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Psikopat N° 122 (Mai 2001)
de Damien Perez

Le Psikopat dans sa mouture de mai - période propice aux partiels et autres examens universitaires - nous livre un dossier spécial étudiants concocté par Carali et son équipe et construit, comme d'habitude, sur une alliance bien dosée de textes et dessins ravageurs. Quelques morceaux choisis ? " dans leurs cafétérias [les étudiant] boivent du coca-cola, ils fument du haschich, des fois ils boivent du café, ça les réveille du haschich. Eh bien je vais te dire, s'ils buvaient du vin, comme des vrais hommes, ils auraient pas besoin de café pour les réveiller "(Delfeil de Ton). Vous l'aurez compris, ça part dans tout les sens, ça ne se prend pas au sérieux, on surfe sur la perception commune qu'a la société française de ses étudiants - " soirées de picole, […] relations sexuelles sans lendemains et […] militantisme d'extrême-gauche " - pour mettre le doigt sur quelques vrais problèmes comme le chômage au sortir des études. Ca sentirait pas un peu le vécu tout ça ?

Parmi les auteurs maison habituels (Ivars, Kamagurka, Coudray, Caritte) vous retrouverez Robert Crumb (Fritz the cat) et ses femmes aux jambes musclées. L'auteur emblématique de l'underground américain propose en six planches les errements de Projunior, une jeune chômeur idéaliste prêt à en découdre avec son destin et qui décide pour mieux démolir le système capitaliste de l'infiltrer par … le travail. Son travail de sape commencera (et s'achèvera) dans un magasin de chaussures où il enchaînera quelques péripéties assez navrantes pour un final dont la seule finalité devait être de permettre à l'auteur de se faire plaisir. On avait déjà lu mieux du côté de chez Crumb.

Du côté de Ray Sooth, on fait plutôt dans les "Angoisses triviales ". " La maison certifié du bon goût ", credo du dessinateur, enchaîne les mésaventures de quatre mecs aux prises avec les limites de leurs corps : qu'il est difficile de séduire quelques jeunes femmes invitées pour la soirée (et plus si affinités) lorsque l'on a envie de péter, de vomir, de roter, ou qu'une crotte de nez malvenue dépasse de votre appendice nasal… Ces héros du quotidien parviendront-ils à se maîtriser pour ne pas perdre la face ? On ne sait finalement que leur souhaiter.

Plus réjouissant car infiniment débile dans sa conception - débilité méritoire car pleinement assumée - Pixel vengeur nous entraîne à la suite de Dingo Jack, le dingo le plus débile du neuvième art, dans des aventures sans queue ni tête (Dingo Jack semble en effet ne posséder ni l'une ni l'autre) ou le pastiche et les clins d'œil bédéphiles cohabitent de manière agréable avec un non-sens raisonné qui semble être la marque de fabrique de l'auteur.

Bien plus terre à terre, " le fils préféré " (Sourdrille) visite à nouveau l'appartement crasseux d'un jeune oisif négligé chez qui sa mère débarque à l'improviste. Juste le temps de cacher quelques revues licencieuses et on laisse rentrer le fauve maternel dans la cage. La vie de ce jeune homme libéré ne sera plus jamais la même (oooh comme ça sent le vécu là aussi). Dans une veine moins destroy, Bouzard continue lui aussi à nous narrer les tribulations d'un jeune homme aux prises avec la vie, tout simplement, et qui cette fois découvre le bonheur de travailler à la Poste, même si la profession n'a pas que des avantages pour un anti-héros qui n'attend finalement rien d'autre de la vie qu'un confort sans peine.

Vécu à nouveau avec Carali, qui relate son festival d'Angoulême, ses files d'attentes, ses fans invétérés (je ne vous souhaite pas de vous reconnaître dans ces portraits au vitriol), les enfants qui vous demandent de dessiner des " scroumf ", les amateurs à peine éclairés, on en passe et des meilleures. Il s'en est passé au stand du Psikopat (si bien évidemment tout ce qu'on relate dans ses planches reflète l'exacte vérité : le coup de la dédicace mammaire et du chasseur, ça tombe un peu trop à point). Honte. Je n'avais même pas remarqué leur présence au festival. Carali, si vous me lisez : où étiez-vous caché ?

Psikopat - 43/73, rue de l'Evangile CP 91 - 75886 Paris Cedex 18 - France


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