L'actualit� de la presse BD comment�e



Bo Doï N° 59 (Janvier 2003)
de Damien Perez

Un Bo Doï à la thématique sourde et finalement imposée par l’actualité, puisqu’il n’est question dans ce numéro que des démêlées des auteurs et des éditeurs. Démarrons par Bill Watterson, dont le dernier Calvin et Hobbes en VF arrive dans les bacs, l’occasion d’un article signé Francis Bellefonds qui rappelle fort justement à quel point le dessinateur a été dépossédé de ses droits par une major de l’édition, avant de les récupérer… pour depuis se cantonner au mutisme créatif. Vient ensuite Philippe Biermé, collaborateur intime de Jacobs, mémoire du maître et gestionnaire de son oeuvre, dont on appréciera la prose destructrice lorsqu’il relate les amabilités, tours de cochons, intrigues de prétoires et autres salissures par voie de presse à l’occasion du « partage » et de la pérennité de l’héritage graphique du créateur de Blake et Mortimer, disparu sans héritiers. Curieusement Philippe Biermé termine cet entretien sur sa nette volonté de favoriser un rapprochement entre ses intérêts et ceux des éditions Dargaud. Ce qui, après ce qu’il balance sur les dites éditions, relève de l’inconscience ou plus probablement de la conviction que les optiques commerciales convergentes peuvent favoriser la mansuétude. Au fait, et le lecteur dans tout ça ? Et puis le grand retour d’Hugues Dayez, ou plus précisément Thomas, son fils, qui dans une discrète tribune, remercie les éditions Moulinsart de proposer « un boîte à biscuit Tintin au supermarché de ma rue, des petits Dupondt en plastique […] et même [des] cahiers Tintin avec des autocollants qu’on peut recoller souvent sans que ça s’abîme… ». L’ironie à ce point là semble tranchante comme un rasoir mais dépote comme une tronçonneuse. Hugues Dayez a encore frappé. Avec panache et poésie. A tel point que l’on s’étonne que la rédaction de Bo Doï se montre si discrète lorsqu’elle accueille un journaliste qui semble-t-il a fait récemment l’effet d’une certaine censure.

Bande dessinée et gros sous toujours, avec une initiative louable, parrainée par Bo Doï et les centres Leclerc. Intitulée « Décoincer la bulle®», l’opération vise à promouvoir quelques albums cuvée 2002 et présentés comme des espoirs du neuvième art *. Aux rangs du jury, rien que la crème : Arleston, Christin, Yann, Van Hamme, Dufaux… et vous, pour peux que vous appeliez le numéro mentionné, pour la modique somme de 0,38 euros la minute. Après vérification, le numéro est celui d’un répondeur regroupant plusieurs autres concours, et qui bien sûr se révèle extrêmement bavard. Bref tout cela sent un chouia la ponction facile, et malgré cette initiative intéressante d’un Angoulême bis qui n’ose dire son nom, cette modalité de vote « staracademiste » constitue une regrettable fausse note. A suivre.

* en considérant qu’il ne s’agit ici que des dessinateurs : Roudier pour « Vohouna », Duhamel pour « Kochka » et Steph pour « Ultima parano ». par Duhamel

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