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Bo Doï N° 53 (Juin 2002)
de Damien Perez

Un Bo Doï à la Une très ecclésiastique, autant qu'éclectique d'ailleurs, et dont le ton volontiers décalé impose le mensuel comme le lieu de culte obligé de tout bédéphile pratiquant. Et force est de constater que les papes et autres garants de le foi y son bien présents, aucun doute, puisque Jodorowsky, Boucq et Jean Dufaux, rien de moins, y montent en chaire.

Jodorowsky, en habitué qu'il est - il avait déjà régalé la sémillante publication d'une très belle interview lors de la sortie d' "Après l'Incal " - fonctionne en automatique avec sa gouaille habituelle. Gouaille qui n'empêche pas son ami Boucq d'en placer une et de relater lui aussi leur première rencontre commune en la Cathédrale d'Amiens, personnage à part entière de ce qui devait devenir " Face de Lune ", collaboration majeure du tandem. Oui oui " Face de Lune ", dont les fans attendent désespérément la suite… qui ne sortira que lorsque les problèmes avec Casterman - des ventes qui baissent d'après Boucq - seront résolus. En espérant que ce retour sur le lieu initiateur de cette belle saga donnera envie au duo de l'achever de belle manière.

Mais puisque par ailleurs l'activité éditoriale des deux auteurs est conséquente (sortie de " Bouncer " tome 2 et d'un manuel de psychanalyse, " La danse de la réalité " chez Albin Michel, pour Jodo seul) Jean-Marc Vidal aurait par ailleurs pu sans nul doute remplir ce numéro 53 de ce seul et très agréable entretien. Outre l'intérêt évident des lecteurs pour ces deux individualités fortes du neuvième art, on espérait évidemment une réponse de Boucq à la récente lettre ouverte d'Arleston*. Eh bien la dite réponse s'y trouve bien, gentiment mise en valeur dans son encart bleu. Boucq, comme on s'y attendait peut-être un brin, se retranche derrière des propos sortis de leur contexte, et Jodorowsky lui-même ne se prive pas d'en rajouter une couche !

Plutôt que de commenter ce débat devenu inutile maintenant qu'un juste problème a été soulevé - le reste ne concernant plus que Boucq, Jodorowsky et Arleston - notons que Bo Doï en cautionnant tacitement les propos des uns puis des autres, qu'il a accueillis à chaque fois avec bonne humeur et connivence, n'a curieusement pas pris parti sur le fond du problème, ce qui aurait pu être intéressant dans le cadre d'un dossier informatif et dépassionné. Dommage.

Et puis loin, très loin de cette polémique il y a Jean Dufaux, l'homme qui collectionne grands succès et bides retentissants avec un égal bonheur, comme seul peut en offrir la passion créatrice et la conscience d'être allé au bout de son idée. Derrière un titre en apparence ironique et léger - " Le vrai Dufaux "- se cache un entretien simple et riche, consistant, qui permettra de mieux cerner la démarche de l'auteur, et de mieux comprendre qu'il est un des rares scénaristes libres du métier, dont certaines œuvres mérites d'être redécouvertes. D'un point de vue personnel je pense au monumental " Voleurs d'empires " et au très inspiré " Grands écrivains " que l'auteur lui-même défend à juste titre.

Avec bien évidemment un tour d'horizon du monde de la bande dessinée, Manga, Comics, sorties d'albums et des prépublications, nombreuses, telles " Insiders " tome 1 (Garreta et Bartoll), " El nino " tome 1 (Boro et Perrissin) et " Vlad " Tome 3 (par Griffo et Swolfs)

* Lettre parue dans Bo Doï où le scénariste de Lanfeust reprochait à Boucq d'avoir qualifié durant le festival d'Angoulême les scénaristes de " moignons d'auteurs "

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