Que venez-vous de lire et qu'en avez-vous pensé? (19)

Les 1501 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



751. froggy - 16/11/18 20:21 - (en réponse à : Herve)
Manifestement, nous sommes en complete divergence sur les B&M post-Jacobs. Tu aimes Le baton de Plutarque et moi pas du tout, je pense que cette histoire de prequel est completement inutile a la saga de la serie. Tu n'aimes pas Le testament de William S. que j'ai par contre beaucoup apprecie, je l'avais meme mis dans ma liste des meilleurs albums de 2017 et au point ou je le considere comme le meilleur B&M de la reprise.

J'espere que l'on se retrouve sur Les sarcophages du 6e continent et L'onde Septimus qui sont atroces tous les deux.

750. heijingling - 16/11/18 20:11
Je pinaille rarement, mais un dessin qui se veut realiste peut le justifier: en commentaire, ils parlent du port de Nankin, et sur la carte, cela devient Nanjing, faudrait choisir, c'est comme si l'on disait une fois Londres, uis une fois London(d'autant plus que la transcription Nanjing n'etait jamais vraiment utilisee avant les annees 80.)

749. bert74 - 16/11/18 18:49
Après, faut assumer le patronyme "Van Dongen", quand t'es dessinateur... Ca doit rendre fébrile...

748. marcel - 16/11/18 18:13
Les personnages font un peu penser aux débuts de Rousseau, effectivement... qui aujourd'hui dessine Vasco.

747. Mr Degryse - 16/11/18 17:59
C'est pas beau comme du Martin....

746. Lobabu - 16/11/18 16:56 - (en réponse à : Marcel)
Je suis comme toi, c'est assez indéfinissable. Je trouve presque le dessin "fragile", mal assuré, avec des corps malingres mal placé dans les plans (comme en lévitation...). Cela me rappelle les deux 1ers albums de Condor, une série des années 80 dont à propos de laquelle tu as peut-être quelques souvenirs ?...

745. marcel - 16/11/18 14:28
Justement, j'aime Aubin, bien au-dela de son trait lui-même, pour la reussite de ses choix de cadrage et de mise-en-scene, pour sa capacite a rendre certaines scènes "iconiques", comme pouvait le faire Jacobs.

744. marcel - 16/11/18 14:26
Moi je trouve qu'il y a quelque chose qui cloche dans les cadrages et le placement des personnages mais j'ai du mal a mettre le doigt dessus. Un probleme de lisibilite et/ou de profondeur de champs, je sais pas. Je laisse les experts me dire s'ils ont le meme sentiment.
En tous cas, j'aime pas trop (alors que j'aime beaucoup Ted Benoit et Aubin).




743. bert74 - 16/11/18 14:25
Hervé, ce serait bien que tu arrêtes de parler de clins d’œil quand c'est du pompage éhonté et non assumé, ou du référencement à la truelle prenant les lecteurs pour des imbéciles...

742. Lobabu - 16/11/18 13:16 - (en réponse à : Hervé )
J'avais commencé à le lire cet été dans Ouest-France mais j'avais rapidement abandonné du fait du dessin justement. Il me semblait une copie besogneuse de celui de Jacob. Mais peut-être que la publication en journal ne rendait-elle pas justice au travail des dessinateurs. Je vais retenter car j'aime bien Sente (je préfère La machination Voronov cela dit).

741. herve - 15/11/18 23:07
Blake et Mortimer : la vallée des immortels #1

Après le très décevant « testament de William S », Yves Sente revient en force avec « la vallée des immortels », premier volume d’un diptyque qui se conclura fin 2019.
Tout d’abord, il faut souligner la qualité graphique de cet album, avec deux dessinateurs que je découvre avec cet album, Teun Bererik et Peter Van Dongen qui nous offrent des planches incroyables, très proches du style de Jacobs. Jamais depuis Antoine Aubin et Ted Benoit, je n’avais ressenti une telle émotion de retrouver la patte du maître du bois des pauvres. En outre, j’ai choisi de lire cette nouvelle aventure de Blake et Mortimer dans l’édition dite « bibliophile » qui présente des pleines planches (hors texte),de toute beauté. C’est d’ailleurs ce qui fait l’atout de cette édition numérotée et limitée à 7000 exemplaires, en plus d’une couverture alternative réussie (et de la présence d’un ex-libris)
D’ailleurs certaines planches, si l’on excepte celles directement inspirées par « le secret de l’Espadon » font écho à d’autres aventures de Blake et Mortimer. Je pense notamment à celles sur le British Museum qui me font furieusement penser aux planches sur le Musée du Caire, dans « le mystère de la grande pyramide ». Même le dialogue entre Mortimer et le professeur Bao Dong au restaurant du Savoy s’inspire de la conversation entre Mortimer et le professeur Amhed, au continental Savoy du Caire.
Yves Sente ne se contente pas de faire des clins d’œil aux canons de la série, mais il utilise aussi des personnages secondaires déjà présents chez Jacobs (je pense au « bon » docteur Sun Fo ) mais aussi dans ses propres albums, notamment « le bâton de Plutarque » (album le plus abouti au demeurant) avec le professeur Nathan Chase (que l’on entrevoit dans le préquel de l’Espadon) . Peut-être que les références un peu trop appuyées à Odilon Verjus et à William Gibbons (« le lotus bleu » Hergé) sont un peu gratuite, mais Yves Sente a fini par prendre l’habitude de distiller de tels clins d’œil dans ses albums.
Côté scénario, Yves Sente nous a concocté une histoire dense, riche en rebondissements qui nous tient en haleine tout au long de la lecture. Nous retrouvons un Olrik fourbe, retord et manipulateur à souhait.
J’ai hâte de découvrir la suite de cette histoire, de connaître le véritable but de la nouvelle invention du professeur Mortimer, le « skylantern », et du devenir de la fameuse « Aile rouge III ».
Ce nouvel opus de « Blake et Mortimer » est passionnant, et mérite une lecture soutenue, comme pour les albums signés Jacobs, signe d’une grande qualité.

Note : 4,5/5



740. froggy - 13/11/18 22:52
Gaultier & Caldene, La tragedie brune

L'action de cet album se deroule une decennie avant la Conference de Wannsee qui a fait l'objet d'un album que je vous ai chronique tres recemment. C'est le hasard combine des parutions de cette annee, de mes achats et de mes lectures qui ont fait se succeder si rapidement ces deux livres.

Le scenariste, Caldene, a adapte le recit d'un journaliste francais germanophile de l'entre deux-guerres, Xavier de Hauteclocque. c'est lui le heros de cette histoire qui n'est donc qu'un reportage sur l'Allemagne qui vient de succomber aux chants des sirenes d'Hitler et de son Parti National-Socialiste. Avant de monter dans le train, il peut lire la une d'un journal francais qui titre: "Quand l'Allemagne a la fievre, l'Europe est malade".

