L'actualit� de la presse BD comment�e



DBD N° 14 (Mars 2002)
de Damien Perez

Belle opportunité pour le DBD que le sacre de François Schuiten, puisque ainsi la Rolls du mag d’interviews se pose en tribune officielle du nouveau président d’Angoulême. Même si un préambule discret vient rappeler qu’hors tout opportunisme éditorial, le projet était bouclé bien avant l’annonce de l’élection aux plus hautes instances bédéphiles de l’auteur des « Cités obscures ».

Schuiten fait assurément partie des figures incontournables du neuvième art, mais draine, on ne sait pourquoi, comme une dimension simple et autarcique, un brin inaccessible, à hauteur d’une œuvre à ce point riche et particulière qu’elle pourrait rebuter malgré un trait léger et parfaitement identifiable. Comme tous les créateurs d’univers forts et travaillés, Schuiten impressionne par son oeuvre, et pourrait donc décourager les plus jeunes ou les retardataires d’intégrer le convoi, et c’est donc une entreprise salutaire que de lui offrir cette large tribune permettant de tout connaître – ou presque – de l’auteur de «L'ombre d'un homme » ou de « L'enfant penchée ».

Des débuts à l’école de St Luc – « école de rigueur » - en compagnie de Sokal jusqu’à sa consécration, en passant par les incursion dans Métal Hurlant ou (A suivre), Schuiten donne beaucoup des clés de son monde graphique, livrant des influences puisées dans l’enfance souvent, avec plusieurs références à son père, architecte, « hanté par la peinture » mais qui considérait la BD comme un « art bâtard », et dont le dessinateur s’est inspiré pour quelques dialogues de « La fièvre d’Urbicande ». Les grand auteurs – Vernes (Jules pas Henri), Kafka, Bioy Casares, Mc Cay – ne sont jamais loin non plus, parce qu’il faut leur rendre hommage et ne jamais oublier, peut-être, à qui l’on doit d’avoir eu l’envie, un jour de cultiver son imaginaire propre.

Cet entretien, vous l’aurez compris, est donc très agréable à suivre, riche et concis à la fois, jamais migraineux et toujours accessible, tant Schuiten est un des rares auteurs habitués à profondément – et modestement – décortiquer son art pour ne pas se répéter. Certaines critiques formulés à propos de ses propres albums risquent même de faire bondir les fans ! Mais tout lui sera pardonné tant l’ensemble est bien ficelé, et grâce aussi – évidemment – à une belle tripotée d’illustrations pleine page inédites et magnifiques. Comme d’habitude.

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