La gratuité reste la gratuité, et Delcourt Planète, s’affranchissant des problèmes relatifs au passage à l’Euro continue à nous offrir de belle manière de somptueuses images tirées des parutions à venir ou déjà présentes sur les étals de votre libraire préféré. Au sommaire de ce numéro 18 la présentation de « Felix contre le nuage qui changeait tout », les aventures oniriques d’un petit garçon dont les rêves tout en couleurs et en créatures craquantes se voient un jour – ou plutôt une nuit – gâchées par l’intrusion d’un nuage noir tout droit venu du pays des cauchemars. Une belle série jeunesse, à n’en point douter, qui ravira petits et grands, avec aux commandes Fabrice Lebeault, redoutable architecte d’ « Horologiom », série qui témoigne assez de la rigueur et de l’imagination d’un auteur passé maître dans la construction d’univers dépaysants et structurés.

Enfance toujours avec « Basile Bonjour » (Tome 1 par Gwen de Bonneval ) ou les aventures de Basile confronté à l’école de la vie, Basile ou l’utilisation de la Bande dessinée pour « faire passer et retrouver des émotions liées à l’enfance, [des] émotions […] présentes chez tout le monde, toute la vie, même si on s’en rend plus ou moins compte. ». Un réel besoin d’écrire de la part de Gwen de Bonneval – son interview page 8 en témoigne - pour se retrouver et nous replonger dans l’enfance, avec ce qu’elle a de délicieux comme de cruel parfois.

Interview à nouveau, mais de Marc-Antoine Mathieu, qui en parallèle à ses nouvelles incursions dans le domaine de la couleur – lire Pavillon rouge – retrouve les ambiances en noir et blanc qui lui sont chères – lire Julius Corentin Acquefacques chez le même éditeur. Sa nouvelle production, « Le dessin » nous plonge dans une véritable mise en abyme où le lecteur suivra les aventures d’un personnage dessiné décryptant lui-même un dessin à la recherche du secret d’un ami décédé. Tout cela est profond, riches en implications secrètes et en non-dits que cet entretien permet d’aborder judicieusement. Mathieu est de ces auteurs créateur d’abîmes où l’on plonge toujours avec plaisir.

Avec les présentations de la nouvelle série d’Isabelle Dethan (« Tante Henriette », « le roi Cyclope ») , « Sur les terres d’Horus », qui n’est pas sans rappeler aux niveau de ces ambiances égyptiennes les odeurs chaudes et colorées d’une de ses précédentes séries, « La mémoire de sable » (qui s’en plaindra ?), le nouveau pavé made in Trondheim (Donjon, Monstrueux etc ), « Papa raconte », 1050 cases illustrées par José Parrondo qui nous narre la merveilleuse histoire improvisée par un père pour ses enfants, « Pitchi Poï » (Guth et Cagniat, souvent associés à Luc Brunschwig) très prometteuse série animalière et la reprise de « Gothic » (Marcelé et Rodolphe (Trent, Cliff Burton)), transfuge de l’éditeur Le téméraire et dont les deux premiers tomes intègrent la collection Conquistador des éditions Delcourt.