il s'était lié d'amitié - ce qui provoque chez lui une paralysie faciale ainsi qu'une perte de la parole. Il devient complètement " non-communiquant ". Un autre clown qui était associé à celui qui a été assassiné, prend alors ce gamin sous son aile, et lui rend les clefs de la communication à travers le maquillage et l'art clownesque. Ces deux personnages, qui ramènent un peu de bonne humeur dans la banlieue, vont créer, à eux deux, une école du cirque au milieu de la banlieue dans laquelle ils habitent. La série est prévue en 3 albums dont le premier sortira en novembre 2005. En outre, Laurent Hirn travaille en pleine couleurs sur ce projet, et c'est splendide !!

Et les autres projets ?

Brunschwig : " La mémoire dans les poches " avec Etienne Le Roux raconte l'histoire d'un vieux monsieur que l'on découvre, au début de l'histoire, dans une pharmacie, un bébé dans les bras, en train d'acheter des couches, un biberon, etc.. La pharmacienne qui le sert est un peu intriguée, parce qu'il dit que sa belle-fille lui a confié le gamin et elle ne comprend pas pourquoi il est obligé d'acheter tout le matériel qu'on est censé emporter avec un bébé lorsqu'on met celui-ci en baby-sitting chez quelqu'un… Le vieux monsieur s'enfuit suite aux questions de la pharmacienne et se réfugie dans un café où d'autres personnes s'étonnent également de le voir avec ce môme dans les bras. Il va finir par raconter son histoire et ce qui l'a conduit là, avec ce bébé d'origine magrébine dans les bras… " La mémoire dans les poches " comptera 2 tomes, qui sont chacun des one-shots à deux périodes différentes : l'un raconte l'histoire du père relatée par lui-même, et l'autre qui en est la suite directe, mais selon le point de vue du fils. Le premier album est prévu pour mars 2006.

Viennent ensuite se glisser deux autres projets :

" Après la guerre " avec Freddy Martin. Nous sommes en 2040. Nous sommes parti du principe que la terre avait continué à évoluer comme cela se passe en ce moment ; le libéralisme ayant atteint un degré absolument insupportable, le monde entier étant dans un rapport entre la richesse et la pauvreté quasi-équivalent à ce que devait être l'Angleterre pendant la période industrielle au 19 siècle : 1% de riches, 10 à 20% de gens qui s'en sortent à peu près bien, et le reste qui vit dans la misère. A milieu de tout ça, on annonce un jour une invasion imminente d'extra-terrestres - trois nefs spatiales gigantesques se dirigent vers la Terre, leur arrivée est prévue d'ici un an - et qui refusent de communiquer ; on en déduit donc que leurs intentions sont hostiles.. Une mobilisation générale va obliger toutes les personnes valides entre 16 et 35 ans à s'embrigader dans des camps de formation à la guerre durant un an. Mais le jour prévu où l'on voit arriver les vaisseaux spatiaux, ceux-ci disparaissent subitement. La guerre annoncée n'aura jamais lieu. L'histoire raconte toutes les conséquences de cette invasion manquée, de cette rencontre qui n'a pas eu lieu..

Avec Cécil, je démarre un autre projet sur Sherlock Holmes - tout ce que les gens auraient aimé savoir et comprendre sur ce grand et beau personnage. Ca commence par sa mort ; prétexte pour l'enquête que mènera Watson pour comprendre ce qui est arrivé à son ami.

Les deux derniers projets, dont je viens de parler, sortiront dans la collection que je dirige qui verra le jour en janvier 2006.

En fait, Sébastien Gnaedig m'a demandé de m'occuper de tout ce qui concernait les séries. A l'origine, Futuropolis ne faisait pas de séries, mais on considère que de nos jours, la série est une véritable option pour certains auteurs, une vraie façon de raconter une histoire.. On aura vraiment une façon d'aborder la série qui va un peu surprendre, très différente de ce qui se fait jusqu'à présent…

Merci beaucoup.

Découvrez également les 9 premières planches de l'album
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Interview et dossier réalisés par Catherine Henry

Images Copyright © Brunschwig & Servain - Editions Delcourt 2005


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