Les 38 critiques de Nevermore sur Bd Paradisio...

"Terreur jaune" est probablement l'un des meilleurs de la série. Certes, le coté "Sherlock Holmes" américain m'ennuye toujours dans une série où la résolution du mystère ne constitue pas le centre d'intérêt principal (le seul album ayant suivi la logique d'Arthur Conan Doyle étant "le secret de Raspoutine", où le détective se livre réellement à un travail d'induction-déduction). Mais en revanche, cette histoire est la plus sinistre et la plus terrifiante du genre. Rien que la couverture de l'album constitue une invitation au voyage dans le monde de l'horreur. L'idée (joliment torturée) de lier des assassinats surnaturels à la situation politique de la CHine à la même époque est excellente. Les premières séquences de l'histoire sont vraiment originales, et si l'auteur exploite à plaisir la fameuse "cruauté asiatique", on donnera en plein dans le piège en repensant à la tradition d'avant-guerre des FU Manchu et autres hantises qui préoccupaient les Européens à cet époque à l'encontre de l'Orient. ON n'échappera inévitablement à la série noire des morts par hécatombe (X meut, puis Y aussi et Z aussi... tous de la même manière... donc c'est le même assassin, c'est le même mobile... on connait le refrain, mais difficile de faire autrement dans une histoire basée sur une enquète policière. La conclusion est surprenante à souhait, même s'il faudra bien que quelqu'un m'explique en quoi se réfugier dans un sauna vous sauve d'un démon. Et le personnage énigmatique qui surgit commme un diable de sa boite dans l'ultime illustration relance le débat sur Fu Manchu, comme dans une histoire qui se renouvelle en permanence. QUant au graphisme, de vrais progrès par rapport aux albums précédents, et Roman a cette fois ci réalisé un véritable effort pour nous rendre Miss Symons plus jolie que jamais.
Beaucoup d'attente sur cet album... pour une déception quasi-complète ! Le graphisme est lisse à souhait et les traits de personnages, quant ils ne sont pas inexistants, sont interchangeables. LE scénario se perd dans des excentricités invraisemblables (sous marin allemand dans l'Amazone, jeu d'échec dont un enfant de 4 ans pourrai résoudre le problème pour ouvrir un sas, X° menace apocalyptique...) Des conventions lassantes : l'engin volant "intelligent (le Tsar), un missile cubain, Yoko se fait une nouvelle copine (une de plus)... Et puis ce monde de plus en plus féminisé, réaliser avec des femmes pour des femmes par un auteur ayant la sensibilité d'une femme... pourquoi pas ? Mais alors aussi bien mentionner "interdit aux hommes !" EN effet, Pol et Vic ne sont que des pantins, et les seuls personnages d'envergure sont naturellement les méchants (dont Yoko provoquera la perte - involontairement, car elle est bouddhiste, donc il faut les tuer sans qu'elle en soit directement responsable – une hypocrisie bien inutile. Le plus regrettable reste que le scénario ne m'a pas touché un seul moment. ON dénote ici et là quelques touches de sensibilité (sinon la note aurait été de 1/5 !) La lecture des "3 soleils de Vinéa" donne une envie folle de penser qu'il vaut mieux rester conservateur ou réactionnaire que donner le sentiment d'évoluer... pour le pire.
"Le 7° cri" m'a beaucoup déçu, et je regrette d'être le seul (en dehors de Thierry Bellefroid) à me prononcer sur le sujet, car la série de Savard mérite vraiment le détour. Malheureusement, cette fois, je crains qu'il ne se soit fourvoyé. L'intrigue est passionnante... jusqu'aux dernières pages qui, hélas, déterminent la qualité même de l'histoire. Beaucoup de suspense pour une explication torturée et peu convaincante. La raison m'en semble être le choix par l'auteur de ce qu'on pourrait appeler le "fantastique expliqué" : agiter l'odeur d'une histoire surnaturelle pour mieux retomber au final sur une explication prosaïque et qui se veut rationnelle... le problème étant que dans ce genre d'histoires, l'explication est rarement rationnelle car tout simplement peu crédible. "Le 7° cri" n'y fait pas exception : comment croire un moment que le professeur Malhet a pu orchestré toutes ces morts si étranges ? Comment a t'il fait pour laisser entrevoir à Hérisson celle de son ami Langoulvent au cours d'une impossible séance de médium dans ce qui ressemble à un mauvais rêve ? Pourquoi d'ailleurs veut il le berner au moment où Hérisson n'a même pas encore décider d'enquêter sur l'affaire et ne représente donc pas un danger pour lui ? Comment fait il pour apparaître de manière fantomatique à son fils (une énigme qui restera irrésolue par Hérisson ?) D'autant plus que l'intérêt qu'il recherche est des plus mesquins : acquérir la fortune de sa femme et empêcher son fils de toucher l'héritage ! Et on se dit : "Toute cette mise en scène si sophistiquée pour si peu !" Je préfère Savard quant il opère un choix clair entre le récit policier purement rationnel, même s'il peut être macabre ("L'ombre du torero") ou le récit purement fantastique-SF ("La conspiration des poissonniers"). Hésiter entre ces deux options mène rarement à quelque chose de convaincant. Ce n'est pas impossible, mais difficile. J'espère vraiment que Savard renoncera à ce procédé risqué du "fantastique-qui-ne-l'est-pas" dans ses prochaines histoires.