Ce reportage a lieu en novembre 1933, sa derniere visite a Berlin avait eu lieu 6 mois avant, les choses ont bien change entretemps et pas en bien comme nous le montre la BD. Des son arrivee a la gare principale de la capitale, il voit un petit rassemblement ou un nazi harangue la foule pour que les electeurs votent en faveur du plebiscite qu'Hitler a organise. Si ils votent non, cela sera comme trahir la Vaterland, eructe-t-il en postillonnant a tout va. La vie nocturne berlinoise a aussi bien change constate-t-il rapidement, de nombreuses boites de nuit et autres clubs ont ferme, les spectacles sont desormais devolus aux causes nazies. Les gens de la nuit, prostituees, souteneurs, mendiants, tout ce peit monde interlope a egalement disparu de la ville. Ils ont ete emmene ailleurs dans des camps. Il apprend egalement que des juifs sont arretes sans aucune raison et sont meme parfois executes par des SA ou des SS avec toute leur famille. Et puis il apprend que des camps de concentration ont ete crees, il ira voir et par la meme occasion rendra compte de ce que le nazisme signifie en province. Il y a bien entendu beaucoup d'autres choses que je ne peux pas ecrire ici par manque de place. Pour resumer, c'est le recit des debuts de la Bete Immonde. Le journaliste paiera de sa vie la publication de son recit car lors d'un autre voyage qui sera donc son ultime,il sera empoisonne par les nazis, son agonie durera 3 semaines. Ce que l'actuel President Poutine fait a ses opposants qui se refugient en Grande Bretagne.

Je ne sais pas comment cette BD est nee, est-ce que le dessinateur de pair avec son sceanriste a soumis son projet a un editeur ou bien est-ce que le scenariste seul a soumis son projet a un editeur et ensuite, ils ont cherche un dessinateur, Ou bien, est-ce que l'editeur ayant pris connaissance du reportage de Hauteclocque a cherche un scenariste et un dessinateur pour concretiser son projet. Il serait interessant de la savoir. Toujours est-il que le fait que le dessin soit tres ligne claire est une tres bonne idee. Ce style de dessin ne peut que renforcer le recit, le dessinateur s'est mis au service du scenario sans fioritures, artifices, coquetteries d'aucune sorte. Comme l'illustration de couverture nous le montre, c'est l'histoire d'un homme vetu de son impermeable qui marche et qui fait son boulot de reporter tout simplement. La realite qu'il decrit n'est pas belle a voir. Et comme nous le savons tous, elle sera encore moins belle plus tard pour carrement tomber dans la folie et l'horreur absolue ainsi que Wannsee l'a montre. "Le sommeil de la raison engendre des monstres" a dit le peintre espagnol Goya. Il en faudra du temps pour que cette anesthesie cesse en Europe de l'Ouest.

Le president Macron n'a pas tout a fait tort quand il compare ce qui se passe aujourd'hui aussi bien en Europe, qu'aux USA et au Bresil avec ce qui s'est passe dans les annees 30 et la montee des mouvement populistes de droite bien que le contexte economique soit completement different. Ce livre est la pour nous rappeler que Francois Mitterrand avait bien raison quand il prononca cette formule dans un de ses discours: "Le nationalisme, c'est la guerre".

Ce livre est formidable pour rappeler aux gens qui vivent en Europe de l'Ouest en 2018 la chance qu'ils ont de vivre en paix et dans une prosperite et un confort absolument inoui depuis 73 ans maintenant. C'est du jamais vecu dans l'Histoire recente. Il ne faut pas prendre cela pour acquis, rien n'est eternel et cela peut s'interrompre rapidement si on y prend garde. On attribue a Karl Marx le mot que l'histoire begaie, j'espere que la lecture de La tragedie brune contribuera a prouver qu'il s'etait aussi trompe sur ce point

Une fois n'est pas coutume, je terminerai ma chronique par cet extrait de Cabaret, la comedie musicale de Bob Fosse sur un sujet tres eloigne des grandes comedies musicales de la MGM, la montee du nazisme a Berlin en 1931. A chaque fois que j'entends cette chanson, je ne peux m'empecher d'avoir des frissons. Il faut dire que la sequence est admirablement filmee et montee ou comment en 3mn, Fosse nous montre comment un pays fut hypnotise par une bande de fous furieux. C'est brillant. Et n'oublions pas le plan final du film.





Note finale, 5/5. Par les temps qui courent, j'estime que ce livre est totalement indispensable. C'est passionnant de bout en bout

739. Lien Rag - 13/11/18 21:59 - (en réponse à : Binet)
Tout à fait d'accord avec Bert.
Binet explique s'être censuré dans cette BD, d'ailleurs, et évidemment je le regrette.

738. froggy - 13/11/18 18:14
Attention leger spoiler: la fin tourne au melo quand meme.

Je le relirai avec plaisir mais je ne sais pa sencore quand. J'ai tellement de Bd au pied de mon lit entre celles recemment acquises et celles que j'ai rapatriees de France.

Ce n'est pas plus mal d'ailleurs, cela me laissera le temps de l'oublier un peu.

737. suzix@bdp - 13/11/18 17:34
il me semble bien qu'après lecture je l'ai mis dans les "à vendre" oui. C'est pas une mauvaise BD, j'aime bien le dessin et l'intrigue est sympa. Les perso aussi mais je ne suis pas féru de cinéma alors cela me parle peu. J'avais imaginé un truc plus extravagant ou/et fantastique.

736. froggy - 13/11/18 17:21 - (en réponse à : Suzix)
Tu comptes le revendre?

735. suzix@bdp - 12/11/18 23:03
Si vous aimez le cinema et la BD, cet album est manifestement pour vous meme si vous ne connaisssez rien au giallo. Les autres devraient egalement aimer car c'est une bonne BD policiere tres divertissante.

je suis d’accord. Et ils peuvent l’acheter chez moi! (;0)

734. froggy - 12/11/18 18:41
Semerano & Headline, Midi-Minuit

Honte sur moi, je n'ai percute sur le titre de l'ouvrage que bien longtemps apres avoir en entame la lecture. Pour ceux qui ne le savent pas, le Midi-Minuit est ou etait (je ne sais pas si il existe encore) un cinema des Grands Boulevards specialise dans le cinema fantastique du genre les films de la Hammer avec Peter Cushing, Vincent Price ou Christopher Lee ou les films italiens du genre "giallo". Il faut dire que je n'y suis jamais alle, n'etant pas tres grand fan de ce genre de films. Je sais, j'ai tort et chacun sait que le tort tue. Or, cet album m'a donne envie de decouvrir ce cinema de genre. En effet, il consiste en un hommage au giallo. Petit probleme, ce n'est pas dans la banlieue de Washington que les cinemas du type Midi-Minuit fleurissent. Il va falloir eplucher les programmes de TCM et ce que Netflixx a en stock pour decouvrir ces films. Mon seul regret est que je suis quasiment certain que c'est mieux dans une salle avec des gens que tout seul devant un ecran de tele bien que mon canape soit outrageusement confortable.

