Les 160 critiques de yvan sur Bd Paradisio...

Commençons par une bonne nouvelle pour ceux qui n’ont pas encore lu le premier tome: pour fêter leur dix ans d'existence, Les Editions Paquet, vous offrent les deux premiers albums de cette série (qui est sensée compter trois tomes au total) pour le prix de 12 euros. Dans le titre (bien trop long) de cette série d'heroïc fantasy, le loup symbolise le duc, l’agneau le pouvoir religieux et les chiens de guerre les mercenaires. Dans ce deuxième tome, on retrouve nos repris de justice en pleine mission, là où aucun humain n’ose s’aventurer, à la recherche de l’héritier du trône. Empoisonnés lors de leur dernier repas, ils n'ont que 60 jours devant eux pour ramener l’enfant, en échange de l'antidote. Cette aventure de fantasy s’inspire des "Sept Mercenaires", des "Douze Salopards", du "Seigneur des Anneaux" et des jeux de rôle en général au niveau du casting et de l’univers, mais également de l’empoisonnement dans "Les Borgia" d’Alexandre Dumas (dixit Hautière dans une interview). L’avantage de démarrer cette série sur des bases assez classiques au niveau de l’univers et des personnages (elfes, nains, hobbits) est de pouvoir plonger le lecteur directement dans l’action et l’aventure, sans perdre trop de temps avec la mise en place. Ce deuxième tome, toujours aussi riche en événements, continue cette aventure bien rythmée de manière toujours classique et légèrement prévisible jusqu’à l’arrivée de l’enfant. Les caractères et les relations de nos sept aventuriers bien typés se peaufinent pendant le voyage, mais l’arrivée de l’enfant va influencer l’équilibre fragile qui règne au sein de ce groupe hétéroclite et donner un peu plus de profondeur au récit. Côté graphisme, on sent Hardoc plus à l’aise dans les scènes en mouvement par rapport au premier tome, avec entre autre une poursuite des redoutables Knuds dans la neige qui fait penser au début d’un des films de James Bond (dont le titre m’échappe). La colorisation est toujours aussi lumineuse, mais peut-être un peu plus nuancée. Je suis curieux de voir la tournure que va prendre cette aventure à rebondissements et parsemée de touches d'humour dans le prochain (et dernier ?) tome et aussi d’apprendre enfin l’identité du traître parmi nos 7 mercenaires.
Honnêtement je n’avais pas trop envie de l’acheter cette bande dessinée. Le petit format, la couverture souple, les dessins enfantins, le titre et la couverture qui n’incitent pas vraiment à la lecture. Sans parler de la notoriété de la bande dessinée iranienne vis-à-vis de manga, comics et autres envahisseurs du neuvième art. Qu’une fatwa soit prononcée sur tous les imbéciles qui auront encore de tels préjugés sur cet album après la lecture de cet avis ! Commençons par l’auteur, Marjane Satrapi, née en 1969, qui a grandi à Téhéran et qui a eu un jour la bonne idée de venir à Paris. Elle y rencontre Christophe Blain et surtout David B. qui demandera à Marjane ce qu’elle attend pour produire le premier album de bandes dessinées iranien sur base de son histoire personnelle et qui fait d’ailleurs la préface de l’album. Un David B. que Marjane Satrapi remerciera lors de la réception de l'Alph-Art "Coup de coeur" d'Angoulême en 2001 et dont on sent clairement l’influence au niveau graphisme. Un graphisme minimaliste en noir et blanc qui sied parfaitement à ce récit autobiographique. Tout d’abord parce que la narratrice est une enfant de dix ans et qu’à cet âge là on voit souvent les choses en noir et blanc et que le dessin enfantin colle parfaitement à cette narration assez naïve. Ensuite, la révolution islamiste iranienne n’a vraiment pas grand-chose de réjouissant et n’a donc pas besoin d’être affiché en couleurs. Dans ce premier tome Marjane va relater le début de la révolution islamiste iranienne à travers son regard d’enfant. Elle va retracer une partie de son enfance et de l’histoire de sa famille, leur participation à la révolution qui aboutira à la fin du régime du Shah et les conséquences du nouveau régime de terreur, jusqu’au début de la guerre avec l’Irak. Au lieu de vivre ces événements à travers les médias, on va les vivre de l’intérieur, à travers le regard d’une enfant de 10 ans. Le récit touchant, honnête, intime, courageux, lucide et clairvoyant nous livre une image nouvelle de cette page capitale de l’histoire du Moyen-Orient. Quelques 60 pages non dépourvues d’humour, qui nous ouvrent les yeux sur un pays qui n’a pas fini de marquer l’histoire. Un récit limpide et plein de fraîcheur qui a bouleversé ma perception (médiatiquement influencé) de ce pays. Un sujet difficile, traité de façon admirable, pour un tome qui m’incite finalement à réfléchir sur les actualités du moment.
