Tintin : Contrôle de l'oeuvre ou abus de pouvoir ?


Les malheurs des Dupondt

Par Albert Algoud

écrivain - journaliste


Pour mener à bien certaines de leurs missions, les détectives Dupont et Dupond n'hésitèrent pas à se déguiser. C'est ainsi qu'il leur arriva de revêtir des habits chinois, arabes, grecs ou suisses.

Or, depuis quelques temps, il est un costume régional que d'aucuns, qui se croient des droits absolus sur les deux détectives, voudraient leir faire endosser bien malgré eux, celui de l'Arlésienne.

Oui, comme le démontre la publication sans cesse reportée d'un ouvrage à eux consacré "Le Dupondt sans peine", Dupont et Dupond sont désormais une bicéphale Arlésienne ardemment désirée, mais n'apparaissant jamais.

Troisième volet d'un triptyque comprenant déjà "Le Petit Haddock" et "Le Tournesol illustré", "Le Dupondt sans peine" était prévu pour l'automne 1995.

Fut ensuite envisagé le printemps 1996 : Pâques et la Trinité passèrent sans que rien ne paraisse. L'automne revint : toujours rien !!! Pas de Dupondt en vue.

Condamnés qu'ils sont à une bien cruelle hibernation. C'est sur le chapelet de Saint Glinglin que les mois et les semaines s'égrènent pour les amis Dupondt qui attendent en vain l'imprimatur du Saint Siège Bruxellois.

Un ayant-droits de fraîche date avance aujourd'hui qu'il ne m'a jamais "commandé" de livre sur les Dupondt. Comme si l'incontestable légitimité que lui confère son état civil requinqué (pour ceux qui ont un peu de mal à suivre, Albert Algoud parle ici de Nick Rodwell, l'actuel mari de la veuve d'Hergé qui gère la totalité de sa fortune et de l'oeuvre d'Hergé) pouvait l'autoriser à rabattre l'enthousiasme d'un malheureux auteur qui a malgré tout la naïveté de croire que ses petits bouquins valent aussi bien pour la gloire de Tintin et le renom des Dupondt que le commerce des cravates fantaisies ou le design de cartes bancaires pour le Japon (faites dans les ateliers de la fondation Moulinsart).

Le pourquoi de cette pénible situation, c'est une conversation à bâtons rompus avec les intéressés qui nous a permis de l'entrvoir.
Nous ne rapportons ici qu'un court extrait de cet entretien dont nous publierons l'intégralité en temps voulu :

ALGOUD : Les entraves qui sont faites - oh certes de façon très indirectes - à la publication de mon manuscrit s'apparentent que vous le vouliez ou non, à de la censure...
DUPONDT : Mais l'ascenseur, heu, pardon,... la sangsue, c'est l'interdiction en totalité ou en partie d'une publication. Et là, ce n'est pas le cas. Sapristi...
ALGOUD : Décidément, c'est à l'émeri que vous êtes bouchés !!! Je viens de vous dire que les entraves faites à mon manuscrit étaient indirectes, sournoises...
DUPONDT : Nous vous sommons de vous expliquer !
DUPONDT : Laissez-vous sommer ou nous vous assommons
ALGOUD : Publier un livre sur un auteur de bande dessinée ou sur des personnages imaginés par celui-ci, sans qu'il vous soit possible d'illustrer cet ouvrage avec des dessins de l'auteur en question, cela vous paraît-il concevable, honnêtement ?
DUPONDT : Mais nous n'avons pas l'intention de publier un tel livre !
ALGOUD : Je vous demande juste d'imaginer la situation...
DUPONDT : Voyons voir... contraindre quelqu'un à publier, sur un dessinateur ou ses créatures, un livre sans dessin... Voilà un bien noir dessein.
ALGOUD : C'est ce que je voulais dire, c'est comme faire courir une course en sac sans sac...
DUPONDT : Mais alors, la censure indirecte, c'est quoi ?
ALGOUD : Messieurs, vous arrivez de Bruxelles et je crois savoir que vous connaissez mieux que moi ceux qui l'exercent.
DUPONDT : Heu... laissez moi réfléchir...voyons, heu... ça ne consiste pas à avancer qu'on a été amené à "réexaminer" l'image de Tintin sur le marché ?
ALGOUD : Il y a de ça...
DUPONDT : "qu'on donne sa préférence aux créateurs qui privilégient la synergie entre publications, multimédias, promotion, exposition..."
ALGOUD : Vous commencez à comprendre !
DUPONDT : "qu'il faut attendre un moment plus opportun"
ALGOUD : Vous m'épatez...
DUPONDT : Ca consiste à dire qu'a été "récupérée" la gestion des droits de reproduction et... heu..."que de ce côté tout est bloqué".
ALGOUD : Bravo.
DUPONDT : Enfin, least but not last...heu last but least "qu'on ne vous a jamais commandé un tel livre" !
ALGOUD : Fantastique !! Dire que certains teinnent en peu d'estime vos facultés déductives et inductives.
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