Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Amis de la poésie fécale, soyez les bienvenus. Si vous aimez le trash, l’immonde, le répugnant, l’ignoble, l’immoral, le tordu, le sale, le crade, le dégueulasse, l’absence de limites, cet album est définitivement fait pour vous. Mais dans cette espèce de surenchère scatologique, il y a autant de jubilation que de déception. L’impact du premier tome avait-il été trop fort et était devenu la valeur référence inégalable ? Peut-être… Un peu moins de pages, et un peu moins de brio dans les histoires… Dans cet album, l'histoire de Jacqueline, l'immonde, est juste repoussante, celle du MILF ignoble, mais ça ne garde pas le sel trash de ce que nous avions pu lire jusqu’alors. La première histoire est amusante et se joue du carcan narratif de la BD avec drôlerie ! Quoi qu’il en soit, et même avec une moue faussement choquée, je suis amateur de ce genre de récit, outrancier au possible et à ne pas mettre entre toutes les mains, bien sûr ! Ah, j'oubliais. Le quatrième de couverture a de quoi vous faire rougir lorsque vous passez à la caisse… Il est écrit en TRES gros des mots difficiles à assumer quand on passe devant sa caissière et quand elle retourne le livre ! Ceci dit, je dirai que j'ai eu moi aussi une sale surprise avec une faute d'orthographe grand format ! Car dans le cas de cette phrase "Je suce tous vos cons, salope !", je me dois de préciser que "salope" devrait prendre un "s" pour le pluriel ! C'était la caution intellectuelle de ce bouquin !
Quelle excellente surprise que ce petit album à la couverture si douce… Depuis Rabaté, on pourrit croire que le 3° âge est devenu un sujet à approfondir en BD mais là, à peu de temps de décalage de sortie des 2 albums, et si la tendresse et le respect reste le même, nous sommes définitivement sur le ton de l’humour avec Nob. L’auteur de la série Bogzzz nous offre une série de gags en une ou plusieurs pages dans lesquels il met en scène une attendrissante et malicieuse vieille dame : Mamette. Nob se joue de certaines images d’Epinal, et nous restitue certaines scènes exceptionnelles de réalisme… L’aigreur d’une femme en fin de vie, seule, qui n’aime plus ni les enfants, ni les pigeons que Mamette nourrit avec tendresse, puis les journées rythmées par les jeux télévisés et les médicaments inévitables, et enfin les visites au cimetière… C’est d’une absolue finesse et Nob joue avec nos âmes qui résonnent à chaque case d’un son d’une pichenette dans un verre de cristal. C’est fragile, mais toujours élégant et d’une grande sobriété, ce qui fait toute la grande classe de l’auteur pour ce livre… Les planches sont superbes, dans une ambiance que l’on pourrait croire être un mix du Paris des Triplettes de Belleville avec les couleurs parfois saturées de JP Jeunet. La nostalgie, la peur de vieillir, les souvenirs, l’amour, l’échange, et un dessin que je n’arrête pas d’admirer tellement il me semble être l’exceptionnel reflet de son sujet… Mais lisez cet album bon sang ! C’est un vrai coup de coeur !
Non, ne vous méprenez pas, cet albulm est l’œuvre de Coucho, pas celle de Coacho ! L’auteur du banni nous livre ici un petit album en hommage au sport, celui de son enfance d’abord, mais un hommage à l’effort sportif plus globalement. Nous ne sommes pas dans des gags à la Foot-Furieux et compagnie, non, il s’agit bien là de faire un saut dans l’Histoire du sport. Alors qu’il sue sur son vélo, l’auteur nous fait part des réflexions que chaque coureur a un jour nourries dans ces moments de détresse physique. Et ça nous conduit vers les premiers héros du sport moderne, Alain Mimoun en tête, et son éternel rival Emil Zatopek. La foulée majestueuse, l’aura du champion, et une époque, aujourd’hui révolue, voilà ce quui nous est proposé. Des hommages à René Pellos et à ses croquis fantastiques à chaque Tour de France à l’arrivée de la télé dans la chaumière, en passant par la lecture du plus célèbre quotidien sportif français, ce voyage dans le temps est emprunt de nostalgie et de respect. Un livre sain, truffé d’humour, qui nous livre des grandes dates, ou des grandes catastrophes comme celle du Mans aux Hunaudières, qui réveille l’enfant qui est en nous, celui qui s’est goinfrer de mythes, de légendes, d’aventures extraordinaires, l’enfant qui rêve que nous avons tous été ! Bien sûr, les détracteurs du sport passeront à côté de cet album qui, pourtant, tente aussi une réflexion sur le besoin du sport, ses raisons, le pourquoi des envies de chacun de se faire mal, et pourtant, c’est didactique, drôle, intéressant, tendre, tout ça à la fois. La plongée historique jusqu’à Marathon vaut à elle seule le détour. Les amateurs poufferont de rire dans la façon de traiter le sujet, les autre souriront à l’hommage fait au cheval de Jacovici, Le rêve se dissipe, l’âge et la maturité prennent la place, mais la mgie du sport continue d’opérer… Un vrai bon album à mes yeux d’enfant…
Alerté par la chronique de Quentin, je me suis décidé à lire cet ouvrage sur lequel je ne m’étais pas spécialement arrêté. Ai-je été déçu ? Que nenni ! Il faut bien entendu se laisser aller à la rêverie dévastatrice que l’auteur nous propose et savoir laisser se perdre sans, justement, perdre le fil ! Oui, je sais, c’est un peu compliqué mais en même temps du niveau d’exigence de cette lecture. On suit donc la lente descente aux enfer de Réneï, jeune artiste qui tue son temps dans le lit de son professeur, et nous partageons sa vision de la vie. Une vie où convergent rêve et réalité, où l’on va aux confins de la folie, où les êtres disparus se font envahissants… une forme de maelstrom émotionnel difficile à digérer mais qui reste un moment de lecture particulièrement fort qui ne laisse pas indemne.