Le moment où je commence à apprécier une bande dessinée de Brunschwig, c’est quand je vois son nom apparaître sur la couverture. Le chien sur la magnifique couverture de cet album vous dira certainement qu’il s’agit là du réflexe de Pavlov, et il a probablement raison, car même si je ne sors pas en salivant de chez mon libraire quand j’achète un Brunschwig, j’en sors tout de même avec la certitude de passer un excellent moment au sommet du neuvième art. C’est donc dans cette perspective pavlovienne que j’ai entamé la première partie de ce diptyque et il ne m’aura fallu que 2-3 planches pour me laisser emporter par ce nouveau récit de chez Futuropolis. Un éditeur où les papys font apparemment de la résistance pour l’instant, car après «Les petits ruisseaux», c’est à nouveau le troisième âge qui prend les avant-postes dans cette histoire. Le papy en question s’appelle Sidoine Letignal et il a la mémoire dans les poches, car souffrant de troubles de la mémoire il doit user de copions pour rafraîchir ses souvenirs. C’est en se trimballant avec un nourrisson dans les bras au milieu d’une banlieue populaire, qu’il s’attire bien vite la suspicion du lecteur et des habitant. A l’aide de flash-backs habilement distillés il va tenter d’expliquer les événements qui l’ont conduit à se retrouver avec un enfant qui ne semble pas être le sien. A l’aide d’une narration exemplaire, cette chronique sociale va prendre de la profondeur au fil des pages. Notre vision des faits et des personnages va s’étoffer, tout en gardant une partie suffisante du mystère pour le deuxième tome. J’ai vraiment bien aimé le dessin d’ Etienne le Roux, un trait fin, des couleurs directes et des personnages expressifs. Le tout dans un album de 88 pages d’une qualité éditoriale (couverture, papier, etc) qui commence à devenir une image de marque chez Futuropolis. Bref, un scénario mené une nouvelle fois de main de maître par Luc Brunschwig et pourvu d’un dessin superbe, chez un éditeur qui commence à faire office de bijoutier au sein du neuvième art. Un éditeur qui me gâte en tant que fan de Brunschwig («Le Sourire du clown», «Après la guerre») et qui ferait bien d’offrir une bavette avec le prochain Brunschwig, car mon syndrome pavlovien devient de plus en plus aigu !
Voilà un one-shot qui figurera assurément dans mon top-10 de l’année ! Pourtant, à la base, la sexologie des vieux n’est pas le sujet qui m’interpelle le plus. Mais comme il s’agissait de Pascal Rabaté et que j’avais adoré son adaptation du roman de l’homonyme du célèbre Tolstoï ("Ibicus"), c’est d’un pas décidé que je me suis dirigé vers cet album en rentrant chez mon libraire. Par contre, au premier feuilletage j’ai carrément du demander confirmation à mon libraire qu’il s’agissait bien du même auteur, car le style est totalement différent. Alors que le dessin d’Ibicus est allongé, malsain, sombre et grisâtre, celui-ci est léger et la colorisation douce. Cette capacité à adapter son style au ton du récit est incroyable. Un dessin sensible parvenant à illustrer des scènes amoureuses entre vieux avec pudeur et justesse, tout en plongeant le lecteur dans un cadre campagnard plein de quiétude. Car Rabaté ne va pas seulement se contenter d’aborder le sujet original, délicat et tabou qu’est la sexualité du troisième âge, il va également nous livrer une chronique villageoise pleine d’humour. D’abord Rabaté va nous emmener dans le monde du troisième âge que l’on connaît, celui de la solitude et de l’enchaînement de petites tâches quotidiennes qui rythment la vie paisible et monotone des sexagénaires. Puis Rabaté va lentement nous ouvrir le jardin secret des vieux en abordant leurs désirs sexuels de façon intelligente et sensible et en alternant sérieux et humour. Plus que l’histoire touchante et le sujet original, c’est également l’authenticité du cadre et des personnages qui font la réussite de cet album. Il y a surtout Emile, qui à la mort de son ami Edmond va prendre conscience que sa vie n’est pas totalement derrière lui. On s’identifie totalement à Emile, Emile c’est nos parents, Emile c’est nous dans plusieurs années et Emile c’est surtout un type vachement attachant qui finit par nous enlever un peu de cette peur de vieillir, car si vieillir c’est devenir comme Emile, alors il y a de quoi être optimiste car la vie nous réservera encore assez de surprises juste avant de quitter cette planète. Mais il y a aussi cette ambiance de terroir légère et drôle, ce cadre campagnard avec ses personnages de comptoir qui respirent l’authenticité, l’harmonie et les rituels d’une petite communauté villageoise. Et finalement il y a Rabaté qui mélange le cadre, les personnages et son sujet pour nous produire un petit chef-d’œuvre. Il construit un pont entre cette période où le viagra était encore tabou et l’éventualité d’un monde où l’on trouvera normal de voir un septuagénaire feuilleter un magazine de cul un pétard à la main. Il nous livre un message d’espoir sur une vieillesse que l’on craignait sans avenir à la porte de la mort. Il nous livre une belle leçon de vie de 94 pages et un autre regard sur les vieux, un regard plein d’optimisme, de justesse, d’humour et de tendresse. Vive le troisième âge !
