L'actualit� de la presse BD comment�e



Canal BD N° 21 (Novembre - Décembre 2001)
de Damien Perez

Vous êtes sur Canal BD, la bonne fréquence pour qui veut se tenir au fait des dernières sorties sur le florissant marché de la bande dessinée. Si l'on regrette parfois que les « critiques » d'albums soient systématiquement élogieuses - les libraires de l'ALBD ne vont quand même pas couper la planche sur laquelle ils reposent –Canal BD me semble avoir pris ce virage nécessaire vers plus de particularisme éditorial. Le problème de positionnement de Canal BD pouvait paraître épineux : comment construire une revue professionnelle et indépendante en évitant qu'elle ne passe pour ce qu'elle est : un inventaire d’albums à vendre, une plaquette publicitaire qui n'oserait dire son nom ?

La délocalisation des pratiques d'achats de livres habilement négociée par les grandes surfaces - qui n'a jamais acheté son XIII ou son Tintin en supermarché ? - a fini par contraindre les libraires à la seule solution raisonnable : pour ramener les brebis égarées autour des têtes de gondole, il fallait non seulement leur offrir les incontournables du moment mais surtout savoir revendiquer son identité de spécialiste en assurant la promotion d’œuvres plus confidentielles - qui ne seront pas diffusées en grande surface sauf si le succès venait à trop s'en mêler.

Pari gagné. Car Canal BD propose une sélection d’albums et d’entretiens qu'on ne trouve pas forcément ailleurs. En témoigne l’excellente interview de Dominique Dupuis, directeur de l’antenne France des « 400 coups », éditeur canadien - qui publie coup sur coup (jeux de mots facile) deux volumes des distrayants récits autobiographiques de Chester Brown (« Le Play Boy « et « Je ne t’ai jamais aimé »), interview où l’on apprend entre autres que certaines maisons d’éditions – l’Association pour ne pas la nommer - prennent systématiquement des options sur les droits d’adaptation en France d’œuvres étrangères. Oeuvres quelles n’adapteront jamais pour la plupart, mais qu’elles préfèrent se mettre de côté pour éviter probablement que la concurrence n’en profite, pratique que je pensais pour ma part réservée au cinéma. Instructif.

Sans tomber dans les excès de zèle de Bo Doï, Canal BD s’ouvre donc non pas à la polémique, mais à l’information, avec une liberté de ton laissée aux intervenants qui fera grincer des dents les intéressés. Quoique. L’Association, pour les citer encore, profitait bien dans le dernier numéro d’une large tribune consacrée à « Persepolis ». Et l’on ne pourra que s’en féliciter. Car cette pluralité-là prouve sans conteste qu’avant d’être des commerçants, la plupart des libraires de l’ALBD sont des passionnés et surtout pas de vagues intermédiaires du circuit du livre.

A noter également dans ce numéro une présentation de Lanfeust des Etoiles, l’annonce d’un coffret Pellerin contenant en plus du tome cinq de l’Epervier un inédit bourré de croquis et d’un tirage de tête du dernier David B « Lecture des ruines », de quoi vous donner des fourmis dans les jambes jusqu’à votre librairie favorite.

Canal BD - 1 ter, rue du Marché à 95880 Enghien-les-Bains - France


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