Je mettrais plutôt quelque chose entre "J'aime beaucoup" et "Moyennement". Le dessin de Swolfs est irréprochable, et mérite d'être retenu un jour si on veut faire une histoire de la BD au tournant de ces deux siècles. Son talent se prête bien ici à la thématique fantastique (genre hélas encore trop peu exploité de nos jours). Comme j'attache tout de même une grande importance au scénario, plus grande peut être qu'au dessin, je suis contraint de me montrer plus nuancé. Encore une fois dans la série, parralèle entre le passé et le présent, l'action se précise avec une première rencontre entre Kergan et Vincent de Rougemont. Mais la victoire de Vincent est trop aisée (enfin, nimporte quel vampire vétéran ne se laissera jamais avoir par le temps qui passe et la venue du jour !). La "vampirisation" d'Elise nous rappelle que Swolfs adore mélanger, comme dans la série "Dampierre", de manière parfois trop complaisante l'horreur et le sexe (mordre la femme au pubis... sans être pour autant bégueule, on peut trouver cela de mauvais goût). Pourquoi enfin au final nous promettre la mort du vampire, lequel bien sûr va réapparaître à l'album suivant ? Dans l'ensemble, j'ai pourtant aimé, mais avec les réserves que je viens d'énoncer.
J’avoue avoir été plutôt déçu par cette suite à “La conspiration infernale”. Certes, la série conserve ses qualités habituelles (précision dans les décors, amour des véhicules de tout genre dans les années 30, courses poursuites et retournements de situation à gogo, les personnalités de l’époque croquées comme Churchill ou Edouard VIII... et puis les inévitables clins d’oeil, que certains peuvent trouver irritants, mais que j’estime personnellement amusants : (ré)apparition du senhor Da Silva dans un bazar à Istanbul, un communiste italien appelé “camarade Gino” (pour Gino Cervi, bien sûr, dont les traits rappellent l’acteur qui jouait “Peppone” dans la série des “Don Camillo"), et pour les passionnés de Stevenson : l’auberge de l’amiral Benbow ! Ensuite, le contexte historique est bien cerné : la future alliance d’Hitler avec Staline, l’orchestre rouge, l’espion communiste Léopold Trepper, les sympathies fascisantes d’Edouard VIII, un milicien fasciste italien entrevu dans telle case qui évoque l’époque mussolinienne... Hélas, des défauts en contrepartie : d’abord, c’est vrai, soulignons les traits de Vanderhaegue qui n’arrive tout simplement pas à dessiner une jolie femme (la “ravissante Georgette Cuvelier”, vraiment ? Il faut le dire vite !). Mais c’est surtout le scénario qui m’a embarrassé : “La conspiration fantastique” était déjà l’histoire du retour de Dickson en Angleterre, pourquoi le faire encore péniblement passer par Istanbul et Rome et l’Ecosse dans cet album là, pour n’arriver à l’essentiel qu’à la page 32 ?! La scène où Lady Minerva intervient avec le clan Campbell en se prenant pour Rob Boy, vêtue d’un kilt, le sabre au poing, est ridicule. L’idée d’un frère jumeau (et sosie) d’Edouard VIII qu’on ramène de Russie est proprement invraisemblable, et finalement, toute cette entreprise n’aura servi à rien : ce sosie meurt, Dickson a raté sa mission, et si Edouard VIII abdique, c’est pour les raisons que l’on sait (son amour pour une divorcée, peut être ses relations avec le nazi Von Ribbentrop), rien que de très facile... alors à quoi bon s’être cassé la tête à ramener un sosie d’union Soviétique sensé prendre sa place ?! Non, là, Zanon s’est fourvoyé dans une intrigue politique dont j’aurais été prêt à admettre la complexité si la fin avait été plus convaincante. Espérons qu’il ne s’agit là que d’un accident, car “La conspiration fantastique” était réellement prometteuse.
J’avais perdu de vue Yoko Tsuno depuis mon enfance, mais le hasard a voulu qu’à 38 berges,jai redécouvert plusieurs de ses albums,ce qui m’a permis de passer d’excellents moments et d’avoir un regard plus détaché sur l’ensemble de la série, que certains ados qui l’ont suivi continuellement, et qui la trouvent trop puérile parce qu’ils pensent avoir grandi, à tort ou à raison... Je reconnais que l’histoire, racontée dans un style délibérément simple pour le rendre accessible aux 10-12 ans, la science-fiction en moins, et seulement parcourue de quelques illustrations en noir et blanc, ne présente rien de bien extraordinaire ni d’innovant. Une fois prévenu à ce sujet, l’histoire en question n’est pas dépourvue de charme pour qui a pris suffisamment d’âge pour avoir dépassé le stade où l’on affirme “Moi, je lis plus Yoko, c’est pour les mômes” comme pour prouver à ses copains ou sa copine qu’on est enfin sorti de l’adolescence(parfois à tort). Une certaine poésie affleure dans ce récit où perce la sensibilité de Roger Leloup, d’une manière typiquement japonaise, c’est à dire avec la simplicité qui caractérise ce peuple (contempler un cerisier en fleurs, méditer devant un parterre de graviers dans un temple japonais, apprécier la sobriété d’un “haïku”, poème japonais d’à peine quelques vers). Il était également intéressant d’aborder cette espèce de super-héroïne de SF infaillible et invulnérable sous un angle plus humain, celui de l’enfance encore fragile, puis celui de la confrontation avec la dure réalité de la vie au stade de l’adolescence. Mon attrait pour cette jeune japonaise de charme, et les qualités de l’album n’ont pourtant pas suffi à contrebalancer l’approche trop puérile sous laquelle ses débuts sont abordés, et à me satisfaire entièrement. C’est avant tout un roman pour fans de Yoko, et qui le sont restés, il faut le concéder.
