Thema BD : Aquablue : genèse d'une histoire



"Aquablue : genèse d'une histoire" par Dimitri F.

Aquablue : 1er cycle (Scénario Cailleteau - Dessins Vatine)
tome 1 : Nao
tome 2 : Planète bleue
tome 3 : Le Mégophias
tome 4 : Corail Noir

Aquablue (Scénario Cailleteau - Dessins Tota)
tome 5 : Projet Atalanta
tome 6 : Fondation Aquablue

Aquablue : 2ème cycle : Etoile Blanche
tome 1 : 1ère partie
tome 2 : 2ème partie

Souvenez-vous. Cela fait maintenant environ 10 ans qu'arrivait sur les tables de vos librairies préférées, une nouveauté qui allait franchement faire parler d'elle. Personne, à ce moment, ne pouvait pronostiquer qu'une telle réussite attendrait le duo de choc Cailleteau - Vatine et leur série (devenue depuis une valeur sûre de chez Delcourt) : Aquablue.

Pour le lecteur, ce fut une réelle découverte. Les thèmes innovent et le graphisme explose. Le scénariste (Cailleteau) propose une guerre comme rarement on en voit en bande dessinée. Une guerre d'exploitation, Samson contre Goliath. Aquablue, peuplée par des primitifs, mène une vie paisible. La confiance et le respect régissent les lois entre le peuple et la nature qui l'entoure. Une parfaite symbiose unit une planète fertile et ses occupants. Seul l'océan et surtout ses fonds demeurent terra incognita. Parmi toutes ces âmes vit un jeune terrien appelé Nao. Son destin sera tracé dans le sang d'Aquablue !

Un consortium terrestre, en quête perpétuelle de richesses et de matières premières, jette son dévolu sur cette planète bleue. Un seul mot d'ordre : exploitation. Et, si le moindre obstacle apparaît, soit on l'élimine, soit… on l'élimine ! La stratégie est de pomper un maximum de ressources et puis d'aller ailleurs. Le profit est la seule loi qui régit la vie des actionnaires du consortium Morgenstern. De plus, l'endroit, habité par des primitifs, fournit une main d'œuvre est sur le terrain.

Esclavagisme sous la houlette militaire, exploitation outrancière, peu à peu les habitants d'Aquablue doivent se rendre à l'évidence : soit ils défendent leur terre et leur patrimoine, soit ils périssent sous le joug des envahisseurs. Leur seul choix réside dans la manière dont ils vont mourir : l'arme à la main et la tête haute ou bien, prisonniers, tels des rats. Nao, jeune rescapé terrien, sent que c'est bien l'eau d'Aquablue qui coule dans ses veines. Son choix n'en demeure pas moins cornélien. En quête d'identité, l'enfant terrien décide de partir sur la planète qui l'a vue naître afin de connaître le fin mot de l'histoire de ses parents qui l'ont, semble-t-il, abandonné sur cette planète étrangère.

La série prend ainsi une tournure tout à fait inédite dans le domaine de la bande dessinée. Des thèmes nouveaux voient le jour, principalement déclinées autours d'idées écologistes. Si de prime abord la dualité semble évidente : les mauvais sont les exploiteurs et les bons, le petit peuple de la planète envahie ; les outils qu'utilisent Cailleteau et Vatine pour nous montrer que tout n'est pas simplement noir ou blanc aide à élever cette BD au rang de série culte. Alors que tout semble perdu pour la planète Aquablue - des lances et des couteaux contre des lasers et des vaisseaux spatiaux, même Samson y réfléchirait à deux fois avant de se lancer dans la bataille - de nouveaux paramètres viennent changer les lignes de force. D'abord, l'organisation d'une résistance active et armée des autochtones, aidés par quelques humains qui apportent avec eux technologies et savoir-faire. Nao et ses nouveaux alliés commencent ainsi à donner du fil à retordre aux envahisseurs. Ensuite, une aide providentielle venue des fonds océaniques de la planète. Une Atlantide créée par d'anciens extra-terrestres va resurgir des eaux et inverser sérieusement la balance.

Le premier cycle commencé par Vatine est clôturé par un cinquième tome dessiné par Tota. Entre-temps, paraît le cycle de l'Etoile Blanche totalement dessiné par ce dernier. Une reprise certainement peu évidente mais une réussite réelle à mettre à l'actif du dessinateur.

Comment réinventer un nouveau cycle sans pour autant dévoiler la fin de la série mère ? Un jeu scénaristique qui pouvait paraître très dangereux mais qui fut mené de main de maître par Cailleteau. L'Etoile Blanche se déroule un an après la fin du premier cycle et développe des thèmes plus romantiques, plus proches de Nao et de son histoire personnelle. Il est en cela à rapprocher des deux premiers tomes albums de la série originelle.

A l'occasion du Festival d'Angoulème 2001, sortira le nouvel album d'Aquablue, intitulé « La Fondation Aquablue ». Mais, avant de soulever le voile concernant ce nouvel opus, testons vos connaissances.

Question verte, science et nature, pour un fromage. Qu'est-ce qu'un Voïvode ? Attention, science et nature.
Réponse : « Le Voïvode et un puits gravifique résultant de l'implosion d'une étoile géante et se déplaçant en avalant des systèmes entiers. »

Plus sérieusement, les auteurs, Cailleteau et Tota, ont décidé de poursuivre les pérégrinations spatiales de Nao et, si le titre paraît très « pompeux », c'est tout simplement que la série prend une direction plus spécifique. La Fondation sert, dorénavant, de tremplin financier pour Nao, devenu héritier et principal actionnaire. Cette dernière est un outil qui lui permettra de lancer de nouveaux projets, de nouveaux défis dans le but de réparer (voire de sauver) les exactions humaines ou autres déprédations de l'environnement.

Après avoir simultanément démantelé l'armée de sa Tante Ulla et remis à flots les finances du Groupe Morgenstern, notre cher héros décide d'insuffler une partie importante de ses finances dans la recherche et l'étude scientifique. Pour cela, il modifie la fonction première d'un cargo spatial et le transforme en vaisseau de recherche hyper sophistiqué. Le nom du navire : l'Uruk-Uru. Pour connaître la signification de ce nom étrange, je vous renvoie volontiers au premier album de la série. A quelques années lumières, au même moment, un vaisseau lance une sonde dans ce qui apparaît être un de ces fameux « Œil de Voïvode », dans le but de recueillir un maximum d'informations et de paramètres. Alors que les chercheurs attendent le retour du petit véhicule, celui-ci, tout à coup propulsé par la force de l'œil, disparaît comme par enchantement. Mû par sa vitesse, la sonde est projetée dans une autre partie de l'espace. Autant dire qu'elle est peut-être perdue. Et si des planètes habitées par d'autres formes de vie se retrouvent dans la trajectoire de l'œil ? Ne serait ce pas une incommensurable perte pour l'humanité ?

Au même moment, bien loin de là, la planète appelée Doyle-1800, quelques milliardaires en manque d'émotion se réunissent afin de participer à une chasse bien particulière : les proies sont des Sauriens géants. Nao et son équipe se retrouvent aussi sur cette étoile. Il est certain que les objectifs de Nao et des chasseurs-milliardaires sont diamétralement opposés.
Et la menace qui ne cesse de se rapprocher…

Par Dimitri F.

Images Copyrights © Cailleteau - Vatine - Tota - Editions Delcourt 2000


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