195. Bert74
- 15/03/05 17:08
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Ouais, moi, c'est surtout le "tout seul sans Moore", qui me rebuterait en fait...
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194. marcel
- 15/03/05 17:05
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Pour les "pointus" de Moore : personne ne parle de sa participation a WildCATS (avec notamment Jim Lee).
J'avais lu quelques episodes, c'etait pas mal. Mais je n'ai pas reussi a comprendre si c'etait tres construit sur la longueur.
Et pis sinon, bien sur, on ne peut que regretter que Big numbers n'ai jamais eu de suite...
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193. dens
- 15/03/05 16:54
- (en réponse à : hop repechage de sujet)
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Tomorrow Stories donc:
JB Quick ca me rappelait aussi quelque chose le sdeign initial ressemblait pas mal a Genial Olivier effectivement... mais le plaer a la ferme m'evoque quelqu'un d'autre mais je sais pas qui ...
peut etre le poussin aux grosses lunettes de Tex Avery ? ou le neuveu de Geo Trouvetout?
Il y a un TPB complet de Grey Shirt (Indigo Sunset) mais je n'ai pas saute le pas pour l'acheter c'est Veitch tout seul sans Moore et j'ai peur que ca fasse beaucoup d'un coup ... souvent ce qui est charmant en format court est lourd en longueur ...
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192. Maravilla
- 03/01/05 17:02
- (en réponse à : Stan)
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Tu peux nous dire quelle histoire à suspense conserve à la relecture tout son suspense (étant donné que tu connais la fin) ?
Qui plus est, considérer Watchmen comme une "histoire à suspense" est incroyablement réducteur. C'est un pamphlet, une fable, une allégorie, une métaphore, une reconversion, une revisite, une satire, un exercice, une expérience, une réflexion, un manifeste, un tournant, un requiem, une une façon de repenser la Bande Dessinée, une matière à analyses infinies, une date mémorable. Un chef d'oeuvre, quoi.
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191. Bert74
- 03/01/05 16:24
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Sincèrement, Stanislas, ou tu le fais exprès pour nous faire enrager, ou tu n'as pas tout compris à cette oeuvre exceptionelle qu'est "Watchmen".
C'est l'archétype même de la BD à lire, relire et relire encore.
Plus que dans la recherche des détails, c'est le nombre inouï de niveaux de lectures différents et de thèmes abordés, qui fait toute sa puissance.
Les approches les plus variées sont possibles: historique, politique, scientifique, policière, super-héroïque, artistique, philosophique, psychanalytique, économique, narrative, romanesque, théologique, ...
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190. Jean-eude
- 20/12/04 10:15
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C'est evident que la relecture apporte toujours enormement sur les Watchmen, en particulier sur les scènes ou plusieurs personnages se croisent.
Par contre, je suis toujours un peu surpris que ce soit la serie la plus populaire de Moore alors qu'il ne s'agit pas ( à mon avis) de son meilleur travail. Ses series actuelles sont inifiniment plus interessantes finalement. Elles demontrent bien à quel point il est arrivé à rester "vivace" et actif avec la BD ( ce qui n'est pas le cas de Miller je trouve, qui peine à être encore interessant.)
C'est vraiment un monument... Et il n'arrête pas de se bonifier avec le temps!!!!
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189. larry underwood
- 20/12/04 01:04
- (en réponse à : stan)
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c drôle, sincèrement je le vois pas du tout comme ça. J'ai pas l'impression que Moore ait donné la priorité au récit de surface, je le sens bien plus comme un prétexte narratif pour développer tous les thèmes qu'il avait en tête... franchement, savoir qui a fait le coup, on s'en fout un peu, tu trouves ? A la première lecture, j'avais envie de le savoir, bien sûr, mais c'est pas un grand retournement inattendu de dernière minute... à tel point que connaître l'identité du "coupable" ne gênerait vraiment pas la lecture de quelqu'un qui découvre Watchmen... tu trouves pas que le récit est justement un peu "ridicule" (je dis pas qu'il est stupide) ? Cette histoire de héros costumés, et cette bestiole extraterrestre new-age qui explose comme un fruit mûr au dessus de New York... c'est du grand n'importe quoi... Moore s'en amuse... je te conseille de relire Watchmen d'ici quelques semaines par exemple, et tout ce que tu n'as pas vu devrait te sauter (plus ou moins) aux yeux. La preuve en est qu'à ma 6eme ou 7eme lecture, j'ai perdu le compte, je découvre ENCORE des détails que je ne comprenais pas avant...
