Attention coup de coeur !
"Le tueur"



"La dette" (Le Tueur T. 3) par Matz & Jacamon.
(Editions Casterman).

Voir la bande annonce de l'album.

On peut dire ce qu'on veut des idées peu reluisantes « charriées » par cette série qui fait finalement l'apologie de la violence et de l'argent et place dans la bouche de son héros pas mal de propos qu'on pourrait qualifier de « réac », elle s'impose de plus en plus comme un succès public. Cela n'a rien d'étonnant.
Le Tueur est un bon personnage, Matz parvient à faire rebondir son histoire et à relancer l'attention du lecteur à chaque album tout en ne négligeant pas de clore ses histoires avant de passer à la suivante. Il évite ainsi le principal défaut des séries : la frustration liée à une fin continuellement différée.
On ne peut dire d'aucun des albums parus à ce jour qu'il est un album de transition. Chacun a son histoire, explore son monde propre et propose une résolution qui n'empêche pas la trame principale de rester en suspens.
Mais le succès rencontré par le Tueur ne tient pas qu'à ses scénarios bien ficelés, pas plus qu'à ses voix-off bien travaillées. S'il est une BD qui doit presque tout à son dessin, c'est sans doute celle-ci. Jacamon a réussi à imposer un style fort, d'une grande clarté, dominé par le travail sur la lumière. Ses gros plans sont brillants d'efficacité et ses découpages sont irréprochables.
On entre dans les albums de Jacamon comme dans une salle de cinéma. Les ambiances s'imposent à vous, vous plongent dans une réalité reconstituée à l'identique. Pourtant, le réalisme de Jacamon ne s'apparente -sauf en de très rares occasions presque expérimentales- que de très loin à la photo. C'est bien de la BD, c'est bien du dessin, mais maîtrisé dans tout ce qu'il a de suggestif et de signifiant. Jamais un détail inutile, un travail extrêmement rigoureux sur les couleurs, des décors admirablement suggérés sans débauche d'effets... C'est tout ça Jacamon. Sans compter les jolis minois de ses demoiselles.

Seul défaut, un peu agaçant à la longue, la façon de marcher comme des ballerines, sur la pointe des pieds, qu'ont presque tous les personnages (l'exemple du type qui sort de la piscine à la planche 10 est assez symptomatique...). Mais c'est vraiment pour dire qu'il peut encore faire mieux...

Thierry Bellefroid.

Images Copyrights © Matz & Jacamon - Casterman 2001


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