Chaos (Lone Sloane) par Nevermore
Rien à dire sur le graphisme de Druillet : il est égal à lui même. Mes insuffisances ne me permettent pas de savoir s’il a encore progressé dans ce domaine. A priori, ses dessins, son découpage, de véritables tableaux sur deux planches... confirment son immense talent de dessinateur, mais sans plus (mais cela ne suffit il pas ?). Ce qui m’a toujours gêné avec lui, c’est que lorsqu’il n’est pas assisté par un auteur(comme Lob) ou inspiré par une adaptation(le “Salambô” de Flaubert), son scénario est toujours minimaliste. Et là, je trouve que “Chaos” touche le fond. Lone Sloane est un dieu, ou un demi-dieu, et vient trop facilement à boût d’une entité apparemment invincible (à l’aide, il est vrai, d’une femme pas banale non plus et de ses fameux “mots chantés”). Il semble que Druillet cherche la fuite en avant, et ne sait plus quoi inventer pour que son album suivant soit encore plus dantesque que le précédant. Alors je demande : où se trouve l’intérêt d’un héros surpuissant que rien ni personne n’arrête ?! Il meurt ?! Qu’à cela ne tienne, on le ressuscite ! J’éprouve beaucoup plus de sympathie pour les héros à l’échelle humaine, qui sont handicapés par leurs propres faiblesses, mais qui parviennent, par leur courage, leur abnégation, leur intelligence, à retourner une situation désespérée. Le prochain album s’appelera t’il : “La Création” (une histoire où Lone Sloane recréera l’univers en 7 jours) ?! Quant à certaines phrases ou termes isolés venant de créatures surhumaines (“Ca pue la merde”, “Je te baise, salaud sublime”), elles rappelent les pires moments de “La Nuit”. C’est un choix, mais je n’y adhère pas. Alors, pour conclure, “Content de te revoir après une si longue absence, Sloane, mais j’aurais préféré une réapparition plus réussie”. Note moyenne pour un album partiellement sauvé par un graphisme original et excellent.
Kamikazes par Nevermore
C’était une gageure pour un auteur déjà si vilipendé pour ses sympathies fascistes, avérées ou non, de conter les derniers moments d’un kamikaze japonais. Mais non, “Kamikazes” n’est pas une apologie de la dictature militaire nippone de la 2° guerre mondiale, seulement une tentative de se placer du point de vue d’un “autre”, dont les motivations apparentes nous échappent. Le dessin de Dimitri ne me satisfait pas entièrement, notamment pour certains visages, mais les amateurs d’avions de guerre(maquettistes, modélistes, passionnés de machines volantes en tout genre...) seront comblés, et Hugo Pratt ne disait il pas lui même que le dessin peut se contenter d’être d’un niveau moyen si le scénario est bon ? Et le scénario est de qualité. Il est sobre mais efficace. L’auteur nous montre les faits crus, sans en rajouter dans les commentaires, afin que nous puissions juger par nous même. Tatsuzo Yoshi estime tout naturel de se suicider pour sa patrie, son dieu-empereur, pour l’honneur, autant de valeurs surexploitées par la dictature en place, mais qui ont toujours existé au Japon (et hélas existent encore en ce qui concerne cette place exacerbée que les Nippons accordent jusqu’à l’absurde au sens de l’honneur). La seule différence était que, d’abord réservées aux seuls Samouraïs, ces valeurs ont été “démocratisées” à des fins de guerres de conquêtes pour s’appliquer à une population entière, toutes catégories confondues. Outre la valeur historique de l’album(la naissance des premiers kamikazes), on entrevoit le destin individuel d’un homme, réduit, sans peut être même le savoir, à une machine à tuer et à se faire tuer. Il ne s’agit pas ici de justifier les crimes de guerre commis par une nation que l’on avait fini par convaincre, à la manière des nazis, de sa supériorité raciale sur les Occidentaux ou les autres asiatiques, mais de montrer l’abîme culturel existant entre les Japonais d’alors et le reste du monde, particulièrement les Occidentaux. Pour le reste, on pourra regretter qu’un véritable débat n’apparaisse pas (sous la forme d’un prisonnier américain présent sur place, par exemple). Cela aurait permis d’infirmer la déclaration de tel nippon qui prétend que les Japonais se battaient pour le bien des autres “jaunes” (alors que c’est pertinemment faux). Cela aurait aussi permis à l’inverse d’évoquer la part de responsabilités qu’avaient tenu les Occidentaux dans l’essor de la politique coloniale du Japon, que ces derniers ont encouragé par leurs exemples (les Anglais, les Allemands, les Américains... ou les Français). La réalité historique est plus complexe que ne le laissent croire certains à prioris et clichés pour ceux qui ne se renseignent pas sur un pays avant de le juger sans nuances. Dimitri et son album ont du moins ce mérite d’essayer de ne pas tomber dans ce piège.