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188. stanislas
- 20/12/04 00:53
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Même avec des références, à la relecture ça reste une histoire à suspense qui n'a plus aucun suspense.
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187. Lui
- 20/12/04 00:22
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Tout à fait
Watchmen est bourré de details et d'auto-references que l'on ne peut saisir à la premiere lecture.
Je recommande chaudement de le relire avec l'assistance de "The annotated watchmen" que l'on peut trouver en ligne.
Personnellement, je n'ai retrouvé un tel niveau de construction et d'imbrications qu'avec les albums d'Andreas. On s'en rend simplemnt moins compte, car contrairement à Andreas, Moore n'a pas caché la clef de l'histoire dans ces details.
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186. larry underwood
- 19/12/04 23:25
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pour dire exactement le contraire de Stanislas, je trouve justement que Watchmen prend TOUT son sens à la relecture... thèmes, narration, présentations, références, double-sens, triple-sens... tout ça n'apparait vraiment que lorsque l'on connaît déjà l'histoire et que l'on peut s'attarder réellement sur le fond de l'oeuvre. Watchmen, ça ne se lit jamais qu'une seule fois.
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185. stanislas
- 19/12/04 20:21
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Je suis comme Hervé, je viens d'acheter et de lire Watchmen, comme lui je ne peux que vous conseiller de le lire, le scénario est captivant, par contre je regrette un peu de l'avoir acheté personnellement, car c'est ce genre d'album qui ne présente guère d'intérêt à la relecture (quand on sait qui a fait le coup, ça a beaucoup moins d'intérêt).
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184. abelthorne
- 19/12/04 20:04
- (en réponse à : Cedric)
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C'est bien dommage que le bouquin des Archives Secrètes ne soit pas disponible à la vente à part (j'ai pu le feuilleter et le contenu a l'air plutôt intéressant) quand on a déjà les deux intégrales et qu'on n'est pas intéressé par la bouse cinématographique. :(
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183. Cedric
- 19/12/04 18:44
- (en réponse à : cedric@forbiddenzone.net)
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Pour ceux qui n'auraient pas l'info, sachez qu'il est enfin sorti l'intégrale de la mort pour les fans de VF de la League des gentlemen.
Un coffret avec les 2 intégrales avec le DVD et un livre supplémentaire (Archives secrètes) qui est une perle. Y a de quoi lire, mais que du bon.
Et tout ca pour 78.30 euros ! Youpie (enfin, sauf si on a déja les BD).
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182. herve
- 08/04/04 13:28
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Bon, j'ai pas le temps de lire l'intégralité des posts antérieurs mais je viens de terminer "the watchmen" alors......quelle claque! Excellent !Bravo et surtout merci à Alan Moore. Pour ceux , qui comme moi , étaient rebuté par les couleurs" flashies" de la BD , doivent en faire abstraction .
LISEZ LE !!!!
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181. nemOrtel
- 06/04/04 13:03
- (en réponse à : niko (jamais de spoilers entre les repas))
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C'est entièrement entre tes mains
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180. Bert74
- 06/04/04 12:06
- (en réponse à : Coach.)
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Je te merde !
;0)
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179. Coacho
- 06/04/04 11:57
- (en réponse à : Bert74)
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Cette patTe de génie est reconnaissable dans lA persistance de la qualité dans la globalité de son oeuvre (ouf, c'est moi qu'a dit tout ça ?).
Oui, oui, c'est bien toi, c'est signé ! ^____^
;o)
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178. Bert74
- 06/04/04 11:38
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Ne soyons pas bégueules :
Avez-vous consciences d'être contemporains d'un des purs génies de la Bande-Dessinée ?
Moore fait partie de ces immenses auteurs (comme Mc Kay, Charlier ou Goscinny) qui ont su porter ce médium aux nues de la création et de l'expression.
Cette pate de génie est reconnaissable dans le persistance de la qualité dans la globalité de son oeuvre (ouf, c'est moi qu'a dit tout ça ?).
A mon avis deux seuls points manquent à son travail pour être reconnu comme génialissime par tout le monde :
- une oeuvre pas assez grand public et tous ages (comme pouvait l'être Tintin, de 7 à 77 ans).
- un "style" (si on peut dire) encore trop anglo-saxon (qui explique le relativement faible impact culturel sous nos tropiques...).
Voila ske j'dis, moi.
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177. larry underwood
- 06/04/04 10:57
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ce Alan Moore quand même, c'est pas pour dire les copains, mais quel type !
