Qu'il est doux d'asseoir sa culture sur Sofa, les rubriques y sont moelleuses, le confort et l'esthétisme travaillé. Le bimensuel culturel incontournable touche enfin toute la France « malgré la tempête, les grèves, la fête de l'Internet, la vache folle, la fièvre aphteuse, la tournée de Garou et les élections ». Il faut bien avouer que personne ne s'en plaindra, mis à part peut-être une certaine concurrence académique qu'une déontologie pugnace m'interdit de nommer (ça commence par « Télé » et ça se termine par « rama »). A ceux qui regrettaient que les magazines culturels boudent la BD (voir plusieurs sujets sur le Forum), on ne saurait que trop conseiller la lecture de cette excellente publication. Bien sûr, c'est très tendance, certains articles dresseront un peu trop au goût de certains des statues aux parangons de l'élitisme mode, mais Sofa possède une véritable liberté de ton, jamais insultante, toujours documentée, et la bande dessinée n'échappe pas à la règle. Ce numéro daté mars-avril s'intéresse à la saga Donjon (Delcourt), initiée par Sfar et Trondheim, odyssée médiévo-fourre tout magnifique et réjouissante, divisée en plusieurs cycles (Donjon zénith, Crépuscule, Potron minet, Monsters et Parade) s'étalant chacun sur 100 albums, et dessinés par une pléiade d'artistes au sensibilités parfois très différentes. Vous pourrez également y trouver trois critiques d'album (tiens ? Une bonne critique pour le XXème ciel d'Yslaire. A noter également au sommaire de ce numéro 10, la présence remarquée de l'actrice Catherine Breillat, d'excellentes critiques musique et cinéma, une rencontre avec Jean-louis Murat, et l'interview très illustrée de Virginie Ledoyen (qui fait la couverture) pour la rétrospective d'une carrière déjà riche. Il y a des jours comme ça, on se rend compte que certaines merveilles de l'existence - comme Virginie Ledoyen - ne pourraient être rendues même par un bon dessin.