Deux jeunes journalistes, l'un belge, l'autre francais, tres grand amateur de giallo, decroche le graal, en l'occurrence, un entretien exclusif avec un des metteurs en scene de giallo les plus celebres, Marco Corvo. Celui-ci les a convies a venir l'interviewer dans sa villa des environs de Bologne en Italie. Ce realisateur a cesse toute activite pres de 25 ans auparavant apres que son actrice principale, Luisa Diamenti, dont il avait fait une star a mysterieusement disparu en plein milieu du tournage de Lumiere noire, qu'il etait en train de mettre en scene. Le realisateur interrompit la production qui ne reprit jamais, par la meme occasion, il cessa de travailler et personne ne vit jamais le film car il ne sortit jamais en salles. Peu de temps apres leur arrivee a Bologne, une serie de meurtres debute dont les victimes sont tous des critiques de cinema qui n'aimaient pas les films de Corvo. Qui est l'assassin?

Douglas Headline, est pour celles et ceux qui ne le savent pas, le fils de Jean-Patrick Manchette, l'ecrivain de romans policiers bien noirs dont Tardi et maintenant Max Cabanes adaptent les romans en BD. Un chien ne fait pas des chats comme dit le proverbe et en ecrivant cette histoire, Manchette Jr a demontre qu'il est capable d'en ecrire une qui soit a la fois un recit policier et un hommage a une genre maudit. Il faut dire que le genre giallo n'avait pas tres bonne presse quand il etait fructueux. Ce qui correspond a une bonne dizaine d'annees, grosso-modo entre le mileu des annees 60 et celui des annees 70 selon le dossier consacre au genre qui ponctue le livre. J'ai ete ete donc embarque dans cette intrigue qui respecte les codes du genre et cette lecture s'est avere fort agreable en definitive. Outre l'intrigue, j'ai appris plein de choses sur un aspect meconnu du cinema italien, cinema qui fut florissant apres-guerre aussi bien qualitativement que quantitativement et qui fut tue par Berluscon. Le giallo avait contribue a sa maniere a sa bonne sante.

C'est evidemment en Italie que le scenariste est alle cherche son dessinateur. Je ne connaissais rien de celui-ci bien entendu car il est supremement inconnu de ce cote des Alpes. Cet album est donc pour lui une formidable opportunite de se faire connaitre chez nous. J'ai ete un peu surpris de son style quand j'ai entame ma lecture mais au fur et a mesure que celle-ci continuait, je me suis a l'apprecier de plus en plus et alors que je reposais le livre une fois fini, je pensais qu'il convenait tres bien au scenario. Habilement, le dessinateur a place des photos des films cites quand les heros regardent un de ces films qu'ils aiment tant. Il y aussi quelques legeres audaces graphiques, et d emise en pages. Mais attention, on n'est pas dans de l'avant-garde. Semerano ne se pose en revolutionnaire du dessin, il tient a donner plus d'impact a son histoire. Certaines sequences sont aussi tres bien decoupees et cadrees, elles auraient pu etre confuses mais elles ne le sont pas.

Si vous aimez le cinema et la BD, cet album est manifestement pour vous meme si vous ne connaisssez rien au giallo. Les autres devraient egalement aimer car c'est une bonne BD policiere tres divertissante.

Note finale; 4,25/5. Pour resumer, c'est une bonne BD tout court.

733. Bert74 - 12/11/18 13:42
je remets ici mes propos tenus sur le sujet "achats" à propos de L'Institution, donc :

149. Bert74 - 12/10/18 15:18
Des albums de Binet, pourtant déjà pas si souvent tendre avec les réalités sociales dans les Bidochon, L'Institution est de loin le plus amer, et c'est euphémisme.
C'est un véritable règlement de compte-confession de sa part, avec même une dénonciation claire des dérives pédophiles de l'église. Et tout ça dès 1981.

Ca m'étonne qu'il ne soit pas plus cité en référence dans le débat public actuel.

Pas lu depuis longtemps, mais sa lecture m'avait vraiment marqué.

732. yancomix - 10/11/18 12:54
Le meilleur livre de Binet, un chef-d'oeuvre de la bd autobio ! (avec, dans un autre registre, "Déconfiture au petit déjeuner")

731. froggy - 10/11/18 00:51
Binet, L'institution

Je n'avais jamais entendu parler de cette BD avant que je n'en apprenne l'edition qui est donc en fait une reedition sortie l'ete dernier. Il semble que les ajouts aux editions precedentes consistent en un avant-propos de Binet et d'un entretien qui sert de postface a l'ouvrage.

Dans cet album, l'auteur nous raconte son enfance dans une ecole privee catholique durant les annees 50. Cela donne lieu a des saynetes de longueur variable, de la demi-planche a plusieurs, et que je qualifierai de tragi-comiques. Comment ne pas sourire et meme parfois rire a ce que les cadres de l'institution decrite par Binet enseignent a ces enfants? Et en meme temps, comment ne pas fremir en lisant cela aujourd'hui? En 2018. Egalement, comment ne pas fremir quand on voit ce que les gosses se font subir entre eux? Les enfants sont souvent cruels entre eux que ce soit aussi bien en pension ou ils se retrouvent en vase clos que dans un etablissement scolaire qu'ils quittent le soir pour le retrouver le matin. Et Binet nous montre avec pudeur ce qu'il dut endurer. Il precise que tout ce qu'il raconte est strictement authentique, il n'a fait que condenser quelques personnages en un seul et quelques situations vecues en differents lieux, dans cet endroit unique qu'est ce pensionnat ou il aura passe 9 ans qui sont peut-etre les plus importantes de la vie d'un homme ou d'une femme et laissent une trace indelebile en chacun de nous. Avec justesse, l'auteur restitue le fait qu'un enfant est seul bien que vivant dans une collectivite.

On connait tous le dessin de l'auteur grace a ses Bidochon. Ici, il est legerement different. On sent moins le sarcasme, l'ironie qui baignent cette serie. Ici, comme il dessine des enfants, il y a plus de tendresse. Ce sont les adultes qui comme d'habitude ne sont pas montres sous leur meilleur jour. C'est moins mechant car l'auteur ne fait pas une critique acerbe et acide d'une France beaufisante, il ne fait que constater une realite qu'il a vecue et cela n'a pas ete drole tous les jours. Le dernier recit est tres, tres triste et resume bien l'atmosphere generale du livre.

Une derniere chose, il est difficile de ne pas penser aux Paracuellos de l'espagnol Gimenez qui lui aussi a raconte son enfance dans une pension de son pays. La difference notable est que lui, il a grandi sous le regime franquiste et la France meme de Vincent Auriol et Rene Coty est quand meme plus supportable. Par contre, les humilaitions et brimades que subissent les enfants sont tout aussi traumatisantes de part et d'autres des Pyrenees. Les deux BD sont parues quasi simultanement dans Fluide Glacial et ce n'est pas un hasard, Binet est redevable a Gimenez, il dit qu'il n'aurait pas fait sa BD si l'espagnol n'avait pas fait la sienne.

