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Bo Doï N° 47 (Décembre 2001)
de Damien Perez

Il n'y a pas que l'érotisme italien pour avoir trouvé son maître en la personne de Milo Manara… Jean-Marc Vidal aussi. J'exagère mais le bouillant rédacteur en chef de Bo Doï a manifestement dû faire face à la mauvaise humeur du dessinateur du « Déclic » - dont le tome 4 vient de sortir chez Albin Michel - pour mener à bien son interview. L'objet du litige ? Manara s'est senti insulté en comprenant - à tort - que Vidal le réduisait au simple rang de dessinateur " de fesses et de zizis ". Il est pourtant évident que l'on apprécie plus Manara pour la qualité de sa réflexion sociologique que pour les rondeurs chaloupées de ses créatures… Plus sérieusement, on ne saurait nier que les héroïnes de Manara montent certains chevaux de bataille devenus récurrents et que l'auteur aime à les habiller du rôle de redresseusses de torts. Real TV, politique spectacle, mondialisation, religion. Autant de thèmes abordés dans l’œuvre de Manara et donc dans cet entretien grognon, au gré de réponses courtes et ronchonnes, heureusement plus développées parfois. Précisons d'ailleurs pour être tout à fait honnête que Manara avait annulé sa tournée promotionnelle en France " pour cause de forte fièvre ", ceci expliquant cela. Cette interview se complète d'un zoom sur la très étrange personnalité de Franco Valobra, journaliste et critique cinéma inclassable, un " gars […] vraiment laid à faire peur " selon Manara, mais toujours " entouré des plus jolies filles ", personnage-clé dans la vie et l’œuvre de Manara puisqu’il lui inspirera l'intrigue du « Déclic ».

On le sait, les personnages de bande dessinée sont éternels : Tintin, Lucky Luke, Corto Maltese, Blake et Mortimer ont survécus à leur auteurs et connaissent une seconde vie. Qu’il s’agisse de merchandising déraisonnable, d’adaptation en série animée, de reprise par des dessinateurs actuels, ces prolongements d’œuvres emblématiques sont généralement le fait de tractations entre ayant-droits et éditeurs. Un dessinateur a décidé de devancer le problème, et il ne s'agit pas des moindres, puisque Roba a décidé d'assurer la passation de " Boule et Bill "de son vivant, à un dessinateur bien connu des pages de Bo Doï, Laurent Verron (Odilon Verjus). L’occasion était trop belle de consacrer à Roba un dossier croquignolet et on ne s’en prive pas. Une nécrologie du vivant de l’auteur c’est quand même autre chose. Surtout quand il se charge de sa propre oraison funèbre. N’y voyez aucune ironie. Loin des gesticulations d’auteurs cherchant parfois à emporter leurs personnages avec eux, la démarche de Roba est raisonnée, raisonnable, humble et respectueuse du public. Avec en complément de cette position qui fera forcément jurisprudence celle diamétralement opposée mais également défendable de Pierre Christin, au sujet de l’avenir de Valérian, si son personnage devait lui survivre.

Coté prépublications, Swolfs n'en finit plus d'être incontournable. Outre le dernier tome de son " Prince de le Nuit ", il vient de sortir le troisième volume de " Vlad " (dessin de Griffo) et parachève son omniprésence actuelle par ce " James Healer " dessiné par Giulio De Vita, que l'on avait pu remarquer sur le deuxième tome du Décalogue (scénario de Giroud). Que dire de James Healer ? Qu'il est une sorte de routard médium, enfant abandonné dans des circonstances tragiques, élevé par une tribu indienne, un intuitif que l'on dépêche sur des affaires criminelles lorsque les méthodes d'investigation classiques ne donnent plus rien. Bon évidemment tout cela fleure bon le déjà lu. Le genre médium qui aide la police on connaît depuis le magistral " Dead Zone " de Stephen King et James Healer, longue silhouette diaphane au visage cerclé d'une cascade de cheveux blancs fait diablement penser au « Rork » d'Andréas, sorte de sorcier enquêteur du paranormal s'inscrivant toutefois dans une veine plus Lovecraftienne. Reste à savoir sans faire de procès prématuré à qui que ce soit, ce que ce duo nous réserve sur la durée en utilisant ce patchwork d’éléments déjà visités et plutôt codifiés. Mais bon, comme on dit c’est dans les vieilles casseroles ets etc

Avec la suite et fin d '" Anges" de Boiscommun et Dieter, la suite de " Bloodline " (Par Varanda, Valton et Ange), l'article Hergé du mois à l'occasion de la sortie de « Tintin, le rêve ou la réalité » par Michael Farr , les carnets de voyages de Loustal, les critiques d'album, les rubriques Comics et Manga, où l'on apprend que le personnage de " Cobra " - rappelez-vous, l'homme qui dissimule un rayon delta dans son bras amovible - serait inspiré de " notre Bébel national " et toutes les informations futiles ou indispensables qui vous rendent Bo Doï plus incontournable que jamais.

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