Me voilà en pleine apologie du “Harry Dickson” de Zanon et Vanderhaegue que je découvre un clone de ce détective surgi des mains de Nolane et de Roman ! Qu’à cela ne tienne : ces deux séries apparemment rivales (j’ignore laquelle des deux est apparue la première) n’ont rien à craindre l’une de l’autre. Chacune d’elle est de qualité, si j’en crois du moins l’album présent. Simplement, les attraits que peuvent susciter chacune de ces séries peuvent être différents. Ainsi, chez Zanon et Vanderhaegue, les références aux grands maîtres de la ligne claire, un ensemble aux couleurs plus vives et tranchées, la minutie apportée aux véhicules quels qu’ils soient. En revanche, le dessin de Roman me parait plus convaincant encore que celui de Vanderhaegue, les traits durs du visage de Dickson n’étant pas sans me rappeler ceux du Dick Tracy de Chester Gould, et sa série est apparemment plus axée encore sur le fantastique(ou la science-fiction). Autre différence : si les scénarios sont excellents dans les deux cas, le Dickson de Nolane-Roman est plus détective dans l’album présent, et raisonne infiniment plus (quoi de plus naturel, alors, qu’il niche précisément à Baker Street, et a récupéré Mrs Hudson, la logeuse de Sherlock Holmes !). Son acolyte, Tom, n’est pas un fou du flingue comme celui de Zanon-Vanderhaegue, et on n’y trouve pas de méchante héroïne. En revanche, l’absence de cette dernière est compensée par une journaliste, Miss Symons, qui n’a rien à envier à Georgette Cuvelier au niveau du volontarisme et du courage. “Le sanctuaire du Grand Ancien” m’a particulièrement plu dans la mesure où je suis un adepte de Lovecraft, qui devient ici un personnage de la réalité, un journaliste assassiné parce qu’il en savait trop. Des hommes-poissons vénèrent une idole à tête de pieuvre du nom de Tsabbathoth (mélange de Tsathoggua et d’Azathoth ?). Quant au conservateur du British Museum, il s’appelle Walther... Derleth ! Le scénario est vraiment bien fait, le suspense règne en maître, et on regrettera tout au plus la manière un peu aisée dont le héros réussit à vaincre le grand prêtre local de la secte et contrer ses entreprises. Mais dans l’ensemble, j’ai adoré.
Je connais la série jusqu’à l’album présent, et si le début semblait prometteur, j’ai été progressivement déçu à mesure que Swolfs prolongeait interminablement les aventures de son héros. Moins par le graphisme, agréable à contempler, Legein (qui rejoint Swolfs, jusqu’ici assumant les dessins, à partir du 4° tome soutenant honorablement la comparaison avec ce dernier), que par le scénario. On peut ou non apprécier la complaisance avec laquelle sont dessinées les scènes où se mêlent l’horreur et le sexe (les cadavres des jolies femmes dénudées, violées avant d’avoir été égorgées). Mais les horreurs en soi furent une réalité de la Guerre de Vendée, et une BD historique ne pouvait pas les dissimuler. Le contexte historique est particulièrement intéressant (ici, les méfaits des “colonnes infernales” républicaines), et,dans les tomes précédants, l’épopée de la Grande Armée Catholique et Royale, de ses origines jusqu’à son anéantissement. Mais “Les enfants de la Terreur” ne fait que confirmer ce que l’on ressent dès le tome 5 (“Le cortège maudit”) :l’impression d’une série à rallonges qui a dit le principal, mais qui, décidément, répugne à conclure. Car personnellement, hors le cadre historique, l’aventure individuelle du jeune héros m’avait toujours laissé assez froid : c’est du roman de cape et d’épée (on déjoue un complot ici, on en échappe à un autre là, on perd sa belle de vue pour la retrouver plus loin avant de la perdre de nouveau, exetera...) Aussi, le thème dans ce tome 7 d’un trésor recherché à la fois par le héros et sa compagne, mais aussi par une bande de hussards républicains déserteurs devient un rien rasoir, d’autant plus que l’aventure ne se dénoue pas à la fin de l’album, mais est naturellement promise pour (encore !) un épisode suivant. L’évolution des rapports entre Dampierre et Ariane ne suffit pas à enrichir cet album. Dommage, car l’ensemble de la série est certainement en soi de qualité... mais je l'aurai mieux apprécié si elle n’en finissait pas maintenant de traîner en longueur (le 10° tome vient récemment de sortir).
“La conspiration fantastique” n’est qu’une longue poursuite, du genre “Tintin chez les Soviets”, mais quelle poursuite ! Afin de permettre l’évasion d’une personnalité de premier plan de l’Union Soviétique ainsi que de précieux documents qui l’accompagnent, Dickson et son acolyte passent de la course à pied (dans les égouts de Moscou, les égouts, ça ne vous rappelle rien ?) au train, du train au cheval, du cheval à l’avion, de l’avion au char d’assaut (si,si !),et enfin du char d’assaut au cargo ! Evidemment,tout cela ne serait pas drôle si le N.KV.D., dirigé par le sinistre nain Jejov, que les auteurs mettent en scène en même temps que Staline en personne, ne lançait pas tous ses chiens de chasse à leurs trousses, l’apogée se situant lorsque des chasseurs Polikarpov abattent le bombardier “empruntés” par les héros et leur précieuse cargaison. Amour des véhicules de tout genre, ambiance de l’Union Soviétique sous les années de purge, retournements spectaculaires de situation, manie du détail dans les décors jusqu’aux costumes des personnages en passant par le train blindé, toute les qualités de la série se retrouvent dans cette aventure. Evidemment, on n’échappe pas à l’incontournable Georgette Cuvelier, cet “Olrik au féminin”, qui laisse un instant entrevoir ses charmes... avant d’abattre une bûche sur la tête du héros. On peut à bon droit la trouver par trop omniprésente, sans compter son coté “increvable”, toujours prête, comme les scouts, pour tenter de contrer le détective à l’aventure suivante, mais Olrik n’était guère différent. Ce qui m’a le plus gêné, c’est que le pauvre Dickson est tout simplement incapable de se débarrasser de cette peste qui n’a qu’une idée en tête : sa peau. Même quant il la tient dans ses mains (symboliquement parlant), il se croit obligé de jouer le chevalier servant... et se fait berner par la vipère. Cet aspect invincible de son ennemie qui joue tour à tour sur les deux plans (son caractère volontaire - allez ! lâchons le grand mot : “viril”, et son charme féminin) peut finir par lasser, même si je concède qu’il contribue pour beaucoup à sa personnalité... Mais par pitié, Harry, oublies un jour que tu es un gentleman, et refiles lui quelques coups (de knout, bien sûr) sur ses jolies fesses qui n’en seront que plus roses... Je ne t’en aimerai que plus pour celà.