En jetant l'ancre du navire «La Marie-Caroline» à Fort Grégory, Bourgeon entre dans le vif du sujet en abordant l'esclavagisme et les négriers à la fin du 18ème siècle. Bourgeon parvient à décrire la dureté de cet abominable commerce d'êtres humains, enchaînés et marqués comme du bétail, dans un contexte historique. Graphiquement, on retrouve ce dessin détaillé, le respect des coutumes, des vêtements, des moeurs et des décors, avec les plans annotés du «Marie-Caroline» et du Fort Grégory en début d'album. Même les dernières phrases de ce tome, sans manquer d'humour, vont contribuer à l'authenticité de ce merveilleux voyage. Isa, Mary, Hoel et John se retrouvent dans des situations délicates et pleines de rebondissements, au milieu d'une aventure africaine mêlant amour, barbarie, sensualité, trahison et exotisme. Les nouveaux personnages sont à nouveau d'une authenticité surprenante, avec une mention spéciale pour l'abbé qui a su me séduire en même temps qu'Isa. Et si dans ce troisième tome, les trois principaux dirigeants du Fort ne se préoccupent que de leur richesse personnelle et de la séduction acharnée d'Isa et de Mary, la vraie richesse se trouve dans les planches et c'est surtout le lecteur qui s'en retrouve séduit. Même si le fond est révoltant, la narration est d'une justesse et d'une finesse incroyable et le dessin d'une beauté étonnante. Quand la barbarie est décrite par un poète et grand artiste d'une manière aussi grandiose et authentique, le lecteur se retrouve au milieu d'une série culte à grande valeur didactique.
J’ai eu le bonheur de lire un jour une oeuvre de Jirô Taniguchi et depuis, il y a quelque chose en moi qui me pousse à acheter ses autres oeuvres, parfois sans même savoir de quoi ça parle. Alors que pour d’autres auteurs je scrute d’abord les chroniques, les forums et les résumés afin d’être certain de mon achat, j’achète les oeuvres de Jirô Taniguchi les yeux fermés. Que Jirô Taniguchi parle de sa belle-mère ou de la cuisson d’un grain de riz, ça m’est égal, car je sais qu’il parviendra à le faire de façon magistrale. Bizarrement, Casterman, après avoir publié «Quartier Lointain» et «Le Journal de mon Père» dans le sens de lecture français dans leur collection ‘Ecritures’, publie «L’homme de la Toundra» du même auteur dans le sens de lecture japonais dans cette collection ‘Sakka’. L’homme de la Toundra est composé de six nouvelles, pour lesquelles Jirô Taniguchi c’est inspiré d’oeuvres littéraires existantes. Dans la première histoire Jirô Taniguchi rend d’ailleurs hommage au célèbre écrivain Jack London. Six histoires courtes dont la plupart vont confronter l’homme à la nature. 1. L’HOMME DE LA TOUNDRA : En 1897 dans le grand nord, deux chercheurs d’or, dont Jack London, vont chasser un gibier devenu rare afin de subvenir à leurs besoins. Surpris par le blizzard, ils devront leur salut à l’intervention d'un vieil indien Karnaato qui leur parlera d’un ancien mythe de son peuple. 2. LE GRAND OUEST BLANC : En Alaska, deux hommes et leurs six chiens de traîneau sont poursuivis jour et nuit par une meute de loups affamée. 3. NOS MONTAGNES : Au Japon dans les années 20, au sein d’un village ‘Matagi’ (chasseurs d’ours), un grand-père pleure son fils, mort dans les griffes d’un ours solitaire. Quand quelques années plus tard, le roi de la montagne refait surface, le vieux Gunpachi a une revanche à prendre sur le destin. 4. KAÏYOSE-JIMA, L’ILE OU ACCOSTENT LES COQUILLAGES : Le petit Takashi, dont les parents viennent de divorcer, se voit confié à son oncle pendant les vacances d’été. Loin de Tokyo il va lentement oublié sa tristesse et découvrir les plaisirs de ce petit village au bord de la mer. Lors d’une tempête, les courants marins vont le faire accoster sur la petite île de Kaïyosé-Jima en compagnie de Yae-Chan, une fille plus âgée. 5. LES APPARTEMENTS SHOKARO : Un jeune mangaka loue un appartement dans une ancienne maison de passe. Plus tard, les planches qu’il y a dessinées sont le seul souvenir palpable qu’il garde de cet endroit jadis détruit par un incendie. 