Note finale, 4/5. C'est BD tres poignante et souvent emouvante qui laisse cependant un souvenir amer a cause de la tonalite de l'ensemble et de la profonde tristesse que degage la fin.

730. froggy - 09/11/18 00:35 - (en réponse à : Bertrand)
Le film est cite a la fin de l'ouvrage parmi les references. Je ne peux pas te le dire, je ne l'ai jamais vu.

729. pierrecédric - 08/11/18 15:58
Toujours rien de tordant dans "One punch" pour le moment.

728. Bert74 - 08/11/18 13:34 - (en réponse à : froggy)
Pas lu cette BD, Wannsee, (juste les premières pages sur internet) mais j'ai l'impression que l'auteur s'est fortement inspiré pour la mise en scène du (remarquable) téléfilm Conspiration avec Kenneth Branagh, qui exposait en temps réel le déroulement de la conférence de l'arrivée des protagonistes à leur départ. Ce téléfilm était d'ailleurs un remake.

727. froggy - 08/11/18 01:00
Le Henanff, Wannsee

Le sujet de cet album a trait a une reunion de quelques hauts cadres nazis qui a eu lieu a Berlin en janvier 1942. Cette reunion qui ne dura qu'une heure et demi aura change la face du monde rien de moins puisque c'est la que fut enterinee la solution finale, c'est a dire l'extermination des juifs, un processus deja commence quelques mois auparavant. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils auront malheureusement reussi en partie leur but, n'en deplaisent aux negationnistes.

Comment traiter l'innommable? C'est ce que l'auteur a tente de faire.

Le livre est decoupe en trois temps, la preparation de la reunion, puis la reunion proprement dite qui commence par la presentation de ses membres avec a leur tete et son organisateur, Heydrich, et son bras droit, Eichmann, et enfin l'epilogue ou chacun de ces hauts fonctionnaires repartira vers leurs bureaux respectifs afin de mettre en application la decision la plus epouvantable qui soit.

L'auteur a livre un ouvrage aussi froid que la meteo hivernale qui couvre Berlin ce matin la. En effet, la Conference de Wanssee ne fut qu'une reunion de techniciens qui vont parler, avec aussi peui d'emotions que posssible, d'assassiner de millions d'etres humains, comment organiser ce massacre collectif et comment faire. Cela aurait pu aussi bien etre une reunion de cadres dans une entreprise qui deciderait de mettre en oeuvre un programme de grande envergure et des problemes logistiques auxquels ils sont confrontes. Mais cela ne fut pas le cas, la Shoah sera le fait d'une liquidation de type industriel, les nazis extermineront les juifs a la meme cadence que Bayer produit ses cachets d'aspirine. Le Henanff a tente d'animer cela et de restituer aussi fidelement que possible comment une telle monstruosite est devenue une triste realite. Il rend bien compte que la solution finale n'est que la derniere etape d'une logique implacable qui a commence par les lois de Nuremberg dont une des visees est l'exclusion des juifs de la vie politique, economique et artistique en Allemagne. Elles furent edictees en 1935 et un de ses redacteurs, Wilhelm Stukart, fait d'ailleurs partie de la reunion. Autant l'ecrire, c'est passionnant, l'auteur a tres bien reussi a rendre son sujet moins aride, on tourne les pages rapidement bien que parfois, je reposais le livre afin de mieux digerer ce que je lisais car ce n'est rien de moins qu'une reunion de monstres qui decident de commettre des actes encore plus monstrueux et cela donne envie de vomir tellement c'est horrible. Les mots sont faibles pour exprimer ce que je peux ressentir face a cela.

L'auteur insiste beaucoup sur le caractere secret de la conference. En effet, alors que l'administration nazie, enregistrait et conservait enormement de choses, des plus utiles aux plus terribles, telles les listes des noms des juifs envoyes dans les camps de la mort alors qu'ils allent monter dans les wagons a bestiaux qui les meneraient a leur destination finale, ici, le secret le plus absolu est exige des participants. Il leur est demande de ne faire aucune copie et de ne communiquer a qui que ce soit la teneur des documents qui serviront a la reunion. Il en est de meme du proces-verbal de la reunion dont toutes les copies furent detruites sauf une miraculeusement pour les historiens qui permirent d'etablir grace a lui l'existence de la Conference de Wannsee.

C'est le premier album de Fabrice le Henanff que je lis. Son dessin est extremement classique, il est manifestement alle a une ecole artistique et a du dessiner de nombreux nus tellement son style est academique. On pourrait qualifier cela de reproche pour un autre sujet que celui-la mais ici, j'ai trouve que ce style renforcait son propos. C'est un style un peu empese et il accentue la lourdeur du recit. Ainsi qu'il l'ecrit dans un avant-propos, il a dessine ses nazis tres beaux en accordance avec les portraits et photographies officielles du IIIe Reich. Il en est de meme du decor car la villa Marlier ou a eu lieu la conference est un tres beau batiment. Comment tant de beaute peut dissimuler autant d'horreur?

Le seul bemol que je ferai a ce livre est la metaphore evidente de la petite sequence du chat qui chasse puis mange le rat dans la cuisine vide alors que la conference prend place a l'etage au dessus. Le Henanff l'a dessinee selon la methode cinematographqiue du montage parallele. C'est evidemment une reference a Maus de Spielgeman dans lequel l'artiste americain a dessine les juifs sous la forme de souris et les nazis sous la forme de chats. Je ne suis pas un specialiste des rongeurs, or, il se trouve que tel que dessinee, la bestiole ressemble plus a un rat qu'a une souris du fait de sa taille. Je ne sais pas quelle etait l'intention de l'auteur quand il a concu cette scene et ses intentions ne peuvent etre que bonnes mais cela me gene terriblement que les juifs soient compares a un rat.

L'epilogue consiste en une rapide biographie des membres de la conference. Heydrich est mort quelques mois plus tard des suites d'un attentat commis pas la Resistance Tcheque, la plupart fort heureusement sont morts en 1945 lors de la chute du Reich. Mais certains ont survecu, Eichmann a leur tete mais celui-ci fut rattrape par le Mossad a Buenos Aires en 1960; par contre de nombreux autres vecurent plus ou moins longtemps et moururent dans leur lit paisiblement. Il y en a meme un, Georg Leibbrandt, qui acquitte au Proces de Nuremberg vecut le reste de sa carriere scientifique aux Etats-Unis. Il n'est decede qu'en 1982. Si il n'y a pas toujours de justice en ce bas monde, j'espere qu'il y en a une dans l'au-dela pour tous ceux qui ont participe a la Shoah.

Note finale, 4.25/5. C'est un livre remarquable au sens premier du terme, c'est a dire un livre que l'on remarque. Le sujet est ardu et horrible mais traite d'excellente maniere. A lire donc.


726. torpedo31200 - 06/11/18 15:21 - (en réponse à : post # 725)
Y a aussi du McKean, pour 2 histoires et la couverture.