L’avion aux formes futuristes et aux capacités destructrices foudroyantes (dans au moins deux sens du terme) de ce 5° album de Harry Dickson n’est pas sans faire penser à “L’espadon”, du regretté Jacobs, tout comme la série en général n’est pas sans me faire penser à “Blake et Mortimer”. On y retrouve un héros british, une sorte de Blake, sans Mortimer il est vrai, mais accompagné d’un dénommé Tom exactement habillé comme un certain journaliste belge devenu célèbre dans les années 30, où se déroulent précisément les exploits de ce détective de l’étrange. De la science-fiction, un parfait Tintin par le physique (pour le caractère, l’ami du héros est heureusement nettement plus violent, et adore user de toute sorte de flingues), le souci du détail, la ligne claire... Zanon et Vanderhaegue, bien qu’adaptant les romans du célèbre Jean Ray, ne tiennent vraiment pas à dissimuler leurs références bédéphiles ! Si vous aimez de surcroît l’ambiance des années 30, avec leurs hommes politiques (plus ou moins) sympathiques qui les ont marquées, avec leur technologie propre (les voitures, les avions civils ou militaires, les différents types d’armes de poing) les accoutrements vestimentaires de l’époque, vous feriez mieux de jeter plus qu’un coup d’oeil distrait sur cette série. Et si vous voulez retrouvez le New-York de cette même époque avec ses immeubles et ses enseignes, savants géniaux et sans scrupules, menaces apocalyptiques et jeunes femmes aussi séduisantes que cruelles, “L’étrange lueur verte” est pour vous. Les voitures de course “modernes”,les androïdes à l’image même du héros (celui ci en croise trois à sa propre image dans un couloir sombre !), le duel aérien entre Harry Dickson et Georgette Cuvelier font le reste. “Harry Dickson” ne se veut visiblement pas être “la BD du XXI° siècle”, mais on y passe quand même un très bon moment, et ce n’est pas plus ringard que la série “B&M” reprise récemment. Pour plus de détails, je me permets de renvoyer au site qui lui est dédié (http://harrydickson.free.fr/).
Cet album qui clôture cette deuxième fin de cycle (ah bon, il y aurait donc encore une suite ?) est l’un des meilleurs de la série. Je ne parle plus de la qualité des dessins et du choix approprié des couleurs, déjà évoqués pour d’autres épisodes, sinon que, pour une fois, Sophie Swolfs accorde, entre le jaune, le bleu et le rouge, une place au vert (principalement pour privilégier le rêve inspiré du héros) - simple coquetterie, au passage... Pour le scénario, cette fin (provisoire) réalise ses objectifs, au cours d’une lutte finale à mon sens très originale (le héros acceptant de rejoindre le Mal pour mieux le combattre). La présence des nazis est pertinente, même si l’on peut se dire que l’Allemagne ne détient pas le monopole des vampires. A mon avis, Swolfs a commencé par lire “Le matin des magiciens” de Bergier et Pauwels, et là, je dis “chapeau pour la documentation”, car il a apparemment lu (ou s’est renseigné) plus loin. En tout cas, il est bien question dans le livre du Vril et de Shambalah, repris par l’auteur. Le même livre se plaît à souligner les relations des nazis avec l’occultisme (la Société Thulé, l’Ordre Noir, l’Ahnenerbe, sans compter une parodie de l’Ordre Teutonique). On comprend mieux sous cet angle à quel point les S.S. et Kergan pouvaient se rejoindre, et l’évocation du nazisme n’est pas une facilité comme on pourrait le penser au premier abord. Plusieurs innovations viennent enrichir la série : Kergan cesse d’être un animal solitaire et aspire à des ambitions plus hautes en se cherchant des alliés ; il apparaît pour la première fois sous la forme de son maître, et abandonne un moment son statut de bellâtre cruel pour revêtir l’image du démon qu’il est (la conception médiévale que l’on se faisait du Diable, mais toute la série n’est elle pas fidèle à cette conception traditionnelle ?) ; Vincent de Rougemont, quant à lui, subit un rêve initiatique, ressent les effets d’une mémoire héréditaire (ou d’une vie antérieure ?) et la série devient définitivement une boucle joignant le 6° au 1° épisode ; les gitans (qui étaient les alliés de Bram Stoker dans “Dracula”) sont retournés pour servir le Bien (Politically Correctness oblige ?). Enfin, à la page 46, l’auteur nous dévoile enfin (un peu) la nature profonde de Kergan, vu comme un proscrit que l’humanité a rejeté parce qu’il s’est totalement abandonné à l’état de l’animal auquel tout homme est tenté de revenir, depuis que la civilisation a progressivement refoulé cette tendance naturelle en lui. Deux nuances tout au plus. D’abord, même si l’érotisme fait aussi la qualité du récit, j’avais été tenté dans un premier temps de qualifier la relation sexuelle du héros et de Léona d’incontournable scène de “baise” pour entretenir “tout porc qui sommeille en l’homme” (expression allemande). Mais comme je suppose que Swolfs prévoit une suite, et que les cendres de Kergan pourraient renaître, il était peut être indispensable que Rougemont entretienne sa propre descendance par le biais de Léona en la rendant enceinte pour que