« Sapristi, quel journal ! » serait-on tenté de dire à la lecture de cette excellente publication, en plagiant le « mâtin ! » cher au journal Pilote. Car l’on n’y trouve que du goûtu dans Sapristi, et pour commencer la reprise d’une interview de Juanjo Guarnido y Juan Diaz Canales, parue sur bdparadisio à l’occasion du festival d’Angoulême 2001 et réalisée comme de juste par Thierry Bellefroid. Les amoureux de Paradisio et du papier glacé pourront donc avec plaisir goûter à la saveur inédite de l’ensemble.

Mais le véritable invité de Sapristi, celui pour lequel on pousse les meubles - au vu de son impressionnante galerie de personnages - c’est Michel Plessix. 23 pages d’entretien, de crayonnés, de croquis, d’inédits et d’interviews d’intimes de l’auteur de Julien Boisvert, voilà ce qui attendra le bédéphile averti, rien de moins. Bien sûr l’auteur malouin a cumulé les tribunes à l’occasion de la sortie du dernier Vent dans les saules, en particulier dans Pavillon rouge, mais Sapristi, malgré le noir et blanc de ses illustrations, il est vrai moins attrayant que les couleurs du magazine Delcourt, tire son épingle du jeu sur la durée de l’interview. On qualifiait généralement Michel Plessix d’auteur discret, méconnu finalement. Cela ne devrait plus être le cas pour les lecteurs de Sapristi.

Côté bande dessinée, on n’est pas en reste, puisque plusieurs piliers du magazine sont dessinateurs ou illustrateurs, parfois même les deux, tel Olivier Petit, directeur des Editions Petit à Petit, et qui régale donc le lecteur de plusieurs historiettes tirées d’excellents recueils thématiques comme « Chansons d’Edith Piaf eh bd » ou « Poèmes de Baudelaire en bd ». Et comme on n’oublie pas les collègues, l’équipe de Sapristi offre ouvre ses pages à Blaise Loisel, des Editions Granit, à qui l’on doit ex-libris et sérigraphies sympathiques, ainsi que quelques rééditions opportunes comme « Norbert Le lézard » ou « La java des Gaspards ». Et les autres maisons ne sont pas en reste avec une bordée de critiques d’albums de chez Treize étrange, Mosquito, Bamboo, Clair de Lune ou… Petit à Petit, que l’on ne trouve pas forcément ailleurs. Bref Sapristi, c’est du varié, très professionnel et passionné dans la démarche. Et qui porte furieusement bien son nom, non de non.