Le margouillat est un drôle d'oiseau qui fait son nid dans celui des autres. Un mensuel format grand quotidien qui lorgne tour à tour sur le journalisme politique, sur la publication littéraire, sur la chronique libertaire et… bien évidemment sur la bande dessinée. La publication réunionnaise n'en finit plus de se remettre en cause à chaque numéro. On sait où on entre, on ne sait jamais ce qu'il en ressortira, tant les sujets abordés sont variés et parfois surprenants. Outre cette belle constance dans l'inconstance, le Margouillat choisit de présenter tout d'un peu que de présenter un peu de tout. Dans quelle autre publication trouverez-vous deux pages entières , dans la plus pure tradition des articles de fond du Monde consacrées à " Donjon Potron-Minet " (Trondheim-Blain- Sfar) ? Il n'y en a à ma connaissance pas.

Certes tout cela est un peu bavard parfois, trèèès explicatif mais la réflexion engagée - à tous les sens du terme - sur l' "enterrement de première classe " de l'héroïc fantasy, dont semble emblématique la série susnommée mérite vraiment le détour. Appolo - l'auteur de ce dossier - cherche manifestement à inscrire dans une veine historique l'évolution présente du neuvième art, et c'est là une volonté tout à fait louable. Et très intelligente. Qu'on soit d'accord ou pas avec les arguments développés.

Les critiques d'albums étant elles-mêmes de haute tenue, tout comme les longues interviews de Guy Delcourt - à l'occasion du lancement du mensuel " pavillon rouge " - et de Li-An (" Le cycle de Tschaï ") - pour découvrir l'homme et ses références littéraires par delà l'auteur - l'ensemble justifie donc à mon sens l'acquisition -pour une somme par ailleurs modique ! - de cette nouvelle livraison du Margouillat toujours truffée de planches signées Téhem (Malika Secouss). Qui a dit qu'on ne bossait pas sous le soleil ?