Pas éhonté pour deux sous le slogan de Khimaira, qui reste bien, pas de doute là-dessus, la vitrine essentielle de « Tout l’imaginaire fantastique et féerique ». Au programme de ce numéro 14, un volumineux dossier « Horror made in USA », composé de son lot de papiers de qualité, qui tous s’attachent à démontrer l’incroyable influence des States en matière de littérature ou de cinéma fantastique. Au programme plus d’un vingtaine de biographies d’auteurs légendaires - de Hawthorne à Howard en passant par Lovecraft - plusieurs articles copieux et digestes consacrés à quelques individualités indispensables – Matheson, Dean Koontz ou Clive Barker – ainsi qu’une analyse de l’horreur dans le Comics.

Et parce que chez Khimaira on ne passe pas seulement son temps à lire, mais aussi à renforcer l’imaginaire par des productions maison parfaitement inédites, cette mouture d’avril comporte quelques nouvelles d’où surnage « Conscience » petit bout de drame réalisé par Sire Cédric, où la plume dépeint sans concession mais non sans sensibilité la vie d’un jeune garçon insatisfait, et dont la vie prend un virage radical lorsqu’il découvre que sa mère trompe son mari. Ce sera l’heure de la première véritable sensation : l’envie de tuer, simple, basique et évidente… sauf si le destin et l’imagination d’un nouvelliste inventif ne viennent à s’en mêler. Tout aussi imaginatif, Eric Albert, qui par « Encre noire » engage une réflexion drôle et dépoussiérée du mythe de Faust, où l’on assiste à la chute prévisible d’un écrivain raté offrant son âme au diable en échange d’un peu de succès.

Avec comme d’habitude une place de choix à la bande dessinée, avec beaucoup de critiques d’albums et une interview de Moreno (Le régulateur), autant d’articles réussis qui nous donnent envie d’un peu de couleurs parfois et d’illustrations de meilleure facture pour un magazine qui derrière une présentation somme toute artisanale, sans doute à hauteur du budget de fabrication, sait faire montre d’un sérieux, d’un professionnalisme et d’une passion exemplaires.