BDP : Pour l'instant, tu t'attaches à Koda. Pas
d'autres projets en vue ?
O. Grenson : Non, ça ne fait
que commencer. C'est pour ça que le personnage n'est pas cerné.
C'est un univers que je ressens et que je peux transcrire graphiquement,
mais qui a toutes les possibilités d'ouverture et d'évolution.
BDP : Jean a déjà commencé le deuxième album
?
O.
Grenson : Oui, j'en suis déjà à la quinzième planche environ...
mais comme Jean travaille aussi avec d'autres dessinateurs, il doit se
partager. Normallement, moi je travaille d'abord tous mes crayonnés jusqu'à
la fin, et ensuite je travaille la mise au net, l'encrage.. J'aime avoir
une vision globale sur l'histoire.. et remodifier éventuellement les premières
pages, un personnage ou un décor.. Ca me laisse également un peu de temps
pour trouver des documents.. Ici, je tavaille un peu différemment, mais
ce n'est pas grave.
BDP
: Tes influences au niveau du dessin évoluent-elles également ?
O. Grenson : C'est clair que tout
évolue. Mon dessin évolue mais ne change pas du tout au tout. C'est
une personnalité qui se développe, qui se précise.
Mon style devient naturellement plus réaliste, mais je ne me pose
pas de questions formelles, je pense à l'univers, à la psychologie
des personnages, le style en découle. J'admire des dessinateurs
comme Juillard, Giardino, Gibrat, mais il y en a beaucoup d'autres. Mes
influences sont aussi plus picturales, Bilal, Breccia... Tout ce qui me
plaît pourrait m'influencer quelque part. Je me nourris autant de dessin
que de peinture, de cinéma; etc.. Ca forme un tout.
BDP : En dehors de Dufaux, il y a d'autres
scénaristes avec qui tu aimerais travailler ?
O.
Grenson : Oh, il y en avait d'autres. Par exemple, j'avais
commencé un essai avec Desberg avant de faire les Pendus de Manhattan..
J'avais fait tout un carnet de croquis. Ca se passait au XVIII ème siècle,
une époque très différente qui me plaisait beaucoup.. mais il y a quelque
chose qui ne marchait pas. Sinon, j'aurais bien aimé Corbeyran (Le chant
des Stryges, Lie-de-vin). On s'est déjà croisé à Angoulême et je pense
que c'est quelqu'un avec qui j'aimerais assez travailler.
BDP : Tu envisages un jour de réaliser
une BD en solo : dessin et scénario ?
O.
Grenson : Je ne sais pas. J'aime vraiment beaucoup le travail
d'équipe. Cela me permet entre autre de me consacrer entièrement
au dessin, de ne penser qu'à ça. J'ai déjà écrit quelques lignes seul.
Mais cela ne me tente pas trop. Je pense que cela va me prendre trop la
tête, que c'est quelque chose dont je n'arriverais pas à me détacher et
à laquelle je penserais non stop (faire évoluer le scénario, contruire
l'histoire). Une autre raison : suis-je vraiment capable d'écrire une
histoire qui soit bien contruite, originale..
BDP : Tu n'as jamais rencontré de frustration,
justement du au fait de devoir suivre le scénario d'un auteur, où toi,
tu aurais vu l'histoire évoluer autrement .. ?
O.
Grenson : J'aime assez l'idée de me reposer sur les épaules
de quelqu'un dont c'est vraiment le métier. C'est vrai qu'on est déjà
seul à travailler sur sa planche. Donc c'est un plaisir de partager une
histoire et des idées avec quelqu'un d'autre. En plus, du temps où j'écrivais
un peu pour le journal Tintin (où je faisais le scénario et le
dessin), il m'est arrivé d'imaginer certaines histoires. Mais dès que
je mets une histoire en scène, je vois plus la scène comme une séquence
de cinéma. Je ne visualisais plus la planche mais davantage le déroulement
narratif cinéma.. c'est bizarre mais je crois que je ne saurais pas travailler
un scénario BD.
BDP
: Avec tes premières influeunces pour Carland Cross, tu aurais aimé travaillé
sur un Blake et Mortimer ?
O. Grenson : Non.. même si c'est
probablement un jack-pot au niveau financier. Dans l'univers de Blake
et Mortimer, j'aimais beaucoup le tavail de Jacobs au niveau de son découpage,
la manière dont il installait une certaine lisibilité et symétrie dans
ses planches. Par contre, je n'accroche pas trop au côté "texte off".
Et puis cela ne m'intéresse pas trop de reprendre un personnage.
Ce qui est gai justement, c'est de créer un personnage.
BDP : A côté de la BD, tu enseignes, je pense
?
O.
Grenson : Oui, à l'ERG (Ecole en Recherche Graphique - Bruxelles)
: c'est une école pluridisciplinaire : on y trouve un champ graphique,
narratif, pratique artistique, et image. Moi, je donne un cours de dessin
dans le champ narratif (dessins, croquis, modèles vivants).
BDP : quelles sont les BD que tu aimes particulièrement
pour l'instant.
O. Grenson : La série du Chant des
Stryges, entre autre... Une des dernières BD que j'ai lues et que j'ai
beaucoup aimée, c'est Lie de vin. Je ne lis pas énormément de BD en fait.
J'avais également beaucoup aimé les deux albums de Juillard,
principalement le Cahier Bleu.

BDP : Merci beaucoup Olivier, pour cette interview,
et bonne continuation
Visitez également la superbe expo de
Grenson...
Images Copyright Olivier Grenson et Jean Dufaux
Copyright Editions du Lombard
Certains croquis et dessins repris dans cet article
sont actuellement exposés à la Librairie Galerie Ziggourat,
du 8 au 30 octobre, 34 rue Dejoncker à 1060 Bruxelles - tel/fax : + 32
2 538 40 37 (du mardi au samedi de 11h à 18h30)
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