Duel improbable en couverture de Bo Doï, où l’on retrouve face à face - mais dos à dos - le numéro XIII, l’amnésique à mèche, et Bruce J. Hawker, le corsaire à natte, réalisés spécialement en posture de duel anachronique pour le sémillant mensuel bédéphile, qui, plutôt satisfait de la chose, fait le paon de toutes ses pages à l’occasion d’un dossier spécial Vance.

Tous les ingrédients habituels, bien sûr, sont réunis : large interview, croquis inédits, indiscrétions diverses, pour le plus grand bonheur du lecteur, même si l’ensemble apparaît un rien biaisé, la seule finalité de l’exercice étant manifestement d’assurer la promotion du prochain Hawker, en retard de quelques siècles sur XIII, mais aussi de pas mal de milliers d’albums vendus. Persiflage me direz-vous ? Sans doute pas, désolé, mais quitte à assister à ce genre d’exercice de promotion masquée, autant que ça se fasse dans ces conditions, car diantre, quelle passion, quelle énergie dans les propos de William Vance !

Bruce Hawker – qui rappelons-le narre les aventures maritimes d’une glorieux sujet de sa majesté au XVIIème siècle –à beau souffrir de scénarios parfois paresseux*, le lecteur mord, invariablement, tant l’ambiance graphique de Vance est remarquable. Car l’homme est un incroyable mordu du détail, réalisant des maquettes de bateaux pour mieux en rendre la majesté, se documentant avec passion sur Internet, à la recherche de la drisse exacte, du bouton d’uniforme manquant… travail qu’il ne peut guère effectuer sur l’illustration des scénarios contemporains de Jean Van Hamme.

On mesure d’ailleurs à quel point le marin britannique est son véritable bébé lorsque le dessinateur évoque le dernier XIII, sur lequel il jette un regard plutôt distancié, même si le dernier opus, diablement mouvementé, lui a permis de laisser libre cours à son amour de l’action, des cascades, avec quelques entorses aux indications scéniques de son scénariste, qui ne découvrira d’ailleurs l’album qu’à son retour de voyage. Il faut dire que Vance, généralement peu prolixe, ne cache ici rien de ses aspirations créatrices, de son amour profond pour le dessin, ni de son impatience à en découdre avec le prochain Hawker – qu’il réalisera seul – et que tout cet enthousiasme fait plaisir à lire de la part d’un auteur dont le succès n’a pas érodé la passion.

Avec bien sûr toute l’actu - les cinquante ans du Marsupilami (eh oui déjà), une rencontre pour le moins inattendue entre Ptiluc et Ovidie, star pensante du porno qui emprunta son nom de scène à l’un des personnages de Pacush Blues, et une interview de Gébé (à l’occasion de la réédition de « Lettre aux survivants ». Et coté prépublication beaucoup beaucoup de choses également, un chouette panorama, avec le début de Vlad Tome 3 (Griffo et Swolfs), la suite des aventures physiques et plastiques du Gipsy (Marini et Smolderen) ainsi que celles de Blacjack Tome 3 par Steve Cuznor. De quoi être XIII heureux pas vrai ?

*A l’exception notable de Press Gang, rendons à Duchâteau ce qui lui appartient