La formule est efficace mais il convient de rendre à Khimaira ce qui lui appartient. Pas question ici d’accuser qui que ce soit de plagiat, bien sûr. Simplement le dossier de Pavillon Rouge, où l’on éclaire la "Terreur" à la lumière de BD, romans et films incontournables, n'est pas sans évoquer la formule Khimaira, même si ce dernier reste beaucoup plus fouillé dans ses analyses… et moins soumis à la chape de l’actualité.

Avouons-le, ce qui agace c’est la sempiternelle impression d’ouvrir Pavillon Rouge comme un gros dépliant publicitaire, puisque la thématique du mois renvoie directement à la nouvelle collection " Insomnie " des éditions Delcourt… Bref peu d’originalité dans le choix du rédactionnel, pas mal de complaisance aussi, même si ce dossier « Terreur » comporte ses qualités. Au premier plan de celles-ci, quelques belles pistes de lecture, choisies par les auteurs maisons, qui constituent autant d’occasion de se faire peur que de mieux comprendre leurs univers respectifs grâce aux ouvrages qui les ont conditionnés. Ce qui reste toutefois un chouia maigre, chacun en conviendra.

Car on souhaiterait un peu plus d’ouverture d’esprit vers d’autres productions, hors les critiques BD, qui restent un passage obligé de tout grand magazine consacré au neuvième art. Tout ici semble motivé par la simple et copieuse actualité Delcourt, avec plus ou moins de finesse d’ailleurs. Un exemple parmi d'autres ? L'article consacré à Guillaume Sorel, et plus particulièrement à ses activités d’illustrateur, ce qui permettra d’introduire doucement la sortie du second tome d’Algernon Woodcock.

Bref, on l'aura compris, ce qui fait la valeur de Pavillon Rouge constitue aussi son principal handicap : à trop profiter des inédits de son éditeur, on a parfois l'impression d'une impartialité éditoriale perdue, et d'une équipe qui assure régulièrement la promotion outrancière d'albums dispensables, juste parce que les lois du marché l'imposent. Difficile bien sûr de faire entendre sa voix lorsque l’Editeur tient les cordons de la bourse. Espérons que cela soit possible, et que Pavillon Rouge, plus que de professionnalisme, soit capable de faire preuve d’inventivité. Et de culot.