6. RETOUR A LA MER : Un jeune chercheur suit une baleine à bosse, nommé Old Dick, depuis huit ans. Mais, au lieu de retourner vers le sud à l’approche de l’hiver, Old Dick se dirige vers le nord. Le chercheur va-t-il découvrir le mystérieux « cimetière des baleines » ? Dans les trois premières histoires, on retrouve cet affrontement entre la nature sauvage et les humains comme on a su l’apprécier dans le «Sommet des Dieux». Mais, plus qu’un dépassement de soi-même, ce sont plus des histoires de survie que Jirô Taniguchi va mettre en scène dans cette première moitié de l’album. La première histoire va opposer la quête avide de chercheurs d’or aux valeurs de la vie et de la nature, représentées par ce vieil indien Karnaato. La seconde va opposer des aventuriers à la nature sauvage dans une course poursuite palpitante entre la nature et sa proie. La troisième va opposer l’intelligence du roi de la montagne à la détermination et à la sagesse d’un vieux Matagi. La quatrième histoire est moins rude, même si la nature y joue un rôle conséquent. On y retrouve plus la sensibilité et le côté paisible et contemplatif de «Quartier Lointain» ou «Le Journal de mon Père». On retrouve également ce côté nostalgique dans la cinquième histoire, qui tranche fortement avec la trame du reste de cet album, car ce récit plus autobiographique va retracer les souvenirs d’un mangaka pour un endroit qui n’existe plus. La dernière histoire replace l’homme face à la grandeur de la nature et retrace une merveilleuse histoire de complicité entre un homme et une baleine, qui ferait jalouser Jacques Cousteau. Et que dire du dessin du maître mangaka qu’est Jirô Taniguchi ? Que ce soient les pleines glacées d’Alaska, les montagnes enneigées du grand nord, les petites îles paradisiaques ou les mers arctiques, … avec le graphisme de Jirô Taniguchi c’est comme si on y était. Lorsque Old Dick jaillit de l’eau pour effectuer une dernière vrille on a presque tendance à tendre les bras et à reculer la tête pour ne pas être éclaboussé (déjà qu’on s’était pris le blizzard en début de tome). Splendide ! Même si la cinquième histoire nuit un peu à l’homogénéité de l’album, Jirô Taniguchi nous livre ici une fabuleuse tranche de nature pure et sauvage. Une nature dans toute sa grandeur que Jirô Taniguchi incite à écouter et à respecter plutôt qu’à combattre. Quand la nature nous parle, c’est Jirô Taniguchi qui traduit !
Cet album nous ramène dans le fin fond du Québec des années 1920-30, dans la petite paroisse rurale de Notre-Dame-des-Lacs, habitée par quelques familles. En ouvrant cet album on va s’inviter au sein de cette petite communauté campagnarde québécoise au moment où elle vient de perdre Félix Ducharme, qui tenait le Magasin Général, la plaque tournante de ce petit village. Comme tout l’équilibre de cette communauté repose entièrement sur le curé et le Magasin Général, Marie, la veuve de Felix, sera vite rattrapée par le quotidien du village et n’aura donc pas vraiment le temps de faire le deuil de son mari. L’histoire, qui se ‘limite’ en fait à suivre le quotidien de cette communauté, est donc assez simple. Mais, cette simplicité du récit permet de mettre en avant le caractère des différents personnages, tous plus expressifs les uns que les autres. Il y a d’abord Marie, toujours prête à rendre service, qui est une ode au courage des femmes dans ces moments difficiles. Et puis il y a ce curé vraiment attachant et non dépourvu d’humour qui est pour l’instant mon favori avec le sympathique charpentier. Et comment passer à côté de ces trappeurs qui sortent des bois entourés de mouches comme les trolls de la série «Trolls de Troy» (faut-il également craindre pour le look d’un éventuel coffret de cette trilogie ?). Tous les personnages sont tellement remplis d’humanité et de générosité que l’on ne s’étonnerait d’ailleurs pas de voir apparaître Charles Ingals au coin d’un des champs. Et afin d’augmenter l’authenticité de ce petit village dans la prairie, les auteurs (avec l’aide du montréalais Jimmy Beaulieu) ont également opté pour une narration franco-québécoise compréhensible des deux côtés de l’Atlantique et riche en expressions locales savoureuses. Et que dire de ce dessin hybride Loisel – Tripp ? Régis Loisel («Peter Pan», «La quête de l’oiseau du temps») au crayonné des planches et Jean-Louis Tripp à l’encrage et à la finalisation des dessins. Une alchimie magnifique entre ces deux grands talents, qui nous reproduisent cette tranche de vie québécoise avec brio et nous livrent plusieurs planches muettes merveilleuses. Bref, même si pour l'instant le scénario est un peu léger, on s'attache aux personnages dans ce premier tome d’une cohérence graphique remarquable. On apprécie et on va presque jalouser ce bonheur, cette qu’étude, cette solidarité et cette tolérance qui animent cette microsociété harmonieuse dont la vie tourne autour du Magasin Général et de Marie. Quel contraste avec l’intolérance qui règne au sein d’une société articulée autour d’un petit écran ! Hostie ! Que le deuxième tome de ce triptyque paraisse vite !