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176. Bert74
- 06/04/04 09:19
- (en réponse à : ToFra)
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L'étude que tu cites est très très riche (même si j'ai pas compris tous les mots qui y sont employés), mais, de l'avis même de son auteur, elle n'aborde que le côté de la réflexion philosophique de Watchmen (même si je suis d'accord, aller dire que Moore avait tout compris 4 ans avant Fukuyama, c'est quand même gonflé)
Il y a d'autres aspect tout aussi riches et présent dans cette oeuvre majeure : politiques, économiques, sociales, artistiques, ...
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175. Niko
- 06/04/04 07:45
- (en réponse à : Nemo (no spoilers inside))
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face à ceux qui brandissent l'épée du bien, un seul mantra :
qui nous gardera de nos gardiens ?
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174. nemOrtel
- 05/04/04 21:21
- (en réponse à : niko (pas d'quoi s'poiler))
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Rorscharch est tellement obsédé par sa vision de ce qu'il croit être le bien qu'il ne recule devant rien, même pas devant le mal, pour la défendre.
C'est l'argument fondamental de Moore pour décortiquer, déconstruire, et finalement détruire notre civilisation. L'idée sous-jacente qu'elle est construite sur un mensonge, le mythe du bien. C'est la même épée de justice de droit divin qu'empoigne Bush, et toute sa politique est construite sur la même erreur (ça n'engage que moi) : l'idée que le bien se constuit seulement face au mal.
Question : quand le mal est détruit, que devient le bien?
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173. Niko
- 05/04/04 21:12
- (en réponse à : tentative de réponse à Tofra (risques de spoilers))
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la question du bien et du mal, elle hante un peu Watchmen.
*****ACHTUNG SPOILERS*****
Doc Manhattan cherche à s'en abstraire, mais finit par replonger dedans quand il est mis face à la condition humaine.
Rorscharch est tellement obsédé par sa vision de ce qu'il croit être le bien qu'il ne recule devant rien, même pas devant le mal, pour la défendre.
Pareil pour Ozymandias. sauf qu'Ozy a les moyens du mal absolu. Et met le paquet pour créer un bien qui est de toute façon très fragile...
Pessimiste, Watchmen l'est très certainement. Face à toutes les bonnes volontés (Dreiberg, Laurie) il y aura toujours des gens pour se placer au-dessus des autres et tenter d'imposer leur conception du bien (et pas seulement des surhommes : le rédac'chef du News Frontierman est de cette espèce aussi).
notons aussi que Ozy n'est peut-être pas aussi dénué d'arrière pensées que ça.
après tout, détruire New York, c'est détruire la Babylone moderne, la ville même ou échoua Alexandre.....
****FIN DES SOILERS****
****VOUS POUVEZ REPRENDRE UNE LECTURE NORMALE****
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172. matthew
- 05/04/04 21:10
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Je crois que la fin refuse résolument d'être optimiste ou pessimiste. Elle s'arrête au moment ou tout peut basculer, mais cela nous rappelle que tout peut basculer à chaque instant.
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171. nemOrtel
- 05/04/04 20:40
- (en réponse à : pff)
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Va donc chez Spidey, hé!
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170. ToFrA
- 05/04/04 20:39
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Midas c'est le mec qui change les roues des chars?
Ok, je sors et je m'en vais le plus loin possible....
Merci pour le brin de culture tout de même.
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169. nemOrtel
- 05/04/04 20:32
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Eh bien, jeune apprenti (savoure aussi), sache que cette scène se déroula en la cité de Gordion. Ce nom viendrait du Roi éponyme, qui aurait engendré le célèbre Midas. Gordion était le roi des Phrygiens, et avait constitué le premier grand royaume du proche-orient. Ce fut l'un des premiers obstacles sur la route d'Alexandre. Route qui devait le mener ensuite à Damas. Je suppose que tu vois la route qui se dessine devant nous, mon jeune ami.
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168. ToFrA
- 05/04/04 20:25
- (en réponse à : Maître NemO)
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Non, maître, je ne le sais point (savoure ce post merveilleux où je t'aurais nommé maître,rascal!)
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167. nemOrtel
- 05/04/04 20:20
- (en réponse à : Padawan ToFrA)
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Sais-tu à quel endroit se déroula la célèbre scène où Alexandre le grand trancha le noeud gordien? C'est ce qu'on voit sur la fresque du bureau de Veidt.
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166. ToFrA
- 05/04/04 20:17
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Quoi que Bin Ladin veut sauver le monde en balançant des avions... pareil pour
W quand il envoit des troupes en Irak... c'est compliqué la vie...
