Nous, lecteurs, méritions peut-être davantage, à voir, de dos, ce joli corset qui déshabille une jolie brune. Mais quand on enlève le fard, et qui plus est la lingerie, force est de constater qu’une fois démaquillé par un regard inquisiteur, l’album souffre de péchés de jeunesse.
Tout aurait pourtant pu bien commencer, en installant une histoire dans le Vienne de 1900. Le hic, c’est le procédé : utiliser à l’envers le point de départ du film sublime « My Fair Lady », à savoir que deux crétins de riches branleurs parient pour savoir si d’une gouailleuse des rues, on pourra faire une femme du monde. Dans le cas présent, nos deux fortunés s’imaginent de transformer un gentil et pauvre gosse, qui lui aussi bat le pavé, en une sorte d’œuvre d’art du crime. Bonjour l’originalité.
S’il n’y avait que cela. Nos deux démiurges traversent également l’art de leur époque, dont le mouvement passé à la postérité avec des peintres tels que Schiele ou Klimt. Or, ce mouvement, la « Sécession », en réaction avec l'art académique de l'époque, n’apparaît que comme un vague décor, toile de fond d’une intrigue sans caractère. Le dessin, lui aussi caricatural, aurait pu donner de l’envergure au récit, en imposant le Vienne de 1900. Mais non. « L’Assassin qu’elle mérite » n’est pas une mauvaise BD. Juste une occasion manquée.
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