la lutte se poursuive ? A voir dans l’avenir.... Ensuite, là encore une réaction d’esthète : Swolfs qui, à l’évidence, ne maîtrise pas la langue allemande, aurait dû se montrer plus pointilleux lorsqu’il s’est risqué sur cette pente glissante : ainsi,les Allemand risquent moins de boire du Shnaps que du Schnaps. Les Reichführer ont eu moins de chance d’exister que les Reichsführer, les Haupstumrführer ont plus sévi que les Haupstrumführer. Enfin, Schweinehunden (au pluriel) est un terme insultant, même s’il fallait écrire Schweinehunde. C’est mesquin, je sais, mais pour les lecteurs germanophones (peu nombreux en France, heureusement), ça s’appelle une “coquille”. Arrêtons de chipoter. Cet album est excellent, et si je ne lui accorde pas la note d’excellence (le légendaire chiffre 5), c’est parce qu’il ne faut pas écarter l’hypothèse qu’il puisse apparaître une série encore meilleure que celle-ci.
Altis (Garous) par Nevermore
Cet album, parait-il, clôt la fin du 1° cycle de “Garous”. Encore des cycles ? Quelle est leur fonction sinon de relancer une série à rallonges ? Quatre épisodes ne suffisaient ils pas ? Les auteurs ont ils si peur d’entamer quelque chose de neuf qu’ils se croient obligés de se reposer sur leurs lauriers, ou sont ce les éditeurs qui exigent que leur oeuvre se transforme en machine à extorquer du fric ? Quoi qu’il est soit, “Altis” m’a réellement déçu. Mais qu’est il arrivé aux auteurs ? Le dessin me semble infiniment moins bon que dans les albums précédants - même les loups-garous ne sont plus aussi réussis ! Quant au scénario, il fait du surplace. Plusieurs épisodes sans intérêts, peu d’innovations, sinon que tous les habitants d’un village sont devenus garous - va t’on se retrouver dans un monde où il n’y aura plus de place pour un être humain normal ?... Un garou, ça va... Cent garous... arrêtez les frais, car le mythe ne cesse ainsi de perdre progressivement de son attrait, et cet état démoniaque et surnaturel finit par devenir familier, donc moins inquiétant. On quitte rapidement le genre fantastique pour se confiner à un vulgaire récit d’aventures, avec de surcroît d’inutiles rebondissements : le père d’Alissia n’est pas mort, en définitive... ah que, ça c’est une bonne nouvelle... qui apporte quoi ? Quelques incidents (le retournement de Gandal, les expériences d’Altis dans le but de rendre les garous définitivement immortels, l’irruption d’un inconnu venu de Rome (le Vatican ?) ne suffisent pas à sauver l’ensemble et faire progresser la série, dont le final est banal et même confus (Altis semble avoir été tué - on ne sait pas vraiment... rien de bien clair dans tout cela). L’ambiguïté persiste. Si elle doit resservir à relancer la série, je veux bien, mais je ne sais pas si j’aurai envie d’en connaître la suite.
Là encore, Swolfs entretient la série en établissant deux cheminements parallèles : l’aventure du héros contemporain, Vincent de Rougemont, et celui d’un ancêtre de plus en plus proche de lui temporellement à mesure que la série évolue, invité par le vampire à se rendre à Ruhenberg en 1852. Pour l’histoire contemporaine, rien de bien novateur à l’origine : Vincent se heurte à l’incompréhension générale, est traité comme un fou. Mais il doit une évasion spectaculaire de l’asile à l’intervention d’une jeune inconnue, l’auteur relançant la série en adjoignant au héros positif une alliée inattendue, probablement une propre descendante de la sorcière qui avait tenté d’aider le premier Rougemont au Moyen-Age. Ainsi, un lien est tissé entre le premier épisode (“Le chasseur”) et celui ci. Mais l’intérêt central de cet épisode tient aux malheurs de son ancêtre Maximilien au 19° siècle. Là, plus que jamais, nous sommes en plein Bram Stoker, auquel l’un des policiers avait fait allusion dans une histoire précédante (du moins, l’auteur ne cache pas ses emprunts). Rien n’y manque : le château à la Louis II de Bavière,plus romantique que vraiment réaliste, sinistrement juché sur un piton rocheux ; les vains avertissements du cocher ; les intérieurs gothiques du manoir,la femme vampire qui voudrait se nourrir de cette victime au dépens de son prétendu “oncle”. Quelques originalités viennent nuancer ce jugement : si l’on n’échappe pas à l’incontournable suicide du héros, celui ci, pour une fois, n’est pas directement imputable à Kergan, l’ennemi juré des Rougemont. Swolfs préfère remplacer cette confrontation par une curieuse histoire d’amour, où l’érotisme est à nouveau mis en avant : ce que Maximilien prend pour une scène de lesbianisme (voir le roman “Carmilla” de Sheridan Le Fanu), puis sa propre aventure sexuelle qui dégénère lorsque Héléna succombe à sa soif vampirique. Contrairement à Kergan, le Mal absolu, l’auteur nous présente à cette occasion une vampire plus ambiguë, autant victime que coupable, et soigne la psychologie de son héros humain (l’inquisiteur de l’épisode précédant était victime de son “métier”, Maximilien souffre d’un manque d’affection maternel). Le graphisme et les couleurs, comme toujours, contribuent aussi à la qualité de cet album.
