En ces périodes électorales la « Une » présidentielle de la Lettre – une habitude après chaque festival d’Angoulême – résonne d’une manière un rien particulière, et souligne comme il se doit l’attribution du Grand prix du Festival international de la Bande dessinée à François Schuiten. Malgré cette illustration conséquente et son accroche explicative, on imagine toutefois que la couverture de l’événement reste à faire, puisque outre une biographie, on n’apprend rien de neuf sur le troisième auteur belge – après Franquin et Jijé – récompensé par cet insigne honneur. Rendez-vous dans le numéro 65 sans doute, puisque le nouveau « Cités obscures » sera dans tous les bacs.

Le festival d’Angoulême constituant généralement l’occasion de faire le point sur la profession, la Lettre n’est pas en reste avec un dossier signé Vincent Henry, très inspiré du copieux pavé rédigé voilà quelques mois par Fabrice Piault pour « Livres Heddo », magazine professionnel que l’on fustigeait voici peu… dans la même Lettre (voir l’article). Ce condensé amélioré – puisque d’autres sources sont citées - reste toutefois nécessaire pour mesurer l’évolution en flèche d’un marché comptant 30 nouveautés par semaines, et se complète d’un zoom très intéressant sur la répartition des sommes générées par la vente d’albums… où l’on apprend que la création ne rémunère pas que les créateurs, et qu’ils sont peut-être même les moins bien lotis. Le problème, soulevé en son temps par David Chauvel dans sa « Carte blanche » n’incitera pas le scénariste énervé à se calmer, et personne ne s’en plaindra.

Un sujet qui n’énerve plus personne, finalement – pas même David Chauvel - c’est l’adaptation cinématographique d’Astérix, avec un second volet réalisé par Alain Chabat qui semble satisfaire petits et grands. L’occasion pour Patrick Gaumer de revenir sur un des grands succès de l’année avec un joli texte plutôt bien tourné et narrant la projection du film en avant première où le calme de Gaumer le disputait à la passion d’Alice, sa petite fille de six ans, fan d’Astérix. Périphérique et très sympa.

Enfance toujours avec une rétro de l’élève Ducobu (Zidrou et Fournier), pour une fois sur le devant de la scène, et très fier d’exposer son sempiternel bonnet d’âne, une présentation de la nouvelle série de Léo et Garcia, « Dexter London », une interview de Malik, dessinateur de la série « Cupidon », scénarisée par le prolifique Raoul Cauvin, ainsi qu’un large entretien croisé avec la paire Mythic-Jigounov, aux commandes du nouvel « Alpha ». Et puis bien sûr, et c’est ce qui fait la particularité de la « Lettre », quelques brouettes de petites infos indispensables, de brèves, d’instantanés, qui au-delà des dossier parfois purement promotionnels, justifient pleinement son appellation d’« officiel de la bande dessinée ».