Sous le casque ailé, la houppette. Après s'être penché sur Astérix avec amabilité (Albert Uderzo remercie toute l'équipe dans le courrier des lecteurs...) Bo Doï consacre son numéro d'avril à Tintin. Si Hergé ne risque certes pas d'écrire à la rédaction pour la féliciter, Nick Rodwell ( gestionnaire décrié de l'héritage Tintin, accessoirement second mari de la veuve d'Hergé) ne s'y risquera pas non plus.

Jean Marc Vidal, comme souvent, n'y va en effet pas avec le dos de la cuiller dans son éditorial habituel : on y apprend que pour réaliser son dossier, l'équipe Bo-Doï a contacté Nick Rodwell afin de lui permettre de défendre une politique commerciale souvent décriée (les montres et les pulls haut de gamme-hors de prix c'est lui). La réponse qui lui fut faite était éloquente : il fallait en guise de préalable à toute collaboration laisser à l'administrateur de Moulinsart S.A. un droit de regard (et de censure) sur l'ensemble des textes publiés. Il fallait également (sous menace de ne pas même avoir le droit d'utiliser d'images de Tintin) proscrire des colonnes du mensuel certaines plumes « indésirables ». Le précédent GEO - un numéro spécial Tintin de cette excellente publication manifestement rédigé selon les axiomes cités plus haut - faisait déjà triste jurisprudence.

Ce qui nous donne à l'arrivé un dossier très équilibré mais forcément polémique, car non seulement Bo Doï semble utiliser les images sans autorisation (ce qui n'est pas clairement dit mais semble plutôt logique) mais en plus il ne prive pas d'inviter les plumes sensibles qu'on lui avait demandé d'écarter : Peeters, Sterckx, Algoud et Dayez qui ne se privent pas de casser du Rodwell..

Au fait... on organise au musée de la Marine de Paris une exposition consacrée à Haddock, c'était au départ la motivation première de ce numéro spécial. C'est qu'on aurait fini par l'oublier avec tout ça.

Un peu plus à l'Ouest, du coté des Amériques, Juillard et Cothias célèbrent le retour d'Ariane de Troïl (alias l'une des identités de Masquerouge dans les « 7 vies de l'Epervier » des mêmes auteurs) pour la prépublication du troisième tome de « Plume aux vents » après... 5 ans d'attente. La bande dessinée est un des derniers espaces de fidélité au monde.

Toujours en prépublications, la suite (et fin) des aventures d'Odilon Verjus (Verron et Yann) pour l'apothéose de « Breiz Atao », tome 5 des aventures du missionnaire perdu dans les affres de la lutte autonomiste Bretonne. Heureusement l'humour veille. Et de l'humour justement on en trouve dans un nouvel épisode de Pacush Blues (tome 11 par Ptiluc), où des rats très ennuyés vivent dans la terreur d'un tueur en série qui décime les plus séduisants d'entre eux. Un décalage animalier qui curieusement finit toujours par nous renvoyer aux propres balbutiement de notre quotidien.

Et pour en finir vous reprendrez bien des rubriques habituelles : critiques d'album, ma,gas, comics, mots-croisés, un Pinailleur spécial Tintin, Claire de Nuit, le rendez-vous des surfeurs et d'autres amuse-gueules de qualité. Bon appétit.