Bragal (Marlysa) par Nevermore
La lecture de “L’Autre Côté” avait suscité mon intérêt pour la série, particulièrement la fin tragique qui suscitait une attente. Aussi, à la découverte de “Bragal”, première déception : les héros sont sauvés, et presque tous, à l’exception d’un seul (celui qui importait le moins) sont soignés et se rétablissent assez facilement ! Par ailleurs, je réalise combien le personnage de Marlysa, en définitive, n’est guère attrayant en soi, et ne vaut que pour le mystère de son masque et de la compagnie qui l’entoure. Au vu de cet album et des autres, elle est prétentieuse, arrogante, autoritaire, exagérément coquette, trop sauvagement individualiste, entêtée jusqu’à la déraison, et occasionnellement de mauvaise foi. La rencontre avec Bragal promettait au départ (enfin une personnalité qui lui tienne tête !). Puis, il semble se rallier à elle sans que l’on sache trop pourquoi, et se plie devant l’orgueil de Marlysa (cf l’épisode où elle veut le quitter alors qu’il vient de la sauver, s’amusant à le provoquer pour avoir le dernier mot). Après tout cela, on peut se demander ce qui m’a plu dans l’album : l’essentiel. Les épisodes animés, encouragés par la multiplicité des personnages, se succèdent sans discontinuer et ne laissent jamais aucun répit. De nouveaux monstres apparaissent. L’inventivité du scénariste permet de résoudre des situations particulièrement difficiles, et l’Ombre de Dompour, ayant finalement survécu au 2° épisode, opère un retour inattendu. Le “Maître” semble obéir à une force encore supérieure à la sienne. La série progresse, avec de nouvelles informations sur le père de Marlysa, et le voile qui enveloppe les origines de l’héroïne s’estompe lentement avant l’épisode final (enfin une série de durée raisonnable, contrairement aux très commerciaux “Zoulouland” ou ”Vae Victis” !). La qualité du dessin reste égale, le choix des couleurs est toujours aussi violent (autant pour les horreurs que pour la beauté - et tant pis pour le sex-appeal un peu puéril). Après “Bragal”, on se sent (presque)contraint d’attendre la suite avec curiosité. P.S. : à quand la présence du premier épisode (“Le Masque”) sur Paradisio ?
Cette suite à l’épisode “Le chasseur” tient ses promesses. Nouveau saut dans le temps. Le Rougemont suivant qui affronte le vampire est un inquisiteur durant la Renaissance, en plein procès de sorcières (et d’hérétiques), une idée intéressante, car elle pose le problème de l’ambiguïté de ces justiciers souvent dotés de bonnes intentions (du moins selon leur propre conception du monde) et leurs actes qui finissaient par en faire des monstres eux même. D’où la confrontation particulièrement réussie dans les décors de Venise entre un démon railleur et cynique, dévoilant ouvertement sa malignité et son sadisme, et un adversaire imparfait parce que corrompu lui même par le Mal qu’il a toujours combattu. Si le suicide comme issue de secours pour le premier Rougemont (voir “Le chasseur”) était une originalité, le procédé, utilisé ici par son descendant devient néanmoins une facilité. Par ailleurs, on se demande comment les circonstances de sa mort ont pu parvenir à ses descendants, faute de témoins. Comme dans le premier album, le passé alterne avec le présent, et le mythe devient réalité quand le vampire apparaît dans le monde contemporain sous forme de maestro violoniste adulé par la bourgeoisie, rencontrant pour la première fois le Rougemont contemporain. Swolfs corse la chose en choisissant Elise, la fiancée du héros, comme objet de la lutte entre les deux êtres. Les efforts de Vincent de Rougemont, une fois convaincu de la nature vampirique de Kergan, pour sauver sa fiancée, évidemment sceptique comme lui au départ, (le thème éternel en fantastique du héros initié qui se heurte à l’incompréhension de son entourage), et sa victoire temporaire sont bien racontés, et entretiennent le suspense. L’aspect érotique du vampire ne manque pas, entre l’épisode des prostituées et la manière machiavélique dont Kergan use d’une compagne vampirique et sensuelle pour vaincre l’inquisiteur. Les graphismes sont toujours aussi impeccables, et les couleurs assumées par Sophie Swolfs toujours adéquates à la situation.
