Une Lettre toujours plus étoffée mais s’ouvrant sur une bien triste note, en l’occurrence un hommage rendu à Morris dont les personnages habillent d'ailleurs chacune des pages de ce numéro 61 daté septembre-octobre. Curieuse sensation à la lecture de cette biographie – plutôt succincte - rédigée en l'honneur du père de Lucky Luke, puisque la disparition de cet auteur majeur intervient alors que le " poor lonesome cowboy " n'en finit plus d'être actuel grâce à la diffusion sur France 3 d'une nouvelle série animée résolument moderne et colorée.

Et puisque décidément les médias se mélangent, après l'incursion du neuvième art dans le dessin animé, la Lettre reçoit dans ses colonnes Bruno Solo (" La vérité si je mens ") à l'occasion d'une rencontre entre l'acteur et le vieux couple Duchâteau-Tibet (Ric Hochet, Chick Bill). « Rencontrer Tibet, c’était déjà réaliser un de mes rêves de gosse, Chick Bill est une des rares BD de mon enfance qui soit restée présente dans mes souvenirs d'adultes ». Le ton est donné. Solo navigue entre enthousiasme et nostalgie pour cet entretien très agréable à suivre et qui témoigne d’un (bon) goût certain en matière de bande dessinée même si ses références restent furieusement classiques. A noter également – et ce n’est pas la moindre des informations – que Solo aimerait incarner le professeur Mortimer au cinéma. Brunooo, nooon, c’était sympa ton article, sincère, et voilà que tu déconnes ! Comment ? C’était sérieux ?

Blake et Mortimer, justement, on en parle beaucoup dans ce numéro 61 - comme partout ailleurs, événement oblige - avec une interview de Ted Benoit relativement complémentaire du très large entretien accordé au Bo Doï de ce mois. Plus rare en interview, Xavier Dorison, « le Stephen King de la BD » - titre un rien pompeux heureusement contrebalancé par le teneur du propos. L’occasion pour ce scénariste inspiré aux commandes de séries aussi variées que " Le troisième testament " avec Alex Alice ou " Sanctuaire " avec Mathieu Lauffray pour ne citer qu'elles, de revenir sur un parcours déjà remarquable et d’évoquer de nombreux projets, en particulier au cinéma.

Avec une très intéressante – et sérieuse - étude scientifique de Valérian, ou comment la recherche tend à rendre réel ce qui Mézières et Christin avaient imaginé à partir de 1967 dans « Les mauvais rêves », un courrier de Daniel Bardet (Les chemins de Malefosse) à l’occasion de la sortie du « Maître de Pierre » (dessin de J.M. Stalner), une interview de Fabien Vehlmann (Green Manor, Samedi et Dimanche) dans le cadre de son intronisation dans la prestigieuse collection Signé du Lombard, pour « Des lendemains sans nuage » (avec Gazzotti et Meyer) et puis des infos en pagaille, à la brouette, des dizaines de brèves, des critiques, bref tout ce qu’il faut savoir pour orienter ses pas en librairie comme pour briller en société. J’exagère à peine. Ce numéro 61est à ce point indispensable qu’il offre même au lecteur mondain un florilège de citations de Roba…