Lanfeust mag n° 27 prend des faux airs de Zoo improbable en ponctuant ses pages de novembre de quelques rencontres avec plusieurs bébêtes pas forcément amicales.

Une sardine-Garou, par exemple, que l'on hésiterait forcément à mettre en boite au vu de son caractère manifestement féroce, aux prises avec Sir Pyle (Morvan, Munuera), notre" mythecin " de profession, soigneur de créatures magiques depuis pas moins de trente siècles. Une histoire où le non-sens est roi et les références à des mythes constitutifs de nos civilisations multiples et savoureux. Sans doute une belle récréation pour les auteurs. Et pour nous aussi.

On pourra croiser également un Troll géant dont Lanfeust de Troy (Arleston, Tarquin, prépublication du tome 8 de la série, " La bête fabuleuse ") pourrait avoir du mal à se débarrasser sans une connaissance parfaite des points faibles de cette race dont le troll Hébus n'es pas le moindre des représentants. Point faible dont on pourrait presque deviner la localisation eu égard au goût prononcé des auteurs pour certaines parties charnues de l'anatomie…

Les Gobals, sortes de vampires géants qui attaquent Marlysa (Gaudin-Danard) et ses compagnons ne donneront certes pas l'envie d'en adopter un. Marlysa , la belle héroïne masquée continue sa quête vers ses propres origines. La découverte de statues géantes à son effigie la renseignera encore un peu plus sur elle-même. Un scénario qui distille les révélations et vous noie de rebondissements. Une rondeur de trait bien agréable. Une série tout à fait plaisante à suivre.

Seule note de finesse dans ce bestiaire sanguinaire, la licorne bleue du tome 3 du "Chant d'Excalibur ". Arleston et Hübsch poursuivent leur visite déjantée du cycle arthurien. Merlin, ce " vieux bouc aviné " a été enlevé par le malfaisant évêque Mordred. La jeune Gwynned, descendante de Galahad, dont la mission avouée est de bouter la chrétienté hors d'Irlande se jette à son secours armée de la légendaire Excalibur. Ca va saigner sous les hauberts.

Loin de toutes ces vilaines bêtes, Universal War One (UW1) nous fait pénétrer plus loin dans les tréfonds de l'âme humaine et dans les replis galactiques des dimensions parallèles. On a beau s'y attendre, la qualité comme la cohérence des univers de Denis Bajram font toujours plaisir à lire. On s'attacherait presque à son escadrille " Purgatory ", ce ramassis de gredins intersidérants qui n'ont décidément rien (et c'est tant mieux) du profil du héros-type.

Lanfeust Mag nous offre à partir de ce numéro de novembre la prépublication des Mystères d'Opale Tome 2 (Arleston - Pellet), " l'envers du grimoire ". Comme on ne présente plus la légendaire solidité des intrigues d'Arleston ni d'ailleurs l'humour dont il aime à teinter ses aventures, il s'agira d'une bonne surprise pour le lectorat du magazine des éditions Soleil. Et comme le trait de Philippe Pelle a de la suite dans les idées, on se laissera glisser sans déplaisir dans cette héroic fantasy de belle facture aux côtés de Larko l'élu, Sleilo la (jolie) danseuse, d'Urfold le barde, et du mystérieux guerrier sanguinaire qu'on ne peut invoquer qu'une fois par lune, partis pour réaliser une prophétie qui doit libérer les cinq royaumes aux mains d'une clique de fanatiques religieux.

Le tout, comme de bien entendu, est ponctué de gags en une page, Peau d'boudin, Izbarkan le sorcier, Château Pointu, en passant par la publication de " l'énigme de la disparition du Docteur Grahms " (Gaëta), la sélection Science Fiction-Bande dessinée et le courrier des lecteurs. Morale de l'histoire (voir l'édito de ce numéro). " […] Ceux qui ne lisent pas encore Lanfeust Mag, vous pouvez les snober, ils sont complétement à la masse. ". Comment ? Vous n'êtes pas encore parti l'acheter ?