L'accroche comme la couverture de Khimaira font de prime abord penser à une énième revue de fantasy bricolée entre deux parties de jeux de rôle et un "Chroniques de la lune noire" mais loin s'en faut. C'est aux lassés des routes poussiéreuses du quotidien que s'adresse le magazine de "l'imaginaire fantastique et féerique" qui se révèle être un savoureux brouet de productions intelligentes et variées. Au programme un dossier complet sur le mythe arthurien. Eh oui, encore. Sauf que chez Khimaira, on ne se laisse pas glisser sur la surface des choses. On approfondit. Le dossier Arthur sauce Khimaira, c'est un passage en revue des différentes origines du mythe, un zoom sur Lancelot, un autre sur Merlin, disséqué à travers ses différents avatars dessinés (par Lereculey, Hübsch ou Munuera pour ne citer qu'eux), une longue interview de Jean-Luc Istin dont les deux séries (« Merlin » et « Arthur Pendragon » chez Nucléa) enrichissent la légende originelle par les libertés inspirées qu'elles prennent, le tout enrichi d'une bibliographie complète, allant de Chrétien de Troyes jusqu'à Jean Markale, sans oublier une discographie complète de musiques d’ambiance.

Coté textes originaux on n'est pas en reste, avec quelques nouvelles et poésies de bonne tenue. La plus remarquable d'entre elles, "Litophanie" (par Léa Silhol) chasse en des terres médiévales connues, mais son histoire d'amour, grave et poignante, que l'auteur susurre d'un grattement de plume inspiré, dénote une belle sensibilité comme une véritable profondeur d'écriture. "La Machine à remonter le vent", si elle prend le parti inverse, - celui d'une douce folie dézinguée - n'en est pas moins rédigée avec une grâce aérienne qui vient prendre en un contre pied saisissant la fausse loufoquerie du propos. Moins convaincante la nouvelle « Stalag Z13.766 », peut-être à cause d'une chute par trop convenue et maladroitement annoncée dès le sommaire.

Et quand je vous aurai précisé que Khimaira, c'est également une foultitude de critiques BD , roman, ciné qui n'ont pas peur de mêler productions grand public et perles d'initiés et qu'en plus il jouit d'une présentation soignée qui s'étoffera d'ailleurs au prochain numéro, vous aurez compris qu'il s'agit là d'une petite entreprise hautement recommandable. A noter également que le magazine se complète très agréablement d'un site Internet (lefantastiquenet) plutôt bien ficelé. Du bon travail.