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Bo Doï n° 37 (Janvier 2001)
de Damien Perez

Bo Doï, au gré de ses voyages dans les arcanes de la foire aux immortels du neuvième art, ouvre ses pages de janvier sur une couverture bleue-sang signée Bilal, histoire de patienter jusqu'àu "32 décembre" (suite programmée pour on ne sait quand de son dernier album, "Le sommeil du monstre"). L'auteur de la Femme Piège, toujours en avance d'une ou deux cases, se pose, une fois n'est pas coutume, , le temps d'un entretien avec Jean-Marc Vidal, le temps d'une rétrospective pas vraiment rétro "Enkibilalandeuxmilleun" (à partir du 20 janvier 2001 à Paris). Voyage dans un univers en perpétuelle évolution, où l'auteur, inclassable autant qu'accessible, regrette parfois que l'on encense ses dessins plus que la profondeur de ses histoires.

Nouvelles têtes, fortes têtes, chez Casterman, en l'occurrence celles du groupe italien Rizzoli, qui via le rachat de Flammarion (et donc du magazine Fluide Glacial) s'empare de Casterman (et donc de Tintin. On dirait du Largo Winch bas de gamme). Rappelons pour mémoire que Rizzoli, ambassadeur du juste prix et de la sacro-sainte rentabilité fut le fossoyeur historique de l'ancêtre de tous les Bo Doï du monde, le mensuel "Linus", jugé peu rentable à l'époque, et où se côtoyèrent, entre autres Pratt, Crepax ou Toppi. La BD d'auteur ne glissera-t-elle pas des hauteurs de la BD calibrée ? Quelques auteurs donnent leur point de vue (nuancé) en textes et en images.
Inquiétudes, inquiétudes. Un épisode de plus dans la saga parfois douloureuse des éditions Casterman.

Europe oblige, et pour éviter toute brouille avec nos amis transalpins, Bo Doï ne met pas tous ses éditeurs italiens dans le même panier. Présentation d'une famille d'éditeurs à la respectablilité pour ainsi dire historique : les Bonnelli, qui se partagent le marché italien avec... Disney, rien que ça, et dont les volumineuses séries seront bientôt relancées en France, après l'infructueuse tentative de Glénat, par Semic et Hors Collection.
L'occasion de (re)découvrir quelques titres qui firent la joie des lecteurs (et parfois des soldeurs) dont les héros (Mister No, Dylan Dog, Martin Mystère ou le célèbre cow-boy Tex) valent sans doute que l'on s'y intéresse au vu de l'intérêt qui leur est porté.

Loin des parfums d'Italie, une bonne bouffée d'herbe avec Dodo et Ben Radis(Les Closh), au moins du trente ans d'âge, à l'occasion de la sortie de "Sur la route des Seventies". Retour sur le parcours de deux auteurs emblématiques du mythique Métal Hurlant, en phase, ou pas, on ne sait plus trop, avec leur époque, entre nostalgie douce-amère et considérations parfois acerbes sur la BD actuelle. Baba un jour, baba toujours. C'est sûr, ça ?

Côté prépublications, et pour se réchauffer en se tenant les côtes, Bo Doï nous propose les nouvelles aventures des inspecteurs Spoon (le nabot taillé Pokémon fan du grand Clint et de la petite Mulan) et White (l'échalas gueule d'amour tout aussi tête à baffes que son compère). Au programme de ce troisième épisode ("Niaq Micmac") : deux flics américains, des yakuzas, une somptueuse journaliste, des chargeurs vides comme s'il en pleuvait, des fumeries d'opium, une intrigue jubilatoire et l'interview succincte mais réjouissante des auteurs (Yann, Leturgie père et fils). Mais que fait la police ?

Giroud et Béhé, quand à eux, referment temporairement les pages du Décalogue non sans y avoir broyé quelques existences douloureuses. Le Nahir, mystérieux manuscrit dont on dit qu'il fut rédigé de la main de Mahomet, a fait de Simon, l'écrivain raté qui se l'est approprié, un auteur riche et célèbre dans le tout Glasgow. Mais jusqu'où devra-t-il aller pour rester au sommet ? Réponse dans ce dernier épisode d'un premier tome magnifiquement prometteur et dont la suite, qui restera scénarisée par Giroud, sera cette fois enluminée par De Vita.

Loin des bas-fonds de New-York ou des sombres ruelles de Glasgow, Rossi et Le Tendre nous entraînent dans l'univers tout aussi cruel mais bien plus ensoleillé de Tirésias, fresque antique dans la droite lignée de la Gloire d'Héra, leur précédent album, où les hommes, sous l'oeil de leurs dieux tutélaires, ne restent jamais impunis ni libres de leur destin. Un réalisme mythologique cruel bien loin de l'imagerie populaire du peplum. Une redécouverte d'ambiances qu'on croyait déjà visitées.

Et pour clore cet agréable tour d'horizon d'un neuvième art en pleine forme, la présentation de l'incontournable "Blacksad" (Guarnido, Canales),l'entretien entre Spawn le démoniaque (Todd McFarlane) et son psychiatre (Eh, centième épisode, ça peut remuer, on est pas des brutes, quand même), un article consacré au dessinateur Barbe, un entretien chaleureux avec un pilier de fluide glacial, Monsieur Maester, les critiques d'albums, les carnets de voyages (consacrés à Nicolas Poupon (Le cri de l'Autruche)), le shopping, le pinailleur, Claire de Nuit et toutes les rubriques qui ponctuent cet excellent mensuel devenu indispensable à tout amateur de cases et de bulles.

Bo Doï - 13, rue de l'Ancienne Comédie à 75006 Paris - France - Tel : + 33 1 44 41 00 58 - e-mail : lz.bd@wanadoo.fr / Belgique : BoDoï - Partner Press - 11, rue CH. Parenté à 1070 Bruxelles


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