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165. ToFrA
- 05/04/04 20:14
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Bah... si c'est pour sauver le monde... c'est bien? Mal de tête moi...
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164. nemOrtel
- 05/04/04 20:13
- (en réponse à : ToFrA)
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Qu'est-ce que tu nous demandes exactement? Si c'est une bonne chose de balancer des trucs sur NY?
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163. ToFrA
- 05/04/04 20:09
- (en réponse à : Vous n'avez pas lu WM? Fermez les yeux, spoiler.)
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Arretez moi si je me trompe...
Rorscharch serait une sorte d'entité qui conjugerait le bien et le mal (ce noir et ce blanc qui s'observent sur son visage). Il serait ce symbole, le point d'interrogation qui pourrait ponctuer deux des questions que Moore soulève: Où s'arrète le Bien, le Mal? La fin justifierait elle n'importe quel moyen?
Mais... il y a comme un contradiction chez ce personnage qui refuse la compromisson: pourquoi refuse-t-il à ce point le moyen utilisé par Ozymandas pour arriver à sa fin (la paix) alors que lui néglige les moyens pourvu qu'il ait la fin (combien de doigts cassés?)?
Et, un autre truc... peut être un peut idiot mais que voulez vous, je suis attaché au manichéisme traditionnel (génération Star Wars...): pour vous, la fin est plutôt optimiste ou pessimiste?
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162. larry underwood
- 05/04/04 20:03
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Comme disait souvent mon grand-père, "Larry, quand on est con, on ne cherche pas à comprendre. On s'assoit et on regarde passer les vaches."
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161. nemOrtel
- 05/04/04 20:00
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Comme de jouer au échecs. Larry chess.
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160. ToFrA
- 05/04/04 20:00
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J'essaierai d'édulcorer le tout la prochaine fois... enfin comment dire... "c'est d'la balle" ça marche?
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159. larry underwood
- 05/04/04 19:59
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Structurellement enrichissant.
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158. nemOrtel
- 05/04/04 19:54
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Passionnant.
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157. larry underwood
- 05/04/04 19:51
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oui, je t'ai trouvé un peu lourd là...
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156. ToFrA
- 05/04/04 19:51
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N'est ce pas? C'est tout a fait impressionnant, il y a une masse de travail assez hallucinante.
C'est absolument passionnant, on apprend énormément de choses sur l'oeuvre.
Ouf, que de superlatifs!
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155. larry underwood
- 05/04/04 19:39
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wouch...
c'est certainement la lecture de Watchmen la plus pertinente et la plus riche que j'ai pu lire...
allez tous lire les réflexions de ce bonhomme, c'est très impressionnant.
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154. ToFrA
- 05/04/04 19:26
- (en réponse à : nemO)
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euh... Dr Manhattan... Jon?
Attention aux gachages...
J'ai trouvé ça sur un site consacré à THe Watchmen, une étude de Rorscharch qui vaut son pesant d'Efferalgan:
Le dernier Non
"Même en face de l'Armageddon. Aucun compromis." Le personnage qui prononce ces mots porte la négation jusqu'à son point ultime : la négation de la négation, c'est-à-dire l'affirmation de soi comme négativité absolue. Ce personnage c'est Rorschach qui incarne la Négativité.
Selon Hegel, le philosophe de la Négativité, c'est par la négation que le sujet prend conscience de lui. Par la négation, il découpe dans le réel et isole les choses et les êtres. Par la négation, il se différencie de son environnement, se sépare et s'isole. Par la négation, il se particularise et se singularise. Déchirure, violence, révolte, souffrance ou culpabilité, la négation individualise le sujet en l'exilant de l'homogène et de l'indistinct. Elément essentiel de toute pensée dialectique, la négation exacerbe les paradoxes et détruit les certitudes. Principe même de la conscience - qui est toujours la conscience coupable d'un sujet clivé - la négation est la maladie la plus féconde de l'âme humaine. Selon Hegel, elle est le mal dans un monde qui ne peut se transformer que par l'action nécessaire du mal en lui. Georges Bataille écrira que tout Art, c'est-à-dire toute production supérieure de la conscience, est lié au mal. Pas de révolte, de combat, de liberté, sans cette force de destruction qu'est la négation.
