Une fois n’est pas coutume, parlons d’abord «biziness». Les récentes mésaventures de Casterman ont en effet intéressé la rédaction de «La Lettre ». La maison d’édition tournaisienne, rachetée par Flammarion qui elle-même vient d’être absorbée par le groupe de presse italien Rizzoli/Corriere della sera, devient sans coup férir le maillon d’une grande chaîne internationale. Pour le meilleur ou pour le pire ? A suivre, aurait-on dit chez Casterman il y a quelques années...

Alors que l’on parle tant et plus d’Angoulême en ces jours de janvier, «La Lettre » a eu la bonne idée de prendre le contre-pied et de jeter un oeil sur un festival naissant et fatalement beaucoup moins connu. Cela s’est passé au Canada : il s’agissait de la première édition du Rendez-vous international de la BD de Gatineau. La réussite fut au rendez-vous : 25.000 visiteurs en quatre jours, ventes records, couverture médiatique impressionnante... Au programme notamment, une expo regroupant 500 objets sur l’univers de Tintin et une rencontre entre des auteurs et 1200 ( !) élèves du primaire et du secondaire. Le succès rencontré a évidemment poussé les organisateurs à remettre le couvert pour l’année prochaine.

Côté auteurs, on est gâté. Jean Dufaux, tout d’abord, nous fait part de ses intentions et ses impressions au sujet de la série « Dixie Road » qu’il signe avec le dessinateur Labiano chez Dargaud. Il devait exorciser, explique-t-il, ces images du film « Les Raisins de la Colère » de John Ford qui le hantaient depuis longtemps : « Il me fallait nettoyer le mythe, tourner mon propre film, refaire le trajet ».

La parole est ensuite à Jean-Claude Denis dont l’actualité se présente sous la forme de BD et de CD ! Si l’on est moins surpris de découvrir un nouvel album des aventures de Luc Leroi, l’on peut s’étonner en revanche de la sortie d’un disque de ballades folk mélancoliques et nocturnes enregistré avec Charles Berberian. Avis aux bédéphiles mélomanes !

Enfin, le lecteur averti que vous êtes jettera un œil plus qu’attentif sur l’interview d’Andréas. Dans le 6ème tome des aventures de Capricorne, le dessinateur allemand fait connaître à son personnage l’univers effroyable d’un camp d’internement. Un sujet qui amène Andréas à livrer quelques réflexions à propos de la présence massive de groupuscules d’extrême-droite dans son pays, 55 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Un entretien à connotation politique particulièrement intéressant.