L'actualit� de la presse BD comment�e



Sapristi ! n° 47 (Hiver 2000 - 2001)
de Eric Loze

Celui qui n’a jamais entendu parler de Jean-Claude Servais pourra se vanter, après la lecture de Sapristi !, de le connaître presque sur le bout des doigts. Sur les 100 pages que compte ce numéro, 32 (!) sont consacrées au dessinateur gaumais. Qui dit mieux ?

Même s’il a grandi à Liège, Servais se revendique effectivement de la Gaume, cette petite région du sud de la Wallonie coincée entre l’Ardenne belge, la France et le Luxembourg où habitait sa grand-mère. Terre de contes et de légendes, autant dire que Servais s’y sent comme un poisson dans l’eau. Féru d’histoires de sorcelleries et autres récits fantastiques, il a puisé une grande partie de son inspiration dans la littérature locale, dans les recueils de contes étranges qui sentent le souffre et la mandragore.

Servais estime avoir eu beaucoup de chance dès le début de sa carrière. A l’époque déjà, une fée s’est intéressée à ce jeune dessinateur prometteur, lui assurant de le garder sous sa bonne étoile… En 1979, âgé de 22 ans, il publie en effet sa première histoire dans (A Suivre), le mensuel BD de Casterman particulièrement prisé à l’époque. C’est ainsi que les lecteurs font la connaissance de « Tendre Violette », une série crée avec le scénariste Gérard Dewamme. Viennent ensuite les collaborations avec le Lombard puis l’arrivée chez Dupuis, dans la collection Aire Libre. Bien sûr, tout cela ne s’est pas fait en deux temps, trois mouvements. Ce long entretien, mené sur le ton de la discussion amicale, vous livrera toutes les étapes de ce long parcours où la réussite est souvent au rendez-vous. Scénarios, évolution graphique, noir et blanc ou couleurs, Servais se livre sans détour.


Autre auteur à passer sur le grill de l’interview : Christophe Chabouté, un homme qui n’a pas sa langue dans sa poche. L’auteur alsacien fait partie de ceux qui n’aiment pas du tout faire des concessions. Un peu à la manière de Rabaté, Chabouté a des idées bien précises sur la manière de faire son travail. Il convient de l’accepter comme tel : c’est à prendre ou à laisser. Solitaire et plutôt soupe au lait, il préfère travailler seul, sans scénariste, estimant par ailleurs avoir trop de choses à dire pour faire appel à l’équipe. Repoussant férocement tout objectif commercial, Chabouté veut avant tout travailler avec sincérité. « Un album de BD, ça ne doit pas être une étude marketing visant à séduire le lecteur», grince Chabouté. «Je ne cherche pas à le séduire. S’il accroche, tant mieux. Sinon, tant pis ! ». Une citation qui résume très bien l’état d’esprit d’un homme entier, passionné par son travail et qui fait son chemin en dehors de tous les circuits commerciaux de la BD. Ce qui ne l’a pas empêché d’être récompensé par la profession puisque Chabouté a reçu un Alph’art lors du festival d’Angoulême de 1999.

Et quand il n’y en a plus, il y en a encore ! La lecture de Sapristi ! ne peut s’achever sans jeter un œil attentif sur l’interview de Nicolas Malfin, un jeune autodidacte auteur de la série Golden City publiée chez Delcourt.

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