La débauche de Daniel PennacJacques Tardi - 10 critiques

Edition : Futuropolis/Gallimard
Pages : 78 pages en couleurs
Parution : janvier 00
Auteurs : Daniel PennacScénaristeJacques TardiDessinateur

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Par : ArzaK (12 juil. 2002)

Il fallait bien que ces deux-là se rencontrent. Tardi avait déjà illustré la plupart des couvertures des éditions de poche des romans de Pennac. Voilà que Pennac offre à Tardi un scénario de bd. Un échange de bons procédés, en quelque sorte. En apprennant l'existence de cet album, quelques inquiétudes se sont faites en moi. Amateur de l'oeuvre de Tardi et des romans de Pennac, je me demandais bien ce que leur collaboration pouvait donner et surtout dans quelle mesure Pennac serait un bon scénariste. Certains romanciers, par ailleurs talentueux, se sont déjà cassés les dents en essayant de faire de la bd : Patrick Cauvin, Bernard Werber, Van Cauweleart... Mais dès les premières pages, mes inquiétudes se dissipent. Pennac a évité le premier piège : aucun abondant récitatif ne vient encombrer les planches. Son talent d'écriture se fait bien par l'image et dans les dialogues, domaine où il a toujours excellé. Deuxième bonne surprise, ce scénario est tout bonnement excellent : il est non seulement drôle mais s'impose par son propos comme une satire violente et mordante de notre état de société. C'est caustique, acide et d'une justesse de ton rare. Si bien que cet album est le plus actuel des albums de Tardi. Tardi quitte la simple nostalgie, auquel il s'est tant adonné et aborde de front le monde d'aujourd'hui. Un grand Tardi. Espérons que cet album ne sera pas la seule collaboration de ces deux-là. Ils vont si bien ensemble.

Par : Jean Loup (21 août 2000)

Ne vous attendez pas à une excursion de Tardi dans le domaine de l'érotisme ou de la luxure ! La débauche dont il est question dans le scénario de Pennac, c'est cette sale petite chose qu'on minimise en cette période de récente reprise économique mais que Michael Moore a bien fustigé au cinéma ("The big one", un chef d'oeuvre). On tourne autour du thème du dégraissage salarial, de la débauche des employés, des puissants qui virent les petits pour s'en mettre toujours plus dans les poches. Sujet alléchant, engagé et peu traité en bande dessinée à ce jour.
Oui mais voilà : cet album ne tient pas ses promesses. Pennac est pourtant un romancier de grand, grand talent. (Re)lisez "La fée carabine" ou "La petite marchande de prose" si vous avez des doutes. Tardi, lui, est un des piliers de la BD contemporaine, au style aussi inimitable que maîtrisé. Je les adore tous deux séparément. Mais ensemble, à mon grand dam, aucun ne semble tirer son épingle du jeu. La peur du talent de l'autre, peut-être. Il y a tout de même de bonnes choses dans le scénario, mais la mayonnaise ne prend pas véritablement. On referme "La débauche" avec un vague sentiment de frustration. Ce n'est pas mauvais, non non. Mais ça n'a rien d'exceptionnel. Et c'est bien pour cela qu'on est déçu par cette rencontre dont on attendait tant.

Par : Aurore (16 mars 2000)

J'adore Pennac, j'ai lu pas mal de ses bouquins, et j'ai toujours trouvé une légèreté et une fraîcheur à ses récits et à ses personnages qui les rendent attachants et tellement entiers. Je ne connais pas trop Tardi, si ce n'est par certaines planches entrevues, mais qui ne m'ont jamais vraiment attirées par la lourdeur de ses dessins. Mais j'ai trouvé l'association des deux auteurs très réussie. Les personnages souvent très marginaux de Pennac se retrouvent bien dans les traits de Tardi, la caricature de certains d'entre eux est également très bien rendue. Quant au récit, d'une manière générale, il ne laisse pas beaucoup de surprise mais il est bien amené. Pour un premier essai de Pennac en BD, c'est pas mal réussi. C'est un album à découvrir parce qu'un style assez neuf en BD, et peut-être, pour ceux qui ne connaissent pas encore Pennac en littérature, peut-être leur donnera-t-il envie de le lire ...

