15ème Planète, 15ème anniversaire pour les éditions Delcourt, et 31 pages de présentation pour 23 albums dissemblables autant que représentatifs de la belle constance de l'éditeur dans l'éclectisme.

Ses nouvelles fonctions d'héritier de la fortune Morgenstern l'obligeant sans doute à plus de civilités, Nao prend le temps de répondre à quelques questions par entretien holographique, même si son robot-nurse Cybot (dont son créateur Thierry Cailleteau se plaît à répéter qu'il est le véritable héros de la série Aquablue ) l'interrompt à volonté pour donner sa vision des finalités de la fondation écologiste Aquablue dont les premières aventures (T8 L'œil du Voivode, dessiné par Tota) viennent de paraître. Où est-ce qu'on le débranche ?

Plus feutrées et contemplatives, les ambiances en couleur directe de Kwaidan (Jung) nous entraînent vers les parfums du Japon médiéval, entre fureur des armes et amours perdues, dans la lutte ancestrale de deux sœurs spectrales. L'esthétisme raffiné autant que l'assise documentaire soignée (Kwaidan est un roman adapté au cinéma et dont le titre s'est étendu à un genre cinématographique culte au Japon) font de cette initiative de l'auteur de " La jeune fille et le vent " une passerelle de qualité vers une culture trop facilement réduite aux mangas.

Asie toujours, mais sous les latitudes guerrières de la Corée et du Viêt-nam dévorées par la guerre et croquées par Will Eisner, figure presque historique de la bande dessinée américaine, alors employé par l'US Army comme illustrateur quotidien de la vie des troupes. Des planches de BD. De nombreuses rencontre avec des personnages truculents. Autant de destins d'hommes brisés par la guerre.

Retour au Moyen Age dans les vapeurs démoniaques de la légende des Stryges, à la découverte du cycle fondateur des 2 cycles contemporains (Le chant des stryges, avec Guérineau, Le maître de jeu, avec Charlet), intitulé Le clan des chimères (illustré par Suro). Corbeyran, toujours troublé par un sujet qu'il convient de " courtiser avec doigté et prudence " lève non sans inquiétude le voile sur quelques sombres mystères relatifs à ces créatures ailées semeuses de mort et de désolation.

Bien plus jeune, mais tout aussi redoutable, Hubert la Cervelle (Omond, Gelli), terreur des cours de récréation, voit son destin chamboulé par une bosse sur le crâne récolté lors d'un conflit intercosmique (pour de rire) avec ses camarades. Une simple bosse, mais qui réveille en lui le frisson d'un pouvoir terrible ( pour les autres) : celui de réaliser tous ses désirs de tours pendables. Ca promet.

Un peu plus à l'ouest, Lupano, Campoy et Scarlett taillent à coups de six-coups la légende d'un héros injustement méconnu de l'histoire américaine, Little Big Joe, nabot trapu à la chance plus insolente que son habileté aux armes et bien décidé à nettoyer la ville du terrible Slim la Rotule, avec pour seuls alliés un prêtre alcoolique et la confiance de l'innocent.

Et pour finir, quelques présentations colorées d'Adalbert (Trondheim, Parme), de Lili et Winkler (Chauvel, Boivin), de la Mandiguerre (Morvan et Tamiazzo), de la Nef des Fous (Turf), de Golden City (Pecqueur et Malfin) et de Baker Street (Veys et Barral). Quand je vous parlait d'éclectisme…