725. suzix@bdp - 05/11/18 15:47
Lu Traces de la grande guerre collectif chez On a marché sur la bulle (octobre 2018)

Les premières histoires (disons les 2/3 de l'album) sont vraiment sympa à lire et les dessins avenants. La fin, je suis un peu moins emballé. Par contre, je vous invite à regarder la liste des auteurs qui est vraiment intéressante.

Pour les dessinateurs je note Adlard (Walking Dead), Maël (Notre mère la guerre qui est donc en terrain connu), Riff Rebs (Le loups des mers, Hommes à la mer, A bord de l'(étoile Matutine), Von Kummant (Gung Ho), Kris et plusieurs japonais que je ne connais pas. Et parmi les scénaristes, Ducoudray, Díaz Canalès, Lapière, Hautière, Morvan ...

724. froggy - 02/11/18 22:16 - (en réponse à : Quentin)
Il sera assurement dans le haut du panier de mon palmares de fin d'annee.

723. Quentin - 02/11/18 19:19 - (en réponse à : Froggy)
Tout à fait d’accord avec toi. C’est la meilleure BD que j’ai lue cette année. J’espère qu’elle remportera les meilleurs prix car elle les mérite amplement

722. froggy - 02/11/18 18:19
Franc et Tubiana, Guantanamo kid, l'histoire vraie de Mohammed El-Gorani

Le hasard de mes achats et de l'ordre de mes lectures a fait suivre rapidement la lecture de cet album apres le dernier volume du deuxieme cycle du Pouvoir des Innocents, Car l'enfer est ici. En effet, si le deuxieme est une fiction qui utilise les attentats du 11 Septembre 2001 a New York a des fins romanesques, cet album est bien au contraire une histoire vraie qui relate les consequences de cet evenement sur la vie d'un jeune adolescent saoudien d'origine tchadienne car ses parents ont emigre avant sa naissance en Arabie Seoudite. On dit souvent que la realite depasse la fiction, c'est bien le cas ici et c'est terrifiant.

Le jeune homme ne en 1987 n'a que 14 ans en 2001. Ce detail a son importance dans son recit. Pour diverses raisons expliquees dans l'album, il part s'installer au Pakistan. Quelques temps apres les attentats, un vendredi soir, en sortant d'une mosquee de Karachi ou il etait alle prier, il se fait arreter par la police locale et conduit en prison ou on l'interroge et ou on le torture meme. On le somme d'avouer qu'il fait partie d'une cellule d'Al-Qaida. Il y restera plusieurs semaines et finalement sera transfere a la base americaine de Guantanamo a Cuba apres qu'il ait ete vendu par les autorites pakistanaises a celles americaines, il y restera incarcere jusqu'en 2009 sans avoir avoir jamais ete juge. Il y sera reste 8 ans alors qu'il est innocent car le principal acte d'accusation des autorites americaines a son encontre est qu'il aurait ete un membre d'une cellule Al-Qaida a Londres en 1993. L'annee de ses 6 ans!!!!

L'album raconte comment Mohammed survivra a ces terribles epreuves. Il fait preuve d'une resistance mentale que je qualifierai d'exceptionelle afin de ne pas succomber a la folie comme cela arrivera a d'autres de ses autres infortunes compagnons de prison. On apprend ainsi quelle peut etre la vie quotidienne dans un tel endroit qui est hors du droit, il ne parlait pas l'anglais, il l'apprendra grace a ses interrogateurs mais aussi par certains soldats qui se sont pris de sympathie pour lui. Il raconte les humiliations subies, les outrages commis au Coran par d'autres soldats, il faut dire que Mohammed est un msusulman tres pratiquant, la liste est longue, beaucoup trop de que ce jeune garcon et ensuite jeune homme a du endurer. Il s'en sortira grace a l'intervention d'un avocat de Washington revolte par ce que son gouvernement commet au nom de represailles pour le 11 Septembre.

A ce recit absolument passionnant, je l'ai lu d'une traite et sans aucune interruption, s'ajoute le dessin d'Alexandre Franc que je ne connaissais pas jusqu'a present. C'est un dessin que je pourrai qualifier d'enfantin mais ce n'est pas le cas du tout. Bien au contraire, cette apparente simplicite renforce la puissance du recit, Franc dessine tres bien ses personnages, les decors n'existent que pour servir les scenes, il n'y pas de gras dans cet album, il fallait etre efficace afin de lui donner plus d'impact. En ce qui me concerne, l'objectif a ete reussi.

Cela fait longtemps maintenant que je n'idealise plus les USA, depuis que j'ai appris, vu et vecu de nombreuses choses en fait. Ce livre n'est pas vraiment a la gloire du pays qui a contribue a liberer l'Europe du joug nazi durant la 2e Guerre Mondiale, bien au contraire.

Note finale, 5/5. Un livre inoubliable et au risque d'ecrire un cliche, que j'estime necessaire.

721. froggy - 30/10/18 19:07
Chapron et Dodo, Une histoire corse

Cetr album vous emmenera un peu partout dans le monde et un peu partout dans le temps puisqu'elle se deroule en Corse bien sur, mais aussi a Marseille, Paris, Saigon en Indochine francaise et en Algerie francaise egalement. Quant a l'action elle s'etale de 1942 a nos jours.

En 1982, Catherine en vacances dans sa famille dans l'Ile de Beaute rencontre par le plus grand des hasards un jeune homme qui s'avere etre son demi-frere, Antoine de son prenom. En effet, il s'avere que la mere de Catherine avait eu un autre homme dans sa vie avant qu'elle ne rencontre celui qui allait etre son pere a elle. De ce point de depart, Dodo a imagine une histoire plutot complexe ou s'entremelent amour et haine, mafia, drogues et autres trafics, et puisque nous sommes en Corse, vendetta et nationalisme bien entendu. Catherine etait bien loin d'imaginer tout ce qui allait arriver et tout ce qui s'etait passe quand elle etait venue se reposer cet ete la.

Je n'aime pas du tout le terme de roman graphique, je crois que je l'ai deja ecrit ici meme quelques fois. Cependant, il me faut admettre que ce vocable utilise par les marketeux des maisons d'edition sied remarquablement pour cet ouvrage. C'est un veritable roman ecrit la si ce n'est qu'il a ete dessine. On est embarque dans un tourbillon d'amours et de passions contrariees, avec toute une floppee de gens plus ou moins bien intentionnes aux interets parfois contradictoires, ce qui evidemment entraine des situations conflictuelles qui ne se resoudront pas toujours a l'amiable. Dodo a ainsi tisse une trame qui s'epaissit au fur et a mesure. J'ai bien aime au debut mais au fur et a mesure que le recit avancait et que Dodo ajoutait une couche supplementaire dans son intrigue, j'etais de moins en moins pris, a vouloir embrasser trop d'elements a la fois, elle m'a largue dans tous ces virages. Ne vous meprenez pas, tout est a parfaitement comprehensible et la construction est remarquable, on ne s'y perd pas du tout dans ces meandres dramatiques. Seulement voila, et au risque de ressembler a l'emperereur Joseph II d'Autriche dans Amadeus qui reprochait a Mozart qu'il y avait trop de notes dans L'enlevement au serail, je trouve qu'il y a un trop plein d'intrigues dans cette histoire.

