Interview de Emmanuel Moynot & Dieter :
Monsieur Khol :
une expérience "Carrément BD"(Suite)



Monsieur Khol ça représente quoi dans la longue collaboration qui existe entre Dieter et Moynot ?

Dieter.: Je crois que c'est le 8ème album. Ca représente à peu près toujours autant de plaisir de travailler avec Emmanuel. Quant à Monsieur Khol, Emmanuel et moi vieillissons (rires) et avec l'âge devenons des garçons joyeux. Donc, là, c'est un album, même si ce n'est pas le premier (puisqu'il y avait déjà "Vieux fou") qui se termine bien et qui est presque positif, presque drôle. Il y a des gens qui deviennent chiants en vieillissant ; nous, on s'améliore. C'est incroyable.

Je suis d'accord.

Dieter : C'est le plaisir de travailler avant tout. C'est aussi une autre façon de travailler entre Emmanuel et moi, une collaboration très forte. Emmanuel m'a proposé un truc que j'aurais refusé avec n'importe qui d'autre. Je lui avais déjà parlé de la collection "Carrément BD" dont on a intégré le format dès le début. Emmanuel m'a donc proposé son idée ; il avait lui-même découpé et dialogué 5 pages, je faisais les 5 suivantes, etc. Sans vraiment savoir où on allait, comme un "Cadavre Exquis". Je déteste ça à priori. Quand il me l'a proposé, j'étais un peu hésitant mais il a insisté pour qu'on essaie. Et ça s'est très bien passé. Mais il faut le faire avec Emmanuel. C'est surprenant. Ca a un peu bouleversé mes habitudes de travail.

Dans quelle mesure avez-vous été influencés tous les deux pour le format "Carrément BD" et as-tu l'impression qu'un tel format influence finalement le contenu ? Pas seulement la forme…

Dieter : De toute façon, ça influence le découpage, et donc le rythme du récit puisque c'est évident qu'on ne pouvait pas faire 8 images dans une page mais plutôt 4 ou 5 maximum. Il y a donc d'abord la pagination et ensuite le conduit des pages qui devait être très graphique et très lisible. Ca influence donc tant la façon de concevoir la page que l'agencement des scènes. Lorsque j'ai vu l'album imprimé pour la première fois, j'ai vraiment été impressionné en le voyant, tellement je le trouvais grand. Souvent, on possède les photocopies des albums en format traditionnel, donc lorsqu'on voit l'album, on n'est pas surpris. Là, non seulement j'ai été surpris mais en plus, je l'ai trouvé très beau. J'étais très content.

Il y a encore moyen d'être étonné dans le monde de la BD ?

Dieter : Et bien oui !

Est-ce qu'il y a encore moyen d'étonner, aussi ?

Dieter : Ça, je dirais que c'est un peu ce qu'on essaie de faire. On n'y arrive pas toujours… Je crois qu'il faut s'étonner. Quoique pour moi, l'essentiel, c'est de continuer à s'amuser en travaillant. C'est peut-être aussi pour ça d'ailleurs qu'il y a un peu plus d'humour dans ce que je fais maintenant, notamment en travaillant avec Xavier Fourquemin, etc.

Sur Alban et sur une nouvelle série ?

Dieter : Oui, sur Alban et sur Outlaw, qui est une nouvelle série. J'ai vraiment envie de m'amuser parce que c'est plus gai à faire. Plus ça va et plus j'ai envie de ne pas m'emmerder. Ca devient presque un principe général, une philosophie de vie.

On parlait de "Vieux fou", il y a un instant. Tu parles d'humour aussi, c'est une belle transition. C'est l'humour, la parodie..

Dieter : Plus ça va et plus ça devient parodique, c'est vrai.

Ca aurait pu tenir dans un one-shot ?

Dieter : Oui, d'ailleurs, au départ, c'était un one-shot. Et puis, c'est vrai que ça aurait même pu être un récit dramatique au vu du contenu de l'histoire : le rapt d'un enfant, c'est ignoble, horrible.. On a pris le contrepoint et on a voulu dédramatiser la chose.. Et ce personnage de Vieux fou qui est quand même un peu "jetté" nous a poussé de plus en plus à faire dans la parodie. On se laisse carrément aller et on s'amuse beaucoup.

Avec évidemment le plaisir aussi de renouer avec les personnages anarchistes, gauchistes, poseurs de bombes…

Dieter : Oui, les vieux emmerdeurs…

Ca reste quand même une marque de fabrique chez vous deux.

Dieter : Oui, on a un peu de ce côté, pas tout à fait dans la norme.

Merci beaucoup.

Interview réalisée par Thierry Bellefroid
Dossier réalisé par Catherine Henry

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