Par : Associal:) (24 févr. 2000)

J' ai été un peu décu par La Débauche.
C' est tout d' abord le scénario qui semblait un peu faible: la clé de l' intrigue est rapidement découverte et le comportement des personnages, en particulier celui de Justin, est souvent prévisible ou à un air de déjà vu. Peut-être est-ce lié à la ressemblance des personnages de la B.D et de certains protagonistes de la Saga Malaussène? J' ai ainsi cru au début de ma première lecture de La Débauche que la commissaire était en fait le commissaire Thian de La fée carabine dans le rôle de grand mère qu'il affectionne tant.
De plus il semble que le dessin de Tardi soit bien plus en accord avec l' ambiance ( un peu noir) de ses autres BD ( La der des der, Adèle Blanc-sec ...) qu' avec le decors moderne dans lequel evoluent les personnages de Pennac...même si les couleurs chatoyantes de l' album donne un (trop)peu de vie à l 'histoire.
Voilà; la lecture de cette BD aurait pu être jouissive eu égard à la répution d' innovateurs en matière artistique et littéraire de ses deux auteurs... elle s 'est révelée tout au plus agréable...

Par : Sgain (04 févr. 2000)

Je ne connaissais pas Tardi. En fait, je ne me suis jamais intéressé à son oeuvre. Pourquoi ? De ridicules préjugés ! Ensuite il y a eu cette "débauche" et après avoir lu le petit commentaire de Thierry Bellefroid, je me suis lancé. Et j'ai aimé !!! J'ai aimé l'histoire, et j'ai surtout aimé les personnages : cette caricature de méchant directeur d'entreprise (caricature ?), ce policier arriviste, cette ravissante vétérinaire mais surtout cet ancien aventurier, qui a d'ailleurs gardé sa tenue d'explorateur et des habitudes prises par-ci par-là.
Cette histoire m'a donné l'envie de connaître le reste de l'oeuvre de Tardi, d'ailleurs je vais de ce pas chez mon libraire (il a interêt à avoir du Tardi en rayon !!!) Salut ...

Par : Thierry (02 févr. 2000)

De plus en plus, des auteurs de romans, donc des gens serieux, s'interessent aux petits miquets. Deja Van Hamme, Jodo ou Pratt consituaient une sirte de lien entre BD et litterature. Mais depuis peu, de vrai romanciers ont saute le pas avec plus ou moins de bonheur.
On peut certes oublier Didier van Cauwelaert dont "vanity benz" fait les beaux jours des soldeurs.
Werber n'a pas non plus vraiment convaincu, d'abord avec son adaptation abandonnee des fourmis, pous avec "Exit", mais il s'agit la d'une histoire a suivre, laissons lui le benefice du doute. En fait, j'ai trouve que son histoire eait un peu facile et degageait un trop grand air de deja vu (la trilogie de la chasse de scheckley, essentiellement).
Klotz, lui, n'a livre qu'une nouvelle a Cabanes qui a transpose tout ca en langage BD. Son investissement n'est donc pas encore tres important, mais au moins marque-t-il son interet.
Daeninck, je n'ai pas lu les 2 albums auquel il a participe: Varlot et Carton jaune (je pense qu'il n'a pas directement participe a la realisation de l'album de Tardi... si je me trompe, je ferais penitence).
Enfin, le meilleur pour moi, Pennac dont la collaboration avec tardi a fait des etincelles. La debauche est un grand album qui merite vraiment beaucoup d'interet, et pour son theme et pourla qualite du scenario.
Ce ne sont evidemment pas les seuls (Benacquista...), mais je crois qu'il y a la un phenomene pour le moins important. Si des auteurs de ce calibres jugent que la BD est digne d'interet, alors il est probable que progressivement, elle sortira du ghetto.
A+

