« Pavillon Rouge » chapitre Vingtième. Où la collection « Que sais-je ? » se découvre un redoutable concurrent dans l’art de la vulgarisation thématique… en la personne d’un mensuel de bande dessinée. En effet, tout comme aurait pu le faire la célèbre collection des Presses Universitaires de France, le magazine des éditions Delcourt s’attache donc à clarifier l’utilisation d’un terme dévoyé, ici la Fantasy, disséquée, analysée, sous la plume experte d’André-François Ruaud, libraire et romancier, mais surtout expert en la matière. Et le pauvre lecteur de découvrir non sans effroi que si « Conan le Barbare » constitue bien l’exemple parfait d’aventures d’Heroïc Fantasy, le « Seigneur des Anneaux » lorgnera plutôt du côté de la High Fantasy et « Bernard et Bianca » de l’Animal Fantasy… Bref tout un étalage de ramifications parfois puristes en perpétuelle évolution, dont la plus récente, l’Urban fantasy (genre « Rapaces »), ne sera sans doute pas la dernière. A trop codifier des courants littéraires jugés trop jeunes par les médias établis pour êtres vraiment reconnus, les rendra-t-on pour autant « respectables » ? Quoi qu’il en soit ce pense-bête de la Fantasy aura dorénavant le mérite d’exister. Et gros avantage sur la collection « Que sais-je ? » malgré ses adaptations récentes à l’image, ce dossier Fantasy est richement illustré, par des artistes aussi divers que Segur, Tarquin, Caza, Gotting ou Rossi, bref pas mal d’auteurs hors écurie Delcourt dont la participation à ce dossier prouve peut-être à quel point la Fantasy peut être fédératrice.

A noter dans ce numéro daté Février l’adaptation dessinée de « Nicolas Eymerich inquisiteur », best seller SF signé Evangelisti, dont le principal ressort, le paradoxe temporel, permet d’inscrire le propos dans trois espaces-temps distincts : médiéval, contemporain et futuriste, avec quelques planches signées David Sala qui rappelleront parfois De Crecy dans les gros plans rigolards ou Gimenez dans les compositions spatiales double-page. Le scénario signé Zentner (loin d’être un manchot dans sa branche) couplé à un roman de belle facture devrait nous offrir quelques jolis moments de lecture. On en redemande.

Avec bien sûr beaucoup de (bonne) bande dessinée - La Mandiguerre, Les âmes d’Hélios – une carte blanche bavarde à Gabriel Delmas, théoricien inattendu du neuvième art, des chroniques BD et romans, bref de quoi patienter au chaud jusqu’au numéro 21.