J'ai decouvert Chapron cet ete avec le remarquable Attentat dont je vous avais deja fait part. Cet album ne fait que confirmer son talent. Decors et personnages sont bien campes. Les personnages spnt bien characterises. Comme aux plus belles heures des films de Claude Lelouch, les periodes passees sont traitees de facon sepia pour reprendre un terme cinematographique, je ne connais pas le mot pour la BD. C'est un procede tres simple et tres efficace toutefois qui ne perd le lecteur entre les scenes ayant lieu dans le passe et celles se deroulant dans le present. Chapron s'est mis au service du scenario de Dodo et a essaye de la dessiner avec tout son talent, en ce qui me concerne, c'est une mission reussie.

Note finale, 3,5/5. Malgre ce que j'en ai ecrit, c'est une tres bonne BD et j'ai passe un bon moment a la lire. Le scenario aurait cependant gagne en simplicite, comme dit le proverbe le mieux est parfois l'ennemi du bien.

720. froggy - 30/10/18 17:51 - (en réponse à : Piet)
Tout a fait, il y a avait des types tres dangereux egalement autour de lui, Donald Rumsfeld entre autres.

719. Piet Lastar - 30/10/18 10:12
"Je ne crois pas que Bush Jr soit suffisamment intelligent pour etre aussi machiavélique."
C'est sur mais il n'était pas seul...

718. froggy - 28/10/18 23:54 - (en réponse à : Piet)
Ma these est l'officielle bien sur. Je ne crois pas que Bush Jr soit suffisamment intelligent pour etre aussi machiavelique.

C'est marrant et je passe du coq a l'ane par la meme occasion, je ne le supportais quand il etait a la presidence, rien que le son de sa voix me donnait une crise d'urticaire, c'est vous dire. Quand je vois l'hysterique qui y est maintenant, il me prend de le regretter. Et je ne suis pas le seul.

717. pm - 28/10/18 16:58
Et je veux juste parler de décence. Si en plus l’histoire part sur les théories du complot c’est le bouquet.

716. pm - 28/10/18 16:49 - (en réponse à : Piet)
Je veux dire dans les camps pas pendant la guerre.
Je pense que tu avais très bien compris.

715. Piet Lastar - 28/10/18 12:10 - (en réponse à : pm)
"il est capable de nous pondre un cycle policier pendant la Shoah"

il n'y a pas eu de vols, meurtres, contrebandes, ... pendant cette période ?

714. Piet Lastar - 28/10/18 12:04 - (en réponse à : froggy)
La deuxieme chose sur laquelle j'ai pas mal tique est sur la responsiblite des attentats. Il y a beaucoup de theories plus ou moins fumeuses sur la question.

Quelle est ta thèse ?

713. pm - 28/10/18 09:22 - (en réponse à : froggy)
Ce que tu écris non seulement ne me donne pas envie et fait plutôt froid dans le dos, mais pas tellement à cause des invraisemblances. Brunschwig est vraiment un scénariste bien lourd et sans aucune délicatesse ni recul.. À ce rythme là il est capable de nous pondre un cycle policier pendant la Shoah sans être gêné.

712. froggy - 28/10/18 01:43
Le pouvoir des innocents Cycle 2, Car l'enfer est ici 5, 11 septembre

Il y a bien la BD d'Art Spiegelman, A l'ombre des tours mortes mais je ne l'ai pas lue, je crois que c'est le premier album de BD que je lis qui incorpore l'evenement qui a marque le veritable debut du 21e Siecle. Jusqu'a present, le 11 septembre etait lie au coup d'etat au Chili de 1973 et a l'assassinat de Salvatore Allende par la junte militaire de Pinochet et ses sbires. Depuis 2001, il en est bien autrement.

Pour une fois je ne sais pas si je vais pouvoir critiquer sereinement cet album. En effet, ayant vecu a New York pendant un peu plus de 23 ans, j'y etais ce jour la et il est evident que son evocation d'une maniere ou d'une autre me donne des frissons. Pour ne rien vous cacher, pendant tres, tres longtemps, j'avais du mal a retenir mes larmes quand on me demandait mes impressions sur cette journee et j'etais incapable de voir la moindre image des avions rentrant dans les tours et de tout ce qui s'ensuivit. Cela va un peu mieux maintenant. Meme encore aujourd'hui, quand il fait tres beau, que le ciel est d'un beau bleu, que la temperature est ideale car c'etait une tres, tres belle journee de fin d'ete, je ne peux m'empecher d'y penser. Et les millions d'autres gens qui etaient a New York ce jour la sont comme moi, nous avons tous subi un veritable traumatisme. L'onde de choc de cet evenement continue a se repercuter partout dans le monde et continuera encore longtemps. Je ne veux pas me montrer egoiste, ce n'est rien compare aux familles de toutes les victimes que ce soit aussi bien celles de New York, d'Arlington que de Pennsylvanie.

La couverture etant ce qu'elle, elle ne cache pas ce qu'il en sera dans cette histoire. Le recit commence par le premier jour du proces de Joshua Logan, accuse d'avoir assassine les 508 invites de Steven Providence, le boxeur supporter de Jessica Ruppert qui venait d'etre elue maire de New York. Tout cela est l'objet du premier cycle dont je ne peux vous recommander que la lecture tellement c'est bien, je crois que je l'ai deja ecrit souvent ici meme mais j'ai inscrit Le Pouvoir des Innocents Cycle 1 dans mon Top Ten des meilleures BD. Pour en revenir a cet album, ce premier jour est le 1e mars 2001, l'avocat de Joshua defend becs et ongles son client. En meme temps, un homme se fait arreter pour viole sur une mineure bienq ue celle-ci etait consentante et est folle amoureuse de cet homme. Or cet homme n'est rien d'autre que est le bras droit d'un mafioso que la police veut arreter depuis bien longtemps. Avec ceci, Brunshwig ajoute ce qui se passe a La Maison-Blanche et bien entendu, le personnage de Jessica Ruppert n'est pas en reste, elle aussi a son mot a dire dans cette histoire. Cela sonne apparemment tres complique mais en fait c'est d'une extreme limpidite, le scenariste agence les sequences et et scenes avec une excellente maestria sans perdre le fil de son histoire. Le lecteur sent que tout a ete pese et que rien n'a ete laisse au hasard. Le cycle se termine par la decision du jury alors que les tours jumelles viennent de s'effondrer.