Par : Dominique:-) (30 janv. 2000)

Cet album est une petite merveille, tant il transpire le talent de ses auteurs qui ont su allier leurs deux styles pour faire une histoire plaisante et passionnante qu'on ne lache plus.
Les couleurs sont somptueuses, bien loin du dernier Adèle Blanc-Sec qui pêchait de ce coté là. Au hasard des vignettes on peut s'amuser à retrouver des têtes connus du petit monde de la BD. Le mélange des dessins de Loustal et Tardi est très réussi et il y a une espèce de joie de dessiner qui est tout à fait nouvelle chez Tardi qui en général fait des BD cafardeuses ou d'une ironie vache. Ce plaisir se retrouve dans la galerie de personnages ( Ah ce commisaire ! ) tous croqués avec ce style inimitable qui fait qu'on ne les oublie pas et le nombre de planches montre que nos deux lascars ont eu carte blanche pour mener à bien leur projet sans contrainte.

Comme Pennac est à la hauteur question scénario, tout cela fait un ensemble qui malheureusement arrive trop tard pour Angouleme 2000 et sans doute trop tôt pour 2001 mais je crois qu'ils n'en ont rien à faire...
Souhaitons à cet album tout le succès qu'il mérite.

Par : lsu38 (29 janv. 2000)

Délibérément, je n'ai pas lu les autres critiques, me laissant libre de faire appel à mes émotions.

Et bien, il y en a peu eu, des émotions ! Devant une telle "débauche" de talents, que ce soit Pennac dont j'ai dévoré les Malaussène ou Tardi dont le dessin du Paris 1900 me laisse admiratif, on pouvait s'attendre à beaucoup mieux. Un libraire m'a ainsi dit qu'il était resté "sur sa fin/faim", tant le dénouement l'avait déçu. Moi, je suis resté calé dès le départ, comme les voitures actuelles que Tardi a du mal à dessiner. Autant j'imaginais Tardi capable de rendre cohérent l'univers de Pennac en adaptant ses bouquins (il signe d'ailleurs de très belles couvertures pour le format de poche), autant il semble mal à l'aise dans ce présent qu'il n'a, à ma connaissance, quasi jamais abordé. C'est d'autant perturbant qu'on recherche en vain les qualités des oeuvres des deux acolytes: le mystérieux d'Adèle Blanc Sec, les enquêtes bien ficelées de Nestor Burma, une ambiance pour Tardi et une réalité absurde, une critique sociale, une originalité, un sens du verbe pour Pennac. Rien de tout cela, une erzatz d'enquête policière, des personnages bizarres mais moins attachants que notre bouc-émissaire favori, des couleurs peu engageantes et une tentative d'originalité vite avortée...

Pour conclure, je dirais que cet album atypique (et très cher d'ailleurs) ressemble à une grosse production française, où l'addition des talents a plutôt tendance à les anihiler qu'à les mettre en valeur. Voyez Belmondo, Delon, Paradis dans un film de Lecomte et vous verrez que le nombre ne fait pas toujours la qualité...

Par : Helium (24 janv. 2000)

Un inspecteur de police qui apparait comme très amoureux,mais qui se révèlera être une canaille..et l'objet de sa flamme une adorable vétérinaire qui soigne les animaux du Jardin des Plantes ,à Paris.
C'est parti comme en 14 puisqu'il s'agit d'un album dessiné par Tardi.Très bien dessiné:le style de Tardi n'appartient qu'à lui et ne peut être confondu avec aucun autre.
On peut juste dire de l'histoire qu'elle va se faire croiser sur un rythme rapide une étonnante mémé commissaire,des animaux plus sensibles et malins que vous ou moi,des cadres licenciés car l'ombre d'une multinationale est là et la débauche c'est le contraire de l'embauche.Voila qu'un chomeur s'installe dans une cage et attire sur lui l'attention des médias.Mais si tout cela cachait quelque chose? On va suivre une enquête riche en rebondissements.
Bref le scénario et sa réalisation sont jubilatoires et il s'agit d'un ouvrage toujours passionnant,plein d'humour et pourtant aussi très dur quant à certains messages transmis au fil des pages.Tardi a pour une fois réalisé lui même la mise en couleurs.
On ne court pas de risques à pronostiquer qu'il s'agit là d'un album qui va marquer l'année,et en avant pour le monde de Pennac et Tardi!

