Bien loin de la rhétorique communautaire optimiste des instances politiques, le Psikopat dresse à sa manière un portrait rageur de l'Europe (voir la couverture), de sa place sur l'échiquier géopolitique mondial et de ses relations " privilégiées " avec les Etats-Unis. Personne n'en sort indemne et pourquoi pas. Ce dossier " Europe " illustre aussi bien l'art de bien utiliser la liberté de la presse que la capacité de ses différents rédacteurs (Alain Gaudey, Delfeil de Ton, Olivier Ka, Jean-Luc Coudray) à mettre le doigt sur quelques incohérences flagrantes et souvent… risibles.

Coté bandes dessinées, tout dévoué à la cause américaine, Hiroshiman (Rifo), traîne son slip, son haut de forme et sa puissance atomique à la recherche d'une moule géante (ben oui) qui menace de détruire la première puissance du monde. Un superman décalé, entre OSS 117 pour l'espionnage érotique kitsch et Pierre Richard pour le anti-héros volontaire mais gaffeur.

Psikopat, qui ne lésine pas sur les moyens, vous emmènera à la suite du peuple Grazlu, des extra-terrestres à la pointre de la technologie guerrière " issu[e] d'une recherche de plusieurs koblars d'années par les bioarmuriés grazlus de la caste rouge ". On dirait du Jodo, sauf que c'est du Pixel Vengeur et que ça se termine aussi vite que ça a commencé, dans un bain de… enfin, je vous laisserai plutôt lire la fin par vous-même.

Une fois lancés, rien ne les arrête. Hunt Emerson et Tim Manley traînent pour leur part leur héros bicéphale de Arsover-Tit à la recherche, ni plus ni moins, de Dieu lui-même, et le meilleur, c'est qu'il y parviendront au terme d'une aventure en trois pages beaucoup moins légère qu'il n'y paraît.

Amérique à nouveau, à la suite du caporal chef Beansprout, illustre représentant des tuniques bleues aux prises avec les sioux, ou comment récolter des flèches dans tout le corps grâce à l'incapacité crasse d'un Colonel de Cavalerie, qui plutôt que d'envoyer une missive de paix à Sitting-Bull lui adresse la lettre d'amour qu'il comptait envoyer à sa maîtresse. Une belle leçon de diplomatie.

Carali, outre son édito habituel, nous livre une tranche de son quotidien (et de pizza) dans " Monsieur Paulot au restaurant " où le rédac-chef du Psikopat dresse à travers son propre personnage des instantanés amers et risibles de nos travers (un peu) et de ceux des autres (beaucoup) en une exagération souvent à peine exagérée.

Supermurgeman (MathieuSap'), entre le fantôme du Bengale (pour le loup), Tarzan (pour le slip) et David Ginola (pour la coupe de cheveux) tente de protéger d'industriels indélicats la formule secrète de la " super-murgebier ". Grâce à un casting impeccable autant qu'improbable (intervention de l'Agence Tous Risques) la jungle résonnera longuement des clameurs de bataille du héros masqué. Ca sent bon " le plan sans accrocs " et le cigare.

Ce numéro se complète agréablement d'autres interventions remarquées (The old best one par Bouzard, Lee Harvey Hoswald de Babouse, Princesse mon amour par Sourdrille, L'univers incroyable mais fantastique des grandes découvertes par Lécroart, La chopine ardente de Phil, RRRFL par Jason, Missilman par Kamagurka), par " Toute l'actu ou presque " passée à la moulinette caustique par de nombreux dessinateurs, le panier de la ménagère, banc d'essai de diverses publications dessinées, disques, sites Web et concerts retenus par la rédaction et toutes les rubriques habituelles. Récapitulons : Europe, Etats-Unis, Extra-terrestres, Dieu, Cavalerie américaine, Monsieur tout-le-monde, industriels, tout le monde en a pris pour son grade ? Impeccable.