Le local par yvan
Gipi est incontestablement une des révélations de 2005. Un auteur italien qui entre par la grande porte dans la BD franco-belge avec la traduction de quatre bijoux : "Baci dalla provincia", "Le local", "Extérieur Nuit" et "Notes pour une histoire de guerre", qui en janvier 2006 rafle le prix du meilleur album à Angoulême, ainsi que le prix René Gosciny. C’est donc un bon choix de la part de Joann Sfar d’avoir décidé d’intégrer cet album de Gipi (Gianni Pacinotti de son vrai nom) dans la nouvelle collection Bayou aux éditions Gallimard (dont Sfar est le directeur). L’histoire est tout à fait banale et raconte l’envie de quatre jeunes de faire du Rock’n’roll. Quatre jeunes qui veulent fuir la réalité de la vie en faisant de la musique. Afin de pouvoir réaliser leur passion il leur faut néanmoins un local. Un local qui sert autant à les isoler du monde extérieur, qu’à entretenir cette passion qu’ils ont pour le Rock. Tout comme dans "Notes pour une histoire de guerre", Gipi va s’introduire dans l’intimité d’adolescents qui sont en passe de passer à l’âge adulte et se cherchent, se rebellent, mais qui malgré leur insouciance finissent par payer leurs bêtises tout en se frayant un chemin dans la vie. Un nouveau récit très humain, qui divisé en cinq chansons (une par chapitre), fera vibrer plus d’un lecteur.
Alors que le premier tome se concentrait surtout sur le massacre de la famille de Péma Ling et de son traumatisme, ce deuxième tome va couvrir plusieurs années de la vie et de l’éducation de Péma Ling au sein du monastère tibétain. D’un côté cet album va donc continuer à s’immiscer dans l’intimité de Péma Ling, son apprentissage du Sengeï Ngaro (art de combat réservé aux moines) par maître Agnaï Tsang et l’enseignement de l’art de la médecine que lui donne le vieil amchi Yeshi Donden. D’un autre côté cet album va également prendre une dimension moins intimiste en abordant les relations houleuses entre l’armée chinoises et les tibétains dans un contexte politique plus large. D’un côté le mouvement des troupes chinoises sous le commandement de l’intendant Tseundup et de l’autre une petite fille qui doit contenir sa haine et sa vengeance dans un monastère essentiellement habité par des hommes. Deux combats menés de front à une échelle différente. Tant de haine et de violence qui menacent l’univers de paix et de sagesse qu’est le Tibet et ce monastère tibétain dans lequel nous plonge Georges Bess. Un album qui étudie le mode de vie des moines tibétains tout en rendant hommage à la philosophie bouddhiste. Un tome plein de sagesse au sein duquel bouillonne le destin d’une petite fille à l’aura incroyable. Une quasi vénération de la culture tibétaine de la part de Bess ("Le lama blanc") qui se retrouve dans une voix-off alimentée de paroles d’une sagesse prodigieuse et dans un graphisme aux paysages superbes et aux visages himalayens expressifs et merveilleux. Un bain de sagesse aux réflexions profondes, une incitation au voyage, mais surtout un pays et une petite fille qui s’apprêtent à affronter leurs destins respectifs.
Si à la base, je n’avais peut-être pas su apprécier le premier tome à sa juste valeur, le fait de relire les deux tomes de ce diptyque l’un après l’autre, m’a permis de voir la particularité et la force qui se cache derrière cette histoire à première vue fort banale. Ce deuxième tome va encore plus se concentrer sur le combat que mène Anton en dehors du ring, sur ses relations avec Mo, avec son père et surtout avec sa copine Anna. Car apparemment dans la boxe, les coups qui font le plus mal se distribuent surtout en dehors du ring et Anton va en prendre pour son argent. On passe de l’histoire classique d’un jeune de banlieue qui parvient à s’en sortir grâce à la boxe et celle d’un gosse qui malgré le succès recherche surtout la reconnaissance de son père, à l’introspection de quelqu’un dont le destin à basculé et qui afin d’arriver à la rédemption retourne à ses origines et aux vrais valeurs. Un tome qui, tout comme "Le sourire du Clown", va parler d’émeutes de banlieue, mais également d’amitié, d’amour et de relations familiales difficiles. Un tome qui peut faire penser à l’histoire de Mike Tyson et de son mentor Don King dont Baru fait d’ailleurs la caricature, mais un tome qui passe également outre la boxe pour analyser le procès à scandales d’un Anton brisé dans le box des accusés. Tout comme pour "L'autoroute du soleil" (prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 1996), Baru nous livre à nouveau une superbe histoire impressionnante de réalisme.
Aloysius Crumrin est certainement le personnage le plus intriguant dans l’univers de Courtney Crumrin et il n’est donc pas surprenant que Ted Naifeh s’attaque à la jeunesse d’Aloysius Crumrin dans ce hors-série. On va ainsi retrouver le jeune Aloysius, fraîchement engagé par le cabinet juridique d'Howard Crisp. Il se retrouve en concurrence directe avec la fille de l’éminent avocat, Alice Crisp, mais semble également s’intéresser aux activités secondaires de la famille Crisp : l'éradication des sorciers et de tout ce qui touche au surnaturel. Ted Naifeh nous plonge dans une intrigue bien gentillette tout en développant la psychologie d’un Aloysius Crumrin, qu’on retrouve déjà rempli d’une certaine amertume vis-à-vis de ses collèges sorciers. Et si on peut regretter ce scénario un peu léger, c’est surtout le vide laissé par l’absence de la petite Courtney qui semble difficile à combler dans ce tome. Le monde bourré d’imagination de la courageuse petite Courtney manque cruellement dans ce hors-série, qui de plus est très court et donc vite lu. Bref, un hors-série réservé aux fans de la série "Courtney Crumrin", qui prendront plaisir à retrouver l’oncle Aloysius Crumrin au début de sa ‘carrière’ au sein d’une petite enquête/intrigue facile, mais toujours servi par cet ambiance noir et blanc magique et par un humour qui fait mouche.
