Un Pavillon Rouge estampillé BD et spiritualité… d’après la couverture tout du moins, car passée la superbe illustration de David Sala, le lecteur aiguisé se rendra compte qu’il s’agit tout bonnement d’un spécial Michel Dufranne, puisque le rédacteur en chef du mensuel s’offre l’édito jusque là réservé à Guy Delcourt, mais aussi la Carte blanche de David Chauvel, dont il est l’invité. Pour ceux qui connaissent l’exercice, sa finalité est connue : il n’en existe pas, mis à part, bien évidemment, celle d’offrir « un moment de connerie pure ». Morceau choisi : David Chauvel : « Je me suis laissé dire que pour choisir les prépublications, vous balanciez les dossiers dans l’escalier, et choisissiez les trois séries tombées le plus bas ! Tu confirmes ? » Réponse de Michel Dufranne : « Je ne peux qu’infirmer. Les choix sont méticuleusement étudiés grâce à des complexes formules de kabbale. Si la valeur gématrique des noms des auteurs et du titre de l’album égale 999, la série gagne sa place parmi les prépublications. Si, de surcroît, la valeur des noms des auteurs représente, à elle seule, 666, nous sacrifions une prépublication (cf ce numéro-ci) sur l’autel des loisirs de qualité ». Bref bonne humeur au rendez-vous avec cet espace de vulgarisation décalée du métier de patron de presse, finalement très complémentaire à la leçon de dessin habituelle de Benoît Springer !

Bien sûr, Pavillon Rouge, ça n’est pas le mensuel du comité d’entreprise Delcourt, et que le lecteur se rassure, outre les jokes de la rédaction, on a bossé dur. Pour preuve quelques dossiers costauds, qui offrent ce mois-ci encore un contenu de qualité, avec donc le dossier spiritualité précédemment mentionné, mais aussi une présentation originale des « Cercles d’Akamoth », rédigée par les auteurs, un Atelier spécial « Ce qui est à nous » avec Chauvel à la barre, et bien sûr foultitude de prépublications, dont « Nicolas Eymerich », ainsi que trois récits courts, complémentaires aux séries « Ce qui est à nous », « Sillage » et « Travis ». De quoi tenir sans peine jusqu’au numéro 22, non ?