Ce qui aide enormement dans cette histoire est la qualite du dessin de Laurent Hirn, que l'on ne presente plus. Il rend encore plus vivant les personnages tels que si bien ecrits par Luc B. Ce dernier a un reel talent pour ecrire des personnades qui soient de chair et de sang et son dessinateur les magnifie par la qualite de son trait, l'humanite qui se degage de chacun d'eux est vraiment saisissante, ils sont tous plus vrais que nature. Aux personnages s'ajoute la qualite des decors qui je presume pour les cases montrant les attentats a ete fait au moyen de la table lumineuse, les images tels que dessines reprennent ces photos que nous avons tous vues.

Il y a quand meme une enorme erreur et c'est pour cela que je ne peux pas etre objectif dans mon opinion sur cet album. Je ne pense pas commettre de spoilers dans ce que j'ecrit. Le dernier acte se deroule le 11 septembre, jour attendu du verdict apres un proces qui aura dure un peu plus de 6 mois et aura passionne le public. Le jour du veritable 11-Septembre, et apres que les tours se soient effondrees, c'etait la panique et le chaos le plus complet dans toute la ville, Manhattan bien sur mais aussi les 4 autres boroughs. Toutes les administrations ont ferme leurs portes en fin de matinee, or Brunschwig a imagine dans un souci de license dramatique comme si les deux evenements etaient lies que le verdict etait rendu ce jour la mais en fin d'apres-midi seulement, ce qui a ete evidemment impossible

La deuxieme chose sur laquelle j'ai pas mal tique est sur la responsiblite des attentats. Il y a beaucoup de theories plus ou moins fumeuses sur la question. Celle qu'a imagine le scenariste ici est totalement invraisemblable et l'est tellement pour un lecteur qui vit ici d'y adherer completement.

La lecture de cet album m'a fait penser a une episode de La quatrieme dimension, la BD se veut realiste, elle me montre une ville de la maniere la plus realiste possible. Or, je connais tres bien ladite et les evenements decrits dans l'album se sont veritablement passes mais il y a de telles libertes avec la realite que je me suis detache de l'histoire.

Note finale; 4/5. Je mets cette note plus pour le dessin que je trouve vraiment superbe que pour le scenario a cause de mes remarques.

711. herve - 21/10/18 21:28 - (en réponse à : froggy)
Ravi que ce dernier opus de Berthet t'ai plut.
J'avais aussi aimé ce polar

710. froggy - 21/10/18 00:36
Berthet et Raule, L'art de mourir

C'est un bon titre mais il est assez passe-partout. Vous connaissez peut-etre le titre original du roman d'Agatha Christie, les vacances d'Hercule Poirot, Evil under the sun, une de ses intrigues les plus alambiquees et une de ses meilleures assurement. Ce titre aurait tres bien pu s'appliquer a cette BD policiere car le mauvais est vraiment le Mal personnifie et l'action se passe sous le soleil de Barcelone.

Philippe Martin, un inspecteur de police francais qui travaille a St Denis, dans la banlieue parisienne est appele dans la capitale catalane pour reconnaitre le corps de sa fille qu'il n'a jamais connue. Cette jeune femme de 25 ans s'est apparemment suicidee. Notre inspecteur va donc mener l'enquete pour connaitre les circonstances de ce suicide, par la meme occasion, il retrouvera, la femme qu'il a tant aimee et qui l'a quitte 25 ans plus tot alors qu'elle etait enceinte. Il aura a faire a un adversaire particulierement redoutable par sa grande cruaute comme nous le montre sa scene d'introduction. Ce type est une teigne immonde aupres de qui on pourrait presque comparer Russ Dobbs et Doc Wetchin, les adversaires de Red Dust dans Le ciel est rouge sur Laramie de Comanche a des enfants de choeur, c'est vous dire le degre d'ignonimie du personnage.

Un des plus celebres adages hitchcockiens est "Plus reussi est mechant, plus reussi est le film". Il est evident qu'on peut le transposer avec succes et sans aucun probleme a la BD ou les mauvais de legende sont flores. Ils ont pour nom Olrik, Arbaces, Mr Choc, Le Bourreau, Lady X entre autres. Ici, il s'appelle San Pedro Sula et je l'inscrit d'ores et deja dans le Pantheon des meilleurs mauvais de la BD. Mais il ne faut pas seulement un bon mauvais (!) pour faire une bonne BD, il faut aussi une bonne histoire et c'est le cas ici.

Avec cet album, Berthet a fait appel au scenariste de Jazz Maynard, Raule pour sa collection Ligne Noire. Les titres precedents sont tous d'excellente qualite et ravissent tous les amateurs du genre, celui-ci ne deroge pas la regle. J'ecrirai meme qu'il est legerement meilleur grace a la qualite de l'ecriture et a la personnalite du mauvais. Curieusement, ou pas selon les points de vue, le moins bon maintenant serait celui ecrit par Zidrou, Le crime qui est le tien qui est un bon album malgre tout.

Raule a ecrit une histoire tres, tres noire qui sert de pretexte a faire un petit tour de Barcelone, le lecteur passe ainsi des beaux quartiers ou vivent les gens riches a ceux plus populaires. On visite aussi quelques endroits touristiques bien que l'on n'y voit pas la Sagrada Família, la basilique. Mais comme tout le monde la connait, cela n'a aucune importance. Par contre deux scenes importantes ont lieu dans le telepherique qui surplombe le port pour l'une et dans un labyrinthe situe dans un jardin pour l'autre. Ces deux scenes concluent le recit apres une lente montee vers le suspense. Ces deux scenes sont des scenes d'action et la deuxieme sert de climax au recit. L'histoire est tres bien construite, et on tourne les pages avec avidite tellement elle est prenante. Qui plus est et ce n'est pas un moindre, les personnages principaux sont tous tres bien ecrits, celui de San Pedro est cependant plus caracterise par sa mechancete qu'autre chose. Le personnage du conducteur du taxi aux bons dialogues apporte une agreable bouffee d'air frais dans cette atmosphere deletere.

J'avais ecrit dans une de mes chroniques consacrees a un des albums precedents de cette collection que je trouvais que le dessin de Berthet n'avait pas beaucoup change depuis que j'avais lu ses debuts dans Spirou en 1981. J'avais ete immediatement seduit par celui-ci et je pense avoir achete tous ses albums depuis son premier chez Dupuis, Couleur cafe. Dans son dernier opus, c'est le rendu des decors qui a beaucoup change et cela m'a frappe des la premiere grande case nous montrant la ville. Malheureusement, je ne suis pas suffisamment qualifie en dessin pour l'exprimer avec des mots. Je pense que ses decors barceloniens sont alleges de pas mal de fioritures et coquetteries graphiques cheres au dessinateur qui lui vont si bien et qui font partie du charme de son dessin. Ainsi, il dessine tres bien les voitures d'habitude, or la Maserati Ghibli 1967 que l'on voit ici est restituee differemment de ce a quoi il avait l'habitude de faire dans ses albums precedents. Est-ce que c'est du au crayonne? A l'encrage? Aux couleurs? Je ne sais pas mais cela me semble etre une evidence. Ce n'est ni mieux, ni moins bien qu'avant, c'est different, c'est tout. Reviendra-t-il vers un style auquel il nous avait accoutume? Nous le saurons avec son prochain album.

