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Pavillon Rouge N° 1 (Juin 2001)
de Damien Perez

Il est né le divin enfant, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ressemble à son papa. C’est bien simple : « Pavillon Rouge », dans le fond comme sur la forme, est à ce point estampillé Guy Delcourt Productions qu’on a finalement l’impression d’avoir entre les mains un magazine d’«Ultra », une très belle bible… pour aficionados. Et c’est là une véritable surprise. Car on peut légitimement s’interroger quant au positionnement de ce nouveau mensuel qui propose en guise de fer de lance trois « séries cultes » (« Finkel », « Garulfo », « Sillage ») qui ne raviront que les amateurs déjà convaincus. Difficile peut-être de séduire ainsi un nouveau lectorat. Difficile, par exemple, de pénétrer l’univers de Finkel (Gine et Convard) en démarrant au sixième tome, même si cet épisode initiateur d’un nouveau cycle tourne rapidement au flash back tout à fait commode. On est en tout cas très loin de la politique Soleil qui dans « Lanfeust Mag » panache – avec plus ou moins de bonheur parfois - grandes séries maison et jeunes auteurs en quête de reconnaissance. Ici l’élitisme – dans le sens bénéfique et qualitatif du terme – semble de rigueur : même les séries inconnues du bédéphile, « Mauvais Alien » et « Dinocop », sont réalisées par des auteurs confirmés, en l’occurrence Fred Blanchard, ce dont personne ne se plaindra.

Positionnement toujours, je m’interroge encore en découpant de mes doigts gourds les figurines « Sillage » offertes dans ce premier numéro. Le collectionneur bédéphile se laisse certes aller à quelques débordement fétichistes – votre serviteur y compris – mais sans doute pas au point de conserver religieusement ces petites figurines en carton tout à fait inutiles. Qui espérait–on donc séduire ? A moins d’être seul à ne pas m’être senti concerné par le cadeau, j’invite les lecteurs désireux de rentabiliser leur achat autrement que par une lecture par ailleurs tout à fait plaisante à faire de ces figurines un portique pour le berceau de leurs fils, filles, cousines, neveux frères sœurs etc etc. Effet garanti. Ma fille adore. Je vous fournirai les plans sur simple demande. Notez que les collectionneurs invétérés - et adultes – peuvent réaliser ce charmant objet à titre personnel. Et l’installer au-dessus de leur lit si le cœur leur en dit. Les célibataires se féliciteront de l’être resté. Car les mêmes fils, filles, cousines, neveux frères sœurs et autres conjoint(e)s n’apprécieront peut-être pas cette intrusion de la belle Navis dans la quiétude quotidienne. Guy Delcourt ne mesure sans doute pas à quel point ces innocentes figurines risquent de jeter le trouble dans les foyers.

Plus sérieusement, n’hésitez pas à déployer ce premier « Pavillon » qui renferme entre ses plis pas moins de 66 pages regorgeant d’illustrations inédites, d’interviews d’auteurs aux sensibilités aussi différentes que Claire Wendling (« Les lumières de l’Amalou ») Fred Duval (« Travis »), Corbeyran (« Le chant des Stryges ») ou Sfar (« Professeur Bell »). Ce dernier proposant une leçon de dessin tout à fait extraordinaire, pleine de cet humour charmant et décalé qui constitue la marque de fabrique de l’auteur. Les amateurs seront comblés. Et les autres seront séduits. Mais l’on ne saurait trop leur recommander, si par hasard ils ignoraient tout des séries prépubliées, de prendre la peine de les lire dans leur ensemble avant de les savourer par épisodes dans leurs derniers rebondissements. Ce serait se gâcher l’intégralité des trois œuvres concernées et passer à coté de pas mal d’émotions.

Pavillon Rouge - 54, rue d'Hauteville à 75010 Paris - France - Tel : + 33 1 56 03 92 40 - fax : + 33 1 56 03 92 30 - e-mail : pavillonrouge@editions-delcourt.fr


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