Bon… Comment dire ?... Jusqu’à présent, je faisais partie de ceux qui plaçaient une grande confiance dans le duo Morvan et Munuera. Car il faut assumer un passé lourd, riche, et il faut prendre ses marques. En ce sens, Munuera est de plus en plus à l’aise. Ne me demandez pas pourquoi je suis sensible au dessin de Munuera, c’est ainsi, et ça ne se discute pas. J’aime ses courbes, l’énergie de son dessin, le mouvement permanent… Enfin, après avoir abandonné cette idée de faire des grandes mains à ses personnages, il est de plus en plus à l’aise avec le groom et ses amis. Dans cet album, je lui reprocherai cependant l’utilisation de dessins d’après photo qui tranchent fortement et nuisent à l’ensemble (Cases des pages 17 et 31 par exemple), et une pinaille choquante de la part d’un vieux routier comme lui (p.39 1° case, la porte ouverte du taxi montre une fenêtre unique et à la deuxième case, la vitre est composée de 2 panneaux…). Mais on continue d’apprécier les minois attendrissants des enfants, Kow et Loon, qui ne sont pas sans rappeler la craquante Nävis enfant ! Reste ensuite le travail de Morvan… Et là… Ben… Je suis pourtant quelqu’un qui apprécie l’usine à idée qu’est le scénariste et je défends, autant que je suis, la presque totalité de sa production. Il prend de plus en plus de pages, donnant pourtant donc l’impression de prendre le temps de la narration. Or il semble que l’on se tourne de plus en plus vers le manga avec une accumulation de cases dites d’action. Et de l’action, il y en a, c’est certain ! Mais abondance nuit dit-on… Je n’ai rien contre le rajeunissement comportemental de Spirou et Fantasio, mais il est des choses qu’il est difficile d’accepter. Et la baston Oyabun contre Spirou le groom Ninja en fait partie ! On sent un peu trop dans cet album le côté guide touristique et c’est assez malvenu. Les lieux ou références historiques tombent un peu trop comme des cheveux sur la soupe. Rien de particulier à citer puisqu’il y en a presque toutes les 3 pages. L’utilisation de personnages emblématique comme Itoh Kata, je dis pourquoi pas ? Mais si c’est juste pour tenter un lien hommage avec le passé, ça n’amène pas grand-chose… Et c’est encore le cas dans cet album. On passe aussi par la culture japonaise, les Sumos, les senseï (mangakas), la surconsommation.. Mais on fait dire à Itoh Kata « ma puce » à Loon… Je ne crois pas qu’une telle expression puisse être usitée entre 2 asiatiques mais je ne suis pas expert… Ensuite, le surnaturel… Si c’est amené intelligemment comme dans « L’Ankou », là encore, je suis fan, mais ces enfants aux dons télékynésiques me semblent un peu « pratiques » à utiliser… Et ça n’amène pas grand-chose de plus une fois encore… Tout au plus à faire des Mékas (pub pour son dyptique avec Bengal ?) qui ressemblent beaucoup à celui de la pub Citroën… En parlant de pub, que penser de la mise en place personnelle du futur manga Spirou ? C’est un peu grinçant je trouve et ne laisse rien présager de bon… Mais je peux encore me tromper… Et puis ce besoin de commenter chaque action comme un dessin animé à la Oliv et Tom… Pfffff… Alors oui, je suis déçu, indubitablement, mais je me dis que les plus jeunes peuvent apprécier, leur jugement n’étant pas aussi déformé que celui des vieux lecteurs dont je fais partie. Mais si cette génération manga, élevée au rythme soutenu des livres japonais, se contente d’aventure sans queue ni tête, je suis un peu inquiet sur le devenir de la BD franco-belge. Et puis si on s’adresse aux jeunes, on fait attention à bien les éduquer et à ne pas laisser passer autant de fautes d’orthographe (exemple : « Ils se sont rendu-S- compte »… ).
Missy par Coacho
Attention, pour moi, et pour de multiples raisons, c'est une vraie histoire d'amour que cet album et sa plantureuse héroïne : Missy. Cette fille, c'est une bombe ! Aussi captivante et envoûtante que provocante, aussi passionnante et désirée qu'esseulée, elle a en commun avec la bombe l'explosivité et la forme ronde. Et son explosion, c'est sur la scène du cabaret