Cet album est écrit quasi en huis-clos entre deux protagonistes : deux jeunes médecins fraîchement sortis des études, l'un assez impatient de pratiquer, et l'autre, plus philosophe, ayant envie de profiter de la vie telle que le destin la lui présentera.. Ce dernier, Algernon Woodcock, de petite taille mais de grande intelligence, décide donc de suivre son ami, William Mc Kennan, dans son poste de remplacement, dans un petit village de campagne, aussi sordide qu'isolé. Les mentalités, l'ambiance, les maisons, les rues, tout dégage le vieux, l'ancestral, le mystérieux... Et lorsque Algernon est appelé en remplacement de William, alors que ce dernier était absent, il ne reviendra pas de cette visite indemne. Un petit quelque chose a changé. Son discours également. Il s'isole pour ne plus en sortir que meurtri, voire fou. Le récit est essentiellement construit sur les échanges entre ces deux personnages, jeux de verbes et de pensées philosophiques, visions du monde et de la société (rappelons que nous sommes en Ecosse, au XIX siècle..). L'étrange s'immisce, William ne comprend plus rien et cherche des pistes pour aider son ami. Mais celui-ci semble s'être enfermé et ne répond plus aux appels. L'ambiance plus que tout autre, est palpable dans l'album, qui plus qu'une mise en place, vous englobe complètement, vous absorbe de la tête au pieds.. de sorte que vous en sentez la brume qui se dégage des planches superbes de Sorel. Car quel plaisir de retrouver le talent de ce dessinateur, très proche de la peinture, où chaque planche, chaque case est une fenêtre sur un monde, sur une atmosphère. Grandiose. Superbe. Envoûtant.