Chaillet est il fatigué de “Vasco” ou a t’il décidé de changer d’air ? En tout les cas, le résultat semble apparemment honorable, en choisissant l’année 1900 et la révolte des Boxers en Chine. Placer un héros fictif dans un cadre historique se révèle toujours être un exercice délicat, et l’auteur y réussit pour le moment dans ce premier album, tant il est vrai qu’une large part du récit est seulement consacré à la présentation du héros et les raisons forcées de son engagement comme fusilier-marin en Chine (attendons les prochains albums, plus centrés sur le déclenchement de la révolte, pour voir s’il parviendra à maintenir son cap). Donc, comme tout album de présentation, celui ci ne vaudra que ceux que vaudront les suivants (l’inconvénient de toutes les séries - pourquoi pas un peu plus de “one-shot”, svp, Messieurs les auteurs ?). Les dessins de Capo sont irréprochables pour les décors, les paysages et les monuments chinois. Le contexte historique général est plutôt bien exposé. Mais je crains que l’on ne s’achemine inévitablement vers un “remake BD” du film “Les 55 jours de Pékin” (l’inconvénient majeur de toutes les séries historiques sur des sujets célèbres). Par exemple, le prince Touan est il un véritable personnage historique, ou a-t-il été inspiré par le film précité ? Par ailleurs, si la responsabilité des occidentaux dans leur mainmise sur la Chine ne peut être niée, à quoi rime cette séquence outrancière où des Marsouins assassinent des Chinois innocents, encouragés par un missionnaire haineux qui brandit son crucifix comme dans une guerre sainte, et qui semble répéter le fameux (et faux) “Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ? On avait connu Chaillet un peu plus mesuré dans ses dénonciations (la persécution des Cathares dans “Vasco”). Il veut être à la page ? Se donner un nouveau genre ?Régler ses comptes avec une religion qui le dérange ? Je serais curieux de savoir si cet épisode est authentique. A l’arrivée, une note moyenne, sous réserve de ce qui va suivre.
Si le premier épisode de la série m’a enchanté, “Elise” m’a quelque peu laissé sur ma faim. Le graphisme de Swolfs, dans ses décors (le Père Lachaise, les gouilles de Notre-Dâme, le manoir des parents d’Elise) ou les traits des personnages font à nouveau la force de cet album, et c’est encore plus vrai dans les scènes d’horreur. Le coloriage, avec ses tons chauds et clairs qui alternent avec un bleu lugubre dans les moments cruciaux, y fait également beaucoup. Pourtant, le scénario m’a paru quelque peu indigent, et on sent l’album de série à rallonge(et Rougemont n’en finit pas de ne pas aller à Ruhenberg pour en finir avec cet increvable vampire). Les alternances avec le passé et le présent, qui faisaient la richesse du 1° album, ont ici disparues pour céder la place à un épisode sans grandes originalités. Elise, devenue vampire, meurt. Voila pour la progression dans la série (un peu faiblard, aux entournures...) Quelques bons moments viennent sauver l’ensemble : la séquence finale, bien sûr, la virée d’Elise pour revenir au domaine familial tourmenter son père. Quand à la séquence de pose photographique, elle suinte (au bon sens du terme) d’un érotisme qui présente tous les avantages d’un vampirisme au féminin. En revanche, la présence des policiers ne présente aucun intérêt, et leurs apparitions ressemble à du remplissage pour combler les 46 pages imposées par les conventions de la B.D. Un dernier détail : Swolfs n’a pu éviter le cliché éculé du démon qui déteste qu’on invoque le nom de Dieu devant lui. Et là, je me suis demandé : “mais c’est vrai, au fait, que sait on de ce triste individu qui est autant - sinon plus - le héros de la série que les différents Rougemont qu’il affronte ? Rien sur sa psychologie, ses états d’âmes, juste une bête assoiffée de sang... Mais d’où vient il ? Qui l’a créé ? Quelle est sa justification ?” Swolfs aurait beaucoup gagné à se pencher sur ses questions, sa série y aurait gagné en profondeur. Espérons que l’album suivant soit plus inspiré.
Ce deuxième épisode de la série m’a semblé un ton légèrement en dessous du troisième (“L’autre côté”), mais peut-être parce que j’ai abordé cet album en connaissant déjà la suite. Le dessin y est tout aussi bon, et j’apprécie ce style hautement colorié, où les traits sont d’une grande netteté tout en laissant la possibilité d’illustrer des créatures monstrueuses et sinistres. C’est là que j’ai enfin perçu l’intérêt du masque que porte l’héroïne, dont l’identité physique constitue le centre d’intérêt principal de la série (à condition que Gaudin possède le trait de génie qui justifiera cette attente : ainsi, comment son seul visage à découvert peut il mettre fin à une créature aussi redoutable que “L’Ombre” ?). C’est un album de transition, naturellement, mais quelques indices (l’identité et le sort des parents adoptifs de Marlysa par exemple) permettent de faire progresser l’histoire. Les séquences comiques consacrés aux héros sont assez précommanditées, on leur préférera le cynisme des “méchants”, qui possèdent souvent plus de personnalité dans l’heroïc-fantasy, même s’ils obéissent eux aussi à des conventions établies (le Mal à l’état pur, sans nuance, contrastant avec la pureté apparente de l’héroïne). Du coté des “héros”, c’est encore Cilia, la chochotte du groupe, qui présente quelques aspects intéressants. On peut trouver que la situation se démêle de manière un peu facile (il suffit notamment d’un malabar comme Stirius, l’homme-saurien), mais même si l’histoire est très simple à la base, les incidents qui l’émaillent suffisent à entretenir le suspense, et c’est ce qui compte.
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