Le magazine Ekllipse varie une fois encore ses centres d’intérêts et ratisse large dans ce numéro n°9. L’intention est sans doute de plaire à un lectorat hétéroclite mais aussi, peut-être, de faire œuvre utile en sensibilisant le lecteur à des genres qui lui sont étrangers.

Choisir l’auteur féminin japonais Yuu Watasee pour entamer ce numéro exprime certainement cette volonté de faire découvrir «autre chose» aux amateurs de BD. Si elle est connue et reconnue pour son travail au pays du Soleil levant, Watasee doit évoquer peu de chose chez nous, même aux amateurs de mangas. Il est donc temps de faire connaissance avec cette dessinatrice dont l’œuvre s’adresse principalement aux adolescentes. La Japonaise s’inspire d’anciennes légendes et dessine des contes destinés à faire rêver les jeunes filles d’aujourd’hui. Les épreuves, la quête initiatique, la bonne morale sans oublier les premiers émois amoureux : tout s’y trouve. Des récits oniriques qui offrent aux lectrices un miroir dans lequel elles peuvent se reconnaître.

Sans (aucune !) transition, comme dirait PPDA, Ekllipse nous propose une interview-découverte très sympa de Jean-Marie Maëster qui reçoit peu les faveurs des magazines spécialisés. Maëster, c’est une des chevilles ouvrières du magazine Fluide Glacial : «Athanagor Wurlitzer» (Obsédé sexuel), «Meurtres fatals» et l’inénarrable «Sœur Marie Thérèse des Batignolles» ont décroché bien des mâchoires. Le style parodique, le dessin particulièrement riche et soigné ainsi que l’humour grinçant et irrespectueux de Maëster ont contribué à ce succès mérité. Imprégné des «cultures» Gotlib et Franquin, Maëster ne pouvait publier ses premières planches ailleurs que chez Fluide. Son grand succès reste «Sœur Marie-Thérèse» qu’il dit avoir créé pour une histoire unique. Trouvant le personnage singulier, il s’est finalement décider à creuser un peu. «Son véritable intérêt, dit Maëster, c’est d’être une bonne sœur qui n’agisse pas dans le sens où on l’attend. Et si j’ai choisi une bonne sœur, c’est justement parce que je n’y connaissais rien ! » Mais par crainte d’être taxé de dessinateur anti-clérical, Maëster a préféré laisser sa nonne se reposer quelques temps au couvent. Sa période de pénitence semble toutefois s’achever car après 7 ans d’absence, la Sœur infernale revient dès novembre 2001.

Si Maëster n’a pas son pareil pour dessiner de jolies créatures, l’Américain Andy Park sait y faire, lui aussi. Voilà pourquoi, notamment, il a été choisi pour animer la nouvelle série de Tomb Raider avec la très pulpeuse et très médiatique Lara Croft. Mais Park insiste sur un point : s’il a voulu que Lara soit sexy, il ne désire pas pour autant transformer ses planches en cahier illustré pour playboy. Sexy mais pas vulgaire car Laura est un personnage féminin, pas une bimbo ! Au-delà des considérations physiques, les récits de Lara Croft, concoctés par le scénariste chevronné Dan Jurgens, offrent des possibilités infinies, selon Park : Lara Croft bouge, voyage, change d’époque, passe du polar à l’aventure et adopte le jet ski ou encore l’alpinisme. «Ca entretien l’intérêt dit Andy Park mais ça demande une foule de recherches. »

Enfin, les amateurs de Comics américain, ne manqueront pas de se pencher sur la suite de la passionnante série Comic addicted. Après un article consacré à DC Comics dans Ekllipse numéro 8, vient le tour de l’éternel concurrent : Marvel, son histoire, son ascension, ses héros et le grand Stan Lee…