Ce qui n'a pas change par contre est la maniere dont il dessine ses personnages. Il n'y a pas de gens laids chez Berthet, ils sont tous beaux, les femmes comme les hommes. Meme le heros porte superbement sa cinquantaine. Il y a une elegance du trait chez le dessinateur qui me plait toujours autant 37 ans apres ses debuts. Quand j'ouvre un de ses albums, je continue a etre seduit. Ce que j'ai aime aussi dans cet album est le fait que l'on ne voit pas le visage de son ex-epouse, on ne le voit que dans l'episode du retour en arriere, quand ils se sont rencontres et ce qu'il advint. J'ai trouve que c'etait un bon parti pris de mise en scene.

Note finale, 4,75/5. C'est une reussite de bout en bout, un bon scenario et un dessin qui va parfaitement avec. C'est tout a fait le genre de BD distrayante que j'aimerais lire plus souvent. Manifestement, Barcelone a reussi a Berthet.

709. froggy - 20/10/18 00:21
Sherman 8, Les chemins de Jeannie. 1969

Cet album conclut le cycle entame il y a deux ans maintenant et surtout conclut la serie. En effet, a moins que Desberg nous fasse un coup a la maniere des scenaristes de la serie Dallas, il semble que cette mini-serie s'arretera sur ce tome.

Nous avons donc la resolution de l'intrigue du tome precedent, a savoir, pourquoi et qui a tue Ludwig, le mari de Jeannie? Jeannie, la suspecte numero 1 pour Scotland Yard qui mene l'enquete. Comme dans un bon whodunit d'Agatha Christie, la reine du genre, le ou les coupables n'est/ne sont pas forcement ceux a qui on pense. Cependant, c'est une histoire d'espionnage ou se mele egalement sentiments amoureux aussi bien filiaux que matrimoniaux.

Il s'avere qu'en fait, le lien avec le cycle precedent est tres tenu puisque le seul rapport que ce dyptique reside dans les personnages de Jeannie et de Ludwig, ce dernier n'apparaissant que dans des retours en arriere. Il n'y a aucune reference au personnage de Sherman. Cette histoire aurait tres bien pu etre un simple one-shot avec des personnages portant un nom different, cela n'aurait rien change. Il est evident que Le Lombard a prefere publier cela avec le nom generique de cette mini-serie, qui a remporte un petit succes d'estime d'apres ce que j'en sais. Pourquoi pas, me direz-vous? C'est de bonne guerre. Heureusement que cet album est bon, cela sauve donc l'entreprise parce que sans cela, cela aurait ete de l'escroquerie.

J'ai trouve le dessin de Magda aussi agreable et plaisant que d'habitude bien que certaines cases soit franchement ratees, le suicide de l'un des protagonistes qui se jette par la fenetre et le decoupage d'un accident de voitures par exemple. Comme je l'avais ecrit pour la premiere partie de cette histoire, je ne comprenais pas pourquoi elle avait ete choisie pour succeder a Griffo qui avait dessine les 6 premiers albums. Maintenant, je sais. Cela aurait pu etre n'importe qui d'autres, meme Vuillemin a la limite, car il n'y a quasiment aucun lien entre les deux cycles.

Je regarde toujours avec attention les voitures dessinees dans les albums dont l'action se passe d'avant les annees 90, c'est a dire quand les automobiles ne se ressemblaient pas toutes entre elles et j'ai remarque que la dessinatrice a place beaucoup de MG dans son histoire. Je me demande si ce n'est pas un clin d'oeil discret a son scenariste et a elle-meme, Magda-DesberG.

Note finale, 3/5. C'est une bonne conclusion a une bonne serie. Elle ne restera pas dans les annales de la BD mais elle laissera un bon souvenir a tous ceux qui l'ont lue

708. suzix@bdp - 16/10/18 14:27
"montré"

707. suzix@bdp - 16/10/18 14:26
et moi je suis content de t'avoir montrer une autre facette de cette BD. C'est un haut fait d'arme bdphile! (;o)

706. suzix@bdp - 16/10/18 14:23
oui il a plusieurs niveaux de lectures. On peut s'arrêter à la fille qui met un chemisier qui plait aux hommes ou philosopher sur les aspirations humaines les intimes. Est-ce que se libérer totalement est moral ? Ce doit être un thème abordé en philo ça non? ... j'ai pas fait philo. Moi j'ai fait physique! (;o)

Vivès est un très bon raconteur d'histoires en BD. J'avais bcp aimé "Une soeur" aussi.

705. Danyel - 16/10/18 13:24
Je suis d'accord avec ton spoiler.
En fait, le côté léger de cet album n'est qu'apparent. Je m'en rends compte avec le recul et en en discutant avec toi.
Vives est décidément très fort.

704. suzix@bdp - 16/10/18 09:48
... ne serait-ce pas finalement du bovarysme que nous a écrit là Bastien Vivès?

703. suzix@bdp - 16/10/18 09:41
Une "fable", c'est le mot qu'il me manquait. Merci Daniel. On voit qui a fait des études littéraires! (;o)

SPOILER Je n'ai pas mis cette révélation de soi uniquement sur l'attirance qu'ont les hommes envers l'héroïne lorsqu'elle porte le chemisier. Elle le ressent et cela lui plait mais c'est la face sombre de sa personnalité que cela révèle. Ce mauvais djinn qu'est le chemisier va la pousser à expérimenter sa nouvelle "condition" de femme à l'excès. C'est le combat entre la liberté d'être à tout prix contre trouver sa place dans la société. Elle avait bcp plus besoin d'attention que de sexe. Chamboulée par son nouveau pouvoir de séduction, elle en abuse et c'est finalement le seul qui lui prêtait (un peu) d'attention (son petit ami lui demande si ça va dans une des premières scènes lorsque tous les autres ne la voient pas) qui va être la victime principale de cette nouvelle femme fatale qui bout du désir de vivre et va tout sacrifier pour sa satisfaction personnelle. Etait-elle déjà ainsi intérieurement avant ou bien est-ce sa nouvelle condition qui l'a changé? Sans doute un peu des deux ... c'est donc à mon sens, aussi une histoire sur l'égoïsme en même temps que sur la difficulté à vivre avec du pouvoir nouvellement acquis ... n'est-ce pas M. Bennalla!? (;o) Fin SPOILER

702. Danyel - 16/10/18 05:58
Dans l'histoire, l'estime de soi de l'héroïne naît du désir brut qu'elle génère chez les hommes quand elle porte le chemisier. C'est donc grâce à un simple accessoire qu'elle prend confiance en elle et s'impose. C'est aussi par ce même accessoire que les hommes, ces gros bourrins, la remarquent.
Le constat est désabusé et est à prendre comme une fable sur notre époque et l'obligation du paraître. Le diktat des temps modernes : vivre par le regard des autres et la marchandise. Autrement dit, une version contemporaine de la société du spectacle.



 


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