Du neuf dans la presse BD, avec cette refonte complète de " Vécu ". A la barre du magazine, qui pour l'occasion devient bimestriel, on retrouve Didier Convard, déjà en charge de nombreux scénarios mais aussi de la collection " Loge noire ", et dont l'importance dans le groupe Glénat se voit ici confortée. Concrètement l'équipe n'a gardé que le meilleur pour se débarrasser du superflu, avec quelques initiatives très intéressantes, et qui justifient pleinement cette fois la fameuse devise " L'histoire c'est aussi l'aventure". Car plutôt que de promouvoir à demi-mot toutes les séries Glénat en les habillant de petits rappels historiques et d'interviews fleuve, le magazine propose maintenant de véritables dossiers de fond, ici sur l'Afrique, appréhendée comme un " continent mémoire ". Bien sûr l’on y trouve pas mal d’extensions à visées promotionnelles vers des séries récentes (comme « Les corruptibles », par Brezault et Pendanx), mais ce sont principalement de vieilles illustrations de presse ainsi que les vénérables Akim ou Zembla qui viennent enluminer une réflexion historique plutôt pointue, où la part belle est faite à des spécialistes de tous horizons.

Autre innovation notable, une très nette volonté de rapprocher deux médias souvent jugés complémentaires, la bande dessinée et le cinéma, avec une présentation, dans le cadre du dossier précédemment cité, du cinéma africain, bien sûr, mais aussi d'un long-métrage méconnu de Pasolini.

Moins novateur, le choix de l'invité-surprise, François Bourgeon, déjà très largement interviewé par Bo Doï voilà peu, et dont on devine que les récentes démêlées avec Casterman favoriseront son rapprochement avec Jacques Glénat… avec lequel il était pourtant en brouille depuis quelques années, pour les raisons que l’on sait. Bref une légère impression de redite. Et puis une couverture qui pour inédite qu'elle soit n'est pas très accrocheuse. Second petit bémol, mais que la nouvelle périodicité du magazine devrait rapidement effacer, une série de « brèves » en guise de préambule, et qui tombent comme autant de scoops crevés, avec en point culminant l'annonce du calendrier " Hot " de chez Delcourt. Mais ne boudons pas notre plaisir. Avec cette nouvelle ligne éditoriale, Vécu fait montre d’une capacité de positionnement intelligente. Les séries Glénat y ont toujours la part belle, mais les dossiers périphériques sont assez costauds pour offrir une nouvelle dimension au titre. Entre Vécu ancienne mouture, Bo Doï académique, Historia coloré et Géo dessiné, la formule fonctionne au millimètre. Preuve que la presse BD n'est décidément pas moribonde.