Par : Thierry Bellefroid Voir les critiques de Thierry Bellefroid (20 janv. 2000)

"La débauche", par Tardi et Pennac, chez Futuropolis/Gallimard.

Peut-on dire à la mi-janvier qu'on a déjà eu entre les mains ce qui sera un des cinq ou six albums de l'année ? Ca paraît hautement hasardeux et pourtant, j'ai l'impression que cette "débauche" aura peu de concurrents au moment des bilans "bédéesques" de l'année 2000. Si vous ne l'avez pas compris, j'ai aimé. Beaucoup. Et j'en recommande la lecture immédiate, sans modération.

Il y a dans "La débauche" tout ce qui fait le sel des romans de Pennac. Tout. Ou presque. Car les dialogues de cet album, même s'ils sont au-dessus du niveau de 80% de la production BD, restent en dessous de ceux que l'on trouve dans les romans de Pennac. Les répliques souffrent d'être emprisonnées dans des phylactères et de ne pouvoir s'enchaîner comme dans un récit écrit. Personne, mieux que Pennac, n'arrive en effet à recréer dans ses romans ces conversations surréalistes dans lesquelles les meilleurs moments sont les moments de silence marqués par des points de suspension ("-...") entre deux répliques.

Ceci étant, on retrouve dans cet album tous les points forts de Daniel Pennac. D'abord les personnages, qui rappellent inévitablement ceux de ses romans. A commencer par celui de la "patronne", vieille mémé fumeuse de cigare qui dirige l'équipe d'enquêteurs de la PJ. Elle ressemble très fort à l'image qu'on peut se faire de Van Thian, l'inspecteur d'origine asiatique qui se travestit en femme pour ses enquêtes dans les romans de Pennac ( voir "La petite marchande de prose", "La fée carabine", "Au bonheur des ogres", etc...) Ensuite, la construction, à la fois simple et complexe, fluide et tarabiscotée, qui correspond au Pennac du meilleur cru. On ne sait pas où il nous mène, mais on s'y laisse mener avec plaisir, sans s'ennuyer une seconde, à la découverte de personnages toujours truculents. (Exemple, le "Capitaine" qui répond à chaque question par un nom de ville) Enfin, ce regard goguenard mais jamais gratuitement noir sur la vie, les gens, l'argent et le pouvoir. Bref, "La débauche", c'est vraiment Pennac en BD. Mais c'est aussi du Tardi. Du vrai de vrai, du comme on aime, comme on en redemande. Un miracle de symbiose ou d'osmose, puisque chacun des deux protagonistes semble imprimer sa griffe de manière égale.

Premier plaisir graphique, retrouver Tardi dans le Paris d'aujourd'hui, au Jardin des Plantes et en couleur. Sur près de soixante-dix planches, le père d'Adèle Blanc-sec propose une vision personnelle du polar. Après avoir réussi avec brio les adaptations des univers de Manchette, Malet et Daeninckx, il prouve ici qu'il est actuellement le véritable dépositaire du genre en Bande Dessinée et que la couleur ne nuit en rien aux ambiances policières généralement confinées au noir et blanc. Avec la complicité de Loustal pour les toiles du peintre Helas, Jacques Tardi a donné dans cet album le meilleur de lui-même et ça se sent. Sans doute parce qu'une association avec un romancier de la trempe de Daniel Pennac constituait un véritable défi. En résulte une histoire lisible à plusieurs niveaux, à la fois drôle et palpitante, morale sans être moraliste, magnifiquement racontée, une histoire légère et grave. La définition même d'une bonne BD !


 


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