Quatre ans ! Il aura fallu quatre ans et de nombreux avatars éditoriaux pour que sorte enfin cet album, charnière du second cycle des aventures de Makabi. Ou plutôt de celles de Lloyd Singer, les éditions Bamboo ayant choisi, en récupérant la série dans son catalogue « Grand Angle », de lui offrir une nouvelle identité en même temps qu'un nouvel habillage graphique.
Le dernier tome de la série d’origine a lui-même été retitré dans un souci de cohérence, passant de « Juke Box » à « Quantico ». Le récit était en effet tout autant – sinon plus – axé sur la quête d’identité de Lloyd Singer, plongé dans l’univers peu hospitalier de l’académie du FBI, que sur ses entretiens avec la victime défigurée d’un tueur en série au long cours. « La chanson douce » change de braquet, orientant radicalement le propos sur l’enquête. Brunschwig n’en reste pas moins fidèle à la ligne narrative complexe qu’il avait développée dans le précédent album, constants allez-et-retours passé-présent, articulés autour d’un moment clef. Avec, pour la bonne forme, la suite des mésaventures de la famille Singer, dont les blessures pèsent toujours sur l’équilibre de Lloyd.
Le trait d’Olivier Neuray donne sa cohérence à l’ensemble, offrant une vraie densité à ce personnage atypique, apparemment insignifiant mais crédible dans l’action, tourmenté, enfermé dans ses propres contradictions, d'autant plus courageux qu'il surmonte quotidiennement ses peurs. Les deux auteurs laissent une fois de plus leur création en situation de crise, jouant avec le lecteur, sacrifiant volontiers à la tradition du cliffhanger. Pas question, cependant, d’attendre quatre ans le tome 6, « Seuls au monde », qui doit clôturer ce second cycle des aventures de Lloyd « Makabi » Singer. L’affaire est d’ores et déjà dans la boîte, la parution en est prévue pour le mois de juin. Un tome 7 est même en cours de préparation, nous apprend l’éditeur, mais avec un autre dessinateur, Olivier Martin, aux côtés de Luc Brunschwig.
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