Depuis le film 'Danse avec les loups', tout le monde sait que Tatanka signifie bison en sioux. Mais Tantanka est aussi le nom d’une organisation d’activistes contre la vivisection qui suspecte l'armée de dissimuler l'apparition d'un nouveau virus foudroyant. Une organisation qui, dans ce deuxième tome, va être victime d’un coup monté afin de tenter d’étouffer cette histoire de virus. Côté scénario cela reste très proche d’un scénario d’épidémie classique, genre ‘Outbreak’ (‘Alerte’), même si l’on a l’impression que l’histoire pourrait virer vers le fantastique grâce aux mutations du virus. Ce deuxième tome développe beaucoup plus la psychologie des personnages principaux. Brian (journaliste au Chicago Tribune) qui commence à avoir honte de cette intrusion en tant qu’espion au sein du groupe et qui aimerait bien leur dévoiler la vérité. Les relations familiales entre Tyron et Geena sont également mises à jour. Mais, la chose qui se développe le plus dans ce deuxième tome, ce n’est pas le caractère des personnages, mais bien ce mystérieux virus qui semble lentement échapper au contrôle des autorités, tout en mutant vers des formes étranges. Joël Callède ("Comptine d'Halloween", "Dans la nuit" et "Enchaînés") dose habilement le suspens dans ce nouveaux thriller, plein d’action et qui devrait compter quatre tomes au total. Côté dessin (Gaël Séjourne), les personnages sont bien distincts et facilement reconnaissables, le cadrage quasi cinématographique et la mise en page très claire, ce qui rend l’album agréable à lire.
Premier des 15 tomes de "Après la guerre" qui, avec "L'idole dans la bombe", "Le monde de Lucie" et "Guerres Civiles", lance cette ‘Collection 32’ de Futuropolis. Une surprenante collection qui innove grâce à son format (souple non cartonné et de 32 pages), son rythme de parution (trois à quatre tomes par an) et son prix attractif. Au scénario, on retrouve Luc Brunschwig, le directeur de ce nouveau ‘label’, en personne, pour un thriller d’anticipation qui se déroule sur deux périodes différentes et avec Gordon Etchevaria comme personnage central. La première période se déroule en 2038 : trois vaisseaux extraterrestres devraient atteindre la Terre dans moins d’un an et, en attendant, toute la planète (dont Gordon Etchevaria) est mobilisée et décrétée en état de guerre. La deuxième période se déroule en 2040 : Gordon Etchevaria, devenu enquêteur privé, retrouve Julietta Rothman, la fille d’un client, morte noyée dans un bain alors qu’il y a pénurie d’eau. Que c’est-t-il passé pendant ces deux ans ? Seul ce diable de Brunschwig ("Le pouvoir des innocents", "L'esprit de Warren", "Le sourire du Clown", "Makabi", "Vauriens") le sait et il lui reste 14 tomes pour nous tenir en haleine : ça promet ! Le dessin de Martin et la colorisation de Froisard collent parfaitement à cet univers insalubre, sans espoir et rempli de misère. Les cadrages sont surprenant et l’univers sombre et apocalyptique. Excellent !
L’hérédité est parfois lourde à porter et en particulier pour Benjamin de Veyrac, qui après avoir appris le passé peu glorieux de ses ancêtres, se retrouve incarcéré par la juge Veron pour blanchiment d'argent au profit d'un riche trafiquant d'armes russe. Son cousin Nathan Steiner d'outre Atlantique et sa compagne Anissa Taniss en profitent pour prendre le contrôle du cabinet parisien discrédité Veyrac-Richemont. Heureusement, son ami et partenaire de longue date Martin Richemont mène sa propre petite enquête et garde précieusement un atout de taille ! Sur la lancée de l’excellent premier tome, Richard Malka, avocat de profession, nous livre à nouveau une plaidoirie classique bien huilée. Une saga familiale captivante, entremêlée d’une enquête historico-financière palpitante et d’un procès cohérent et fort médiatisé. On peu même y noter une légère touche d’humour avec la juge Veron qui dédicace son dernier livre juste avant le procès. Le tout épaulé par le dessin et le cadrage classique et efficace de l’octogénaire Paul Gillon. Un excellent thriller juridico-financier plein de rebondissements: traîtrises, machinations, ambition, amour et un troisième tome qui se fait déjà attendre.
