Les Editions Dargaud signalent à grand fracas le retour d’Ariane de Troïl, personnage central de «Plume aux vents» qui constitue la suite des «7 vies de l’Epervier». On ne s’étonnera donc pas de voir la belle aventurière en couverture de ce numéro de «La Lettre».

Un curieux article, illustré par des croquis signés André Juillard, vient appuyer la sortie de cet album-événement. Sous le couvert d’un pseudonyme, Patrick Cothias, scénariste de la série, y lance tout d’abord des critiques sur sa propre frénésie créatrice. Il faut en effet savoir que Cothias a tissé une toile assez complexe de séries autour des «7 vies de l’Epervier» qui a désorienté voire déçu plus d’un lecteur. Au départ de ce constat donc, le scénariste fait un bilan contrasté de son univers imaginaire, utilisant de gentilles méchancetés à son encontre, histoire de montrer avec une espèce de fausse humilité que finalement, son petit monde de papier est loin d’être parfait. Et puis, hop ! retournement de situation : Cothias prend le contre-pied, fournissant des explications sans queues ni têtes sur sa boulimie de création, comme s’il cherchait absolument à régler des comptes et à se justifier face à des commentaires critiques qui ont dû lui parvenir. Détail piquant : Cothias, derrière le pseudonyme de Léonard Langue-Agile, écrit tout cela en parlant de lui à la troisième personne de singulier, comme César et Alain Delon. Drôle de méthode, drôle d’attitude... Aaah, c’est du deuxième degré ! ? Soit, mais j’ai dû rater quelque chose parce que je ne trouve pas ça tellement drôle...

Les scénaristes sont décidément à la fête dans cette édition de « La Lettre ». La rédaction a organisé un face à face entre deux montres sacrés de la BD actuelle : Dufaux et Van Hamme. Allez savoir après lecture si ces deux-là s’apprécient... Ils parlent en tout cas beaucoup d’eux-mêmes et de leurs influences qui les ont poussés, l’un à explorer le Péplum («Murena», écrit par Dufaux) et l’autre à s’intéresser aux légendes de l’Ouest («Western», créé par Van Hamme). Il existe quand même un point commun entre les deux Jean : leur admiration pour Greg, disparu il y a peu.

On se réjouira en revanche de cet article écrit au sujet d’un des grands maîtres de la BD animalière : Raymond Macherot. Retiré, reclus dirons certain, dans un petit village non loin de Spa, ce dessinateur s’est fait oublier du grand public alors qu’il présente une carrière exemplaire. Son œuvre reste unique à ce jour : Macherot a fait évoluer ses petits personnages au sein d’un univers bucolique, dans des récits où se mêlent mystère, humour et aventure. Chaminou et le Khrompire, Chlorophylle, Sybilline sont autant de noms qui résonnent dans l’imaginaire de grands gosses nostalgiques. Il ne tient qu’à eux de faire découvrir ces BD remplies de charme à leurs enfants. Ca les changera des Pokemons !

Je ne pourrais conclure sans évoquer les quinze ans des Editions Delcourt. Son fondateur, Guy Delcourt, se livre longuement, évoquant son catalogue de plus en plus large et le lancement prochain d’un magazine. Pavillon Rouge, c’est ainsi qu’il sera baptisé, contiendra des séries prépubliées et du rédactionnel destiné à stimuler l’intérêt du lecteur en lui montrant les coulisses de la BD. On ne peut que lui souhaiter bon vent.