Hegel nomme Négativité le principe même de la négation pure, quand le sujet, acceptant la négation qui le vise - la mort - , s'affirme comme négation de la négation. L'affirmation de soi par la négation du monde, du moi et de la mort constitue la Négativité absolue, la conscience de soi affranchie de toute détermination, s'excédant elle-même en se confrontant avec la négation absolue qu'est la mort. Le sujet qui fait l'expérience de la Négativité absolue ouvre en lui un abîme où il n'est plus le petit sujet fermé sur sa personnalité originale, insistant dans son misérable quant-à-soi. Il est liberté absolue, fissure, déchirure, le V toujours ouvert qui maintient les tensions au lieu de les résorber.
Avec l'Histoire c'est donc la Négativité qui doit être éradiquée par ceux qui veulent abolir toute discrimination, toute limitation et tout sens critique. La nature ambiguë de la Négativité a signé son arrêt de mort à l'aube d'un nouveau monde d'unification grégaire et positive. Comme inquiétude au coeur de l'homme, elle s'effacera avec la victoire du positivisme scientifique. Comme liberté, elle n'a plus de raison d'être après l'établissement d'un totalitarisme pervers qui s'appuie sur sa singerie individualiste.
Dois-je montrer les correspondances entre ce sombre concept et l'ambiguïté du personnage de Rorschach ? Laid, sale, antipathique et sadique, Rorschach est à la société ce qu'est le mal au coeur de l'homme. Mais il combat, avec des moyens ignobles certes, pour son idée du Bien, contre le crime, la corruption et la lâcheté.
Rorschach tire son pseudonyme des fameux tests psychologiques constitués de tâches d'encre symétriques. Chaque tâche noire semble se refléter dans sa soeur jumelle, le noir plonge son regard dans le noir, l'abîme dans l'abîme. Comme le Comédien, Rorschach a contemplé le vrai visage de la vie (le Smiley, cf. 1ère case du 1er épisode), il a compris la blague de l'existence. Sa Négativité se fait l'écho de l'annonce nietzschéenne de la mort de Dieu, bien différente de l'athéisme d'un Dr Manhattan : pour ce dernier, l'univers trouve sa justification positive dans son existence même ; pour Rorschach il s'agit d'une blague monstrueuse qui jette la conscience humaine dans un abîme de désespoir. Le fond abyssal de son être nous est connu grâce à son interrogatoire par le Dr Long. Face à face entre la Négativité de l'un et le positivisme bienveillant du médecin. Celui-ci est plein d'espoir dans la guérison de son patient. Car il DOIT guérir. Le négatif DOIT être vaincu pour le bien de la communauté, et le Dr Long, héritier de la pensée scientifique humaniste, s'y emploie avec conviction.
Mais l'être de Rorschach n'est pas seulement la Négativité sans âge qui harcèle la conscience depuis le péché originel. Il reflète aussi cette conscience de l'absurdité existentielle qui s'est développée après la Seconde Guerre Mondiale et la découverte des camps de la mort nazis. Dans le comics d'aventure qui vient doubler l'intrigue principale, un homme attaqué par des pirates cherche à rejoindre sa ville pour la prévenir d'une menace imminente. Le drapeau à tête de mort (évoquant la tenue des miliciens de Trotsky ou des SS) est le signe d'un ordre nouveau, que ce rescapé de l'Histoire veut empêcher de s'étendre à la civilisation. Mais, pour traverser les océans, il devra faire des compromis avec sa conscience et utiliser des cadavres pour faire flotter son radeau. L'allégorie est claire : l'homme d'après la catastrophe (la Shoah, les camps) comprend qu'il survit sur des monceaux de cadavres, et qu'il devra rivaliser d'horreur avec les assassins pour les vaincre (rivalité mimétique qui prépare la défaite de l'ancien monde qu'elle prétendait sauver).
Face à l'horreur de la condition humaine et à l'évidence que la fin est proche ("The end is nigh" proclame le panneau de Kovacs), Rorschach affirme contre le monde et le destin sa liberté absolue, reflet mimétique de l'absurdité d'un ciel noir où Dieu n'est plus là : "L'abîme palpitait intensément dans mon coeur, faisant voler ses illusions en éclats." Cette solitude nietzschéenne face à la mort de Dieu ouvre à une lucidité suffocante dont le commun des mortels se détourne. Voyez le Dr Long, dont la vision positive et pleine d'espérance s'effondre comme le palais martien de Dr Manhattan, détruits l'un comme l'autre par une effraction de transcendance : la conscience insupportable de la blague : "Nous sommes seuls. Il n'y a rien d'autre."