Tout comme dans la série "Les maîtres de l'orge", ce premier tome de "L'ordre de Cicéron" nous plonge au sein d’une saga familiale à travers plusieurs générations. Mais au lieu d’opposer des brasseurs, Richard Malka opte ici pour un affrontement entre deux bureaux d’avocats, comme laisse présager le titre de cette série. Le conflit démarre en 2002 avec une tentative de rachat hostile du cabinet français Veyrac-Richemont par le cabinet d'avocats new-yorkais Steiner - Mac Rae. Un conflit qui trouve racine en 1938, lorsque deux jeunes avocats s’affrontent lors d’un procès qui déchaîne les passions sur fond de xénophobie. On se retrouve donc avec un scénario classique, mais bien ficelé, brillamment narré et très dense qui, grâce à son côté historique, économique et criminologique, fait bien plus que nous livrer d’excellents plaidoyers d’avocats. Jalousie, antisémitisme, rancoeurs, histoire d’amour, trahison, haine, ambition, rivalité à travers l’histoire ... et tout cela déjà dans un premier tome : ça promet ! Le dessin de Paul Gillon, qui approche les 80 ans, est assez classique et colle parfaitement à cette saga historique. Le tout sur un papier de qualité, brillant, lisse et donc anti-dédicaces !
Passée la surprise concernant le format et la frustration de ne pouvoir le feuilleter à l’avance à cause de l’emballage, finalement je me suis dit : « bah, pour 1,80 EURO je ne risque pas grand-chose », et j’ai acheté ce premier tome. On commence donc par lire la première page sous forme de journal de ce premier numéro des cinq numéros mensuels prévus. Des chroniques, reportages et articles dont on se demande bien à quoi ils servent au départ, mais dont on se rend lentement compte qu’ils nous plongent dans la bonne ambiance pour lire la suite : l’ambiance de Paris vers le milieu du siècle précédent. Passée cette mise en bouche, on se plonge dans l’histoire même : dans les premières planches du secret de l’étrangleur ! Dans le brouillard des petites ruelles parisiennes, Tardi nous entraîne dans ce polar adapté de Monsieur Cauchemar Pierre Siniac. C’est très prenant, l’ambiance est comme il faut, l’étrangleur sévit une première fois et le feuilleton est lancé. A la fin, Tardi interroge le lecteur concernant ce crime : pourquoi, comment et qui ? Et ça fonctionne, le lecteur à l’eau à la bouche. Il se pose des questions, cherche des réponses éventuelles, explore toutes les probabilités et possibilités (peut-être est-ce le colonel Moutarde dans la salle de bain avec le chandelier ?) … et le plus fort, c’est qu’il vient de payer 1,80 EURO pour une pre-pub d’un album qui sortira vers octobre 2006 (et qu’il achètera sans doute les quatre mensuels suivants) ! Bravo Casterman !
Pleine Lune par yvan
Un album que tous les fonctionnaires qui m’ont un jour emmerdé derrière leur guichet à la con devraient lire au lieu d’apprendre par cœur ces petits détails du règlement qui ont l’art de faire chier un client rarement roi. Grâce à Chabouté vous pouvez vous venger de tous ces fonctionnaires bornés, stupides, racistes, intransigeants et à cheval sur le règlement, particulièrement quand il leur est favorable. Un vrai moment de bonheur ! Cet excellent album commence de façon très réaliste avec des fonctionnaires qui ont une prolificité amplement digne de leur réputation et avec cette frustration de se retrouver devant une administration aussi lente et bornée qu’incompétente. Ensuite l’histoire bascule vers une aventure nocturne peu agréable d’Edouard Tolweck. Lentement mais sûrement, le sort va s’acharner sur ce fonctionnaire pour lequel on va presque finir par éprouver de la pitié, mais que finalement on aimerait bien achever tellement il reste con dans son malheur. Petit à petit la probabilité des événements que va vivre Edouard va diminuer, le récit va quasiment virer vers l’absurde pour magistralement retomber sur ses pattes en fin d’album. J’avais déjà su apprécier «Purgatoire» de Chabouté et avec cette nouvelle lecture plus qu’agréable l’envie de lire d’autres albums de Chabouté est devenue encore plus grande. Surtout que son dessin noir et blanc est encore mieux que son dessin en couleur dans «Purgatoire» et que ses autres albums que j’ai en ligne de mire sont également en noir et blanc.
