Bo Doï pour ce numéro 52 rappelle la vieille garde. Rien que des vieux briscards du neuvième art, dont on ressuscite à tour de bras les excellentes productions, ce dont Jean-Marc Vidal s’amuse d’ailleurs dans son édito, qualifiant les Van Hamme, Dionnet, Gotlib et Hergé - principaux invités de cette mouture de mai - de « relève » de la bande dessinée !

Relève, oui, et pourquoi pas, en ce sens que les œuvres respectives des uns et des autres se relèvent de leurs cendres, plus flamboyantes que jamais… ce qui relève de la performance en ces temps d’opulence éditoriale. La bande dessinée semble devenir porteuse à tel point que quelques séries que l’on aurait religieusement rangées dans le rayonnage « grands anciens »de sa bédéthèque suscitent des initiatives tout à fait originales et parfois même inattendues. Jugez plutôt : « Tintin et le Temple du soleil » adapté en comédie musicale, « Exterminateur 17 » (par Dionnet et Bilal) ressuscité pour un album tout neuf auquel les Humanoïdes Associés donneront un prologue et une suite (plus de vingt ans après !) cette fois réalisée par un dessinateur russe, Igor Baranko, Superdupont, super hérault de la franchouillardise franco-française créé par Gotlib, dont on envisage l’adaptation au cinéma et Van Hamme enfin, qui nous livrant quelques clichés de son récent tour du monde annonce qu’il arrêtera XIII et Thorgal… dès 2006, ce qui vaut à Bo Doï une « Une » parfaitement accrocheuse et malhonnête (lire le coin supérieur droit de la couverture) et au lecteur une bonne rigolade devant de tels procédés racoleurs et parfaitement inutiles au vu de la qualité de l’entretien.

Car il me faut bien l’avouer : si je m’étais un brin interrogé à la suite de l’interview de Vance (Bo Doï N° 51) quant à l’utilité de poursuivre XIII, par exemple, qui me semblait plus relever de l’habitude que de la passion créatrice– rappelons que JVH parti pour son tour du monde n’avait même pas vu une seule planche du dernier album… que Vance semblait pressé de finir pour se jeter dans le dernier Bruce Hawker – la franchise du prolifique scénariste qui n’est dupe de rien, et surtout pas du succès, redonne comme une fraîcheur d’âme à ses diverses productions. A lire donc pour renouer avec un auteur qui, même si l’on souhaiterait parfois qu’il cesse de tirer en longueur ses intrigues, reste d’une lecture distrayante et essentielle.

Avec bien sûr beaucoup de BD inédite (52 pages dixit la couverture) : l’arrivée de « El Nino » (Boro et Perissin), la suite de Vlad (Griffo et Swolfs) et la fin de Gipsy (Marini et Smolderen) et de « Black Jack » (Cuzor)