Remarquez que Rorschach est aussi un écrivain. Les extraits de son journal accompagnent notre lecture. Il fait preuve d'un véritable style, à la fois sombre et fulgurant ; il a le sens de la formule vindicative et sans appel. Sa Négativité rejoint celle des grands écrivains et son exécution réalise le désir de l'ordre social d'en finir avec cette épine dans la chair qu'est la littérature.
Un autre écrit apparaît toutefois dans l'épisode 6, celui du journal du Dr Long, exact opposé de celui de Rorschach. Deux conceptions de l'écriture s'affrontent en arrière-plan de l'intrigue : à la conscience chez l'un de l'irrémédiable, correspond chez l'autre l'espoir d'éradiquer toute Négativité, au bénéfice de la communauté. La voix singulière du premier, comme toute grande voix littéraire, sabote les certitudes du second, d'où son éviction nécessaire. L'écrivain traditionnel, avec ses inquiétudes et ses ambiguïtés, cède maintenant la place aux bons sentiments consensuels d'une sous-littérature bienheureuse ou illusoirement transgressive, purgée de toute vraie subversion.
Refusant la victoire finale du Bien communautaire, Rorschach, fidèle à l'abîme qui habite en lui, préfère la mort au compromis. Il rejoint l'abîme, le V (comme Void : abîme), la mort, le néant, l'Infini ou l'Eternel, appelez cela comme vous voulez : cette transcendance qui borde la vie humaine et dont le nouveau monde ne veut plus se souvenir. De même qu'il ne veut plus penser à cette Négativité en acte dans nos existence qu'est la mort. La mort est progressivement évacuée de nos sociétés, marque de néant insupportable dans la nouvelle plénitude sociale, source de tensions existentielles dérangeantes pour les spectateurs-consommateurs, présence de la Négativité superflue dans le cocon du bonheur positif. Rorschach sera en définitive le dernier mort de l'Histoire.
Ca vient de cette page très interessante: http://www.chez.com/geryon/watchmen.html
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153. nemOrtel
- 05/04/04 19:11
- (en réponse à : ToFrA)
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Tu as déjà entendu parler du Projet Manhattan?
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152. ToFrA
- 05/04/04 19:05
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Rremarquez que cela relancé le sujet et que peut être quelques exemplaires vont se vendre...
Mais quelle putain de merveille...
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151. ToFrA
- 05/04/04 19:03
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Je suis désolé, je me suis laisser emporter par la la douce mélancolie qui m'a prise par la main une fois que j'avais reférmé la dernière page du douzième et dernier chapitre. J'étais terriblement malheureux d'autant plus que Dave le Crabe meurt dans la dernière page... euh peut être qu'en vous noyant sous les faux spoyler vous allez oublier le vrai... qui était faux... euh faut pas y croire...
Sinon si ceux qui l'ont lu veulent partir dans des explications mystico-métaphisique je suis tout a fait pret...
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150. Ben Ef His
- 05/04/04 16:48
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J'y songerais apres mes révisions...
De toute facon, la bd en VO, ca me tente pas mal en ce moment, et puis j'ai vraiment adoré V pour Vendetta (un peu moins From Hell, mais bon...).
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149. herve
- 05/04/04 13:42
- (en réponse à : merçi à Larry)
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j'ai commencé "the watchmen" hier; je remercie donc Larry d'avoir dénoncé le Spoiler lancé par l'infâme ToFra !
Sans rancune Tofra!
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148. Bert74
- 05/04/04 09:20
- (en réponse à : Tofra)
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Sur Rorschach, si ça t'intéresse, j'ai fait une (très) courte analyse dans le sujet "Watchmen" (post 62).
http://www.bdparadisio.com/scripts/foritems.cfm
Tu pourras me dire ce que t'en pense...
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147. CoeurDePat
- 05/04/04 09:02
- (en réponse à : Qu'entends-je ? Qu'ouis-je ?)
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Ben Ef His, si tu hésites à lire "Watchmen", n'hésite plus ! Personnellement je lis(ais jusqu'à présent) très peu de comics, mais "Watchmen" est monumental, et c'est rien de le dire ! Et s'il ne s'agit que du prix, tu peux le trouver en VO (sur amazon par exemple) pour 20 euros.
(hop, avis un peu verbeux tout en haut).
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146. Maravilla
- 05/04/04 00:27
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Quel manque à gagner Ben.
Ce spoiler n'est qu'un "détail" (oui, dommage qu'il soit défloré). Mais la mise en scène est d'une telle dimension, c'est tellement immense, que, bon, bref...
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