En se basant sur les carnets de voyage de René Caillié, alias Abdallahi, Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx nous livrent une adaptation romancée du périple de cet homme qui a risqué sa vie afin de réaliser son rêve. Nous sommes au début du XIXème siècle, l’Europe a pris pied sur les côtes africaines et les différents pays européens se lancent à la conquête de l’intérieur des terres du continent noir. Au milieu de ces assauts militaires peu fructueux, un français débute un pèlerinage esseulé de 4500 kilomètres à pied en 2 ans, des côtes du Sénégal à Tanger, sans aucun soutien de la nation et en se faisant passer pour un Egyptien musulman. Cet album commence avec la naissance d’Abdallahi, le serviteur de Dieu. Fraîchement converti à l’Islam, René Caillié, Charentais fils de bagnard, va initialement surtout vouloir servir sa gloire personnelle en devenant le premier Européen à revenir vivant de Tombouctou, ville interdite aux Blancs. C’est une aventure périlleuse que l’on suit au sein d’un continent africain encore vierge de colonisation. Une aventure qui va confronter Abdallahi et le lecteur aux beautés non souillées de l’Afrique, une quête qui ouvre les yeux sur l’Islam, les coutumes de tribus locales et la colonisation meurtrière. Un choc de cultures dans un passé qui paraît bien lointain, mais qui résonne encore aujourd’hui tout en incitant le lecteur à la réflexion tout au long de ce voyage passionnant. Une première partie de ce diptyque biographique qui est de toute beauté, avec 88 pages peintes avec des couleurs directes. Des vignettes qui respirent l’atmosphère d’une Afrique poussiéreuse à la chaleur palpable. Une colorisation magnifique, brûlante et brillante. Des peintures dignes de peintres impressionnistes et que l’on aimerait bien accrocher à ses murs. Tout comme le «Photographe», on vit un magnifique voyage au milieu d’un continent, dont on prend plaisir à découvrir la culture et la religion sous un angle différent, sous l’angle de personnes qui ont repoussé leurs propres limites et nous ramènent la pureté, la richesse culturelle et la chaleur humaine des pays qu’ils ont croisés, mais qui nous ramènent également une réflexion qu’il est bon de tenir. Une compréhension de l’autre qu’il est toujours bon d’avoir et qui incite au respect, qu’il s’agisse d’une autre culture, d’une autre période, d’une autre religion ou d’une autre personne.
Il y a deux gros problèmes avec ce troisième tome ! Le premier, c’est que Dargaud l’a édité en deux versions différentes (dont une avec un DVD bonus sur Larcenet), ce qui d’emblée et dans le sillage d’une machine commerciale sans scrupules, confronte l’acheteur à un choix bien cruel. Le deuxième, c’est que, ayant donné la note maximale au tome précédent, je me vois confronté aux limites techniques de ce site et me retrouve donc dans l’incapacité de noter ce troisième tome qui se révèle être encore meilleur que les deux premiers. Quel plaisir de retrouver l’histoire de Marco, l’histoire de chacun d’entre nous, le combat quotidien contre soi-même, les angoisses et les espérances. Ces petites choses qui tracent notre vie, des choix et des décisions qui influent sur notre quotidien et qui au milieu des surprises que nous réserve la vie, nous balancent d’un sentiment à un autre. Des sentiments que Larcenet aborde de manière tellement intelligente, avec une justesse effrayante et un humour qui sait toujours nous faire sourire au milieu de moments bouleversants. Un tome qui boucle la boucle, de la naissance à la mort, de père en fils, de lassitude de la vie à l’envie de procréer, une introspection saisissante sur le début et la fin de la vie. Un Marco balancé entre l’incompréhension du suicide de son père et l’idée de paternité. Un Marco toujours incapable de prendre ses responsabilités, de faire ces choix qui font avancer une vie, poursuivi par l’hérédité, incapable de voir ces petites choses de la vie qui faisaient le quotidien et le carnet intime de son père, s’accrochant aux balises que lui tendent la vie, comme cet éditeur qui souhaite publier ses photos. Un Larcenet qui fait tourner la vie de Marco autour de quelques personnages, mais qui parvient tout de même à aller chercher l’infiniment petit au milieu de cet univers restreint ; ces petites choses infiniment précieuses et qui fleurissent notre existence. Un Larcenet qui comme d’habitude et dans toute sa simplicité parvient également à aborder des sujets graves comme la guerre d’Algérie ou la perte d’un père. Bref, une splendide tranche de vie, un cocktail d’efficacité et de simplicité, une introspection pleine de finesse, de tendresse et de charme pourvue de scènes hilarantes et qui aborde notre quotidien du début à la fin. Ce qui se fait de mieux en BD (en attendant la parution du quatrième et dernier tome)!
Le désespoir du singe, titre métaphorique d’une série prévue en quatre tomes et qui parle de sentiments dans un environnement à la politique instable. Un environnement que l’on a du mal à situer, une époque que l’on sent révolue, mais pas nécessairement passée. Une ville de pêcheurs dont la mer disparaît lentement, ainsi que l’espoir. Une ville où le pouvoir en place doit faire face à la rébellion et aux attentats des ‘francs-battants’. Un conflit qui offre un cadre politique à l’amour impossible entre deux personnes dont l’attirance inopinée contraste admirablement avec la haine et la violence qui les entoure. Un contraste qui se retrouve également dans le dessin d’Alfred qui use admirablement de différents tons pour les scènes de passions amoureuses, celles de foules en ébullition ou lors des apparitions de la milice représentée par des monstres noirs. Une romance impossible au sein d’une révolution qui gronde, de la poésie dans un monde de brutes. Très beau et assurément à suivre.
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