Les 7 critiques de Abdel Razek sur Bd Paradisio...

Je dois avouer que les premières critiques de cette nouvelle série m'ont laissé sur le flanc. C'est à croire que le mal oculaire dont souffre Jacques Martin affecte aussi une partie de ses lecteurs. Un travail besogneux ne justifie pas des éloges sans fondement dès lors que le talent est aux abonnés absents. Certes les décors de cet album sont très soignés (comme toujours ches Martin), mais cela n'en fait pas pour autant une réussite. Le bas blesse une fois de plus au niveau du scénario, car Jacques Martin n'a plus rien à dire depuis longtemps (Le dernier spartiate est loin, très loin). Et surtout, son dernier disciple n'a pas plus d'aptitudes à dessiner des personnages que le reste de ses collaborateurs actuels. Et un "Vrai Dessinateur" n'est pas un simple décoriste. Le mystère de la création réside essentiellement dans l'interprétation des personnages. Or, les insuffisances d'Olivier Pâques sont telles que l'on a aucune illusion sur ses potentialités à court, moyent et même très long terme. Il suffit de le comparer avec un virtuose comme Delaby pour évaluer ce qui le sépare de la grâce maîtrisée... Un goufre insurmontable...

INFANTICIDE ARTISTIQUE EN TOUTE IMPUNITE !!! Doit on mettre un dessinateur en péril sous tutelle artistique ??? La question mérite une réflexion approfondie à en juger le cas Jacques Martin (il en est de même pour Uderzo au passage). Englué dans son Fleuve de Jade après nous avoir gratifié de son plus retentissant crash lors de la chute d'Icare, notre octogénaire à la mégalomanie galopante ne semble pas décider à lever le pied, avec un programme éditorial qui est chaque année un peu plus copieux (désormais 4 nouvelles séries, plus un peu près autant de nouvelles collections didactiques). Et pourtant la seule solution sensée pour préserver la pérénité de son oeuvre aurait été une interdiction absolue et définitive de publication. Alix, Lefranc, et Jhen ne méritaient pas cette triste agonie collective...

C'est un ouvrage essentiel pour qui se passionne pour la carrière de Jacques Martin. Mais la plupart des fans ont déjà l'une des deux premières éditions (parues en 84 & 87). Depuis 15 ans, je doute que Jacques Martin se soit fait beaucoup de nouveaux admirateurs compte tenu de sa vertigineuse chute artistique. On apprend dans cette troisième version que l'avenir "est assuré". Alain De Kuyssche fait preuve d'une flagornerie insupportable. Comment peut on se réjouir de voir Martin détruire son oeuvre en multipliant à 81 ans les projets (rien que 4 nouvelles séries, pas moins, du délire mégalo), recréant en quelque sorte pour réaliser ses chimères sa "Pop Star Academy des Bas Arts Graphiques"... Tout cela est bien triste. La comparaison des derniers Alix ou Lefranc avec ceux des deux ou trois premières décennies donne une idée du désastre...

Cette première biographie de l"Ami Jacques" Van Melkebeke intéressera tous les fans de Jacobs et Hergé, soucieux de vérité... Enfin, on réhabilite cette figure historique de la BD, co-fondateur de l'Ecole de Bruxelles en 1941 bien malgré lui. Cet ouvrage très bien écrit a pour principal mérite de confirmer l'apport de Jacques Van Melkebeke à Hergé et Jacobs. Son intervention est incontestable dans l'élaboration d'une bonne douzaine d'albums de B&M ou Tintin. Malheureusement, les documents manquent car la plupart des principaux témoins sont décédés, si bien que B. Mouchart ne peut nous apporter des pièces concrètes. On aurait aussi aimé savoir pourquoi Chantal Hasumi-Van Melkebeke garde le silence sur la collaboration de son père aux deux séries phares de la BD franco-belge. Un travail d'historien fort louable.

Enfin une série bien écrite, magistralement mise en images par un dessinateur virtuose, qui trouve ses marques dès le 3me album. Les personnages sont habités, les ambiances servies par une mise en couleurs subtile sont bien senties. A suivre et à poursuivre...

Je vais abonder dans le sens de Stany. Cette histoire insipide n'apporte rien à la série. C'est le ènième album indigeste de Lefranc que nous livre Jacques Martin, servi par un dessinateur sérieux mais furieusement laborieux, incapable d'insuffler une once de vie à ses personnages. Certes Jacques Martin souffre de réèls problèmes oculaires depuis plus de 10 ans, mais cela ne l'excuse pas. Il impose à ses "ex-fans des fifty-seventies", le spectacle d'un interminable naufrage, assisté en cela par une équipe de "bras cassés" sans grands talents. Encore combien de combats de trop nous livrera l'ex N°3 de l'Ecole de Bruxelles ??? Peu, espérons le...

"PAR HORUS DEMEURE !!!" Que dire de cet ersatz au dessin fébrile et à l'imagination plus que déficiente ?!?! Pathétique pastiche marketing de Blake et Mortimer, il ne peut que provoquer hilarité et consternation chez les initiés du Maître du Bois des Pauvres, comme chez les amateurs de beaux dessins par ailleurs. Le seul mérite de ce type d'album est d'élever un peu plus haut -s'il en était besoin- l'oeuvre géniale de Maître Jacobs. Sieur Marniquet, dessinateur on ne peut plus malhabile et visiblement sans état d'âme atteint donc des sommets himalayeques dans le grotesque. Parodie-t-il "à l'insu de son plein gré" l'un des plus beau fleuron du 9me Art ??? Il peut à cette occasion s'enorgueillir de "fumer" le pourtant nullissime Pascal Zanon. Nous devrions avoir de la compassion devant leurs revendications de l'héritage jacobsien. Ils font montre de bonnes volontés ces malheureux, mais ne sont pas armés -loin s'en faut- pour rivaliser avec une pointure telle que Jacobs. Après les reprises laborieuses de Blake et Mortimer par De Moor, Benoît, et Juillard, nous avons une fois de plus la démonstration de la complexité de jouer dans la cour des grands de l'Ecole de Bruxelles. Leur style au premier abord simple, est évidemment bien plus ardu à maîtriser, n'en déplaise aux détracteurs des Classiques. Je vous invite donc à relire les Hergé, Jacobs, ou encore Martin, en attendant qui sait, si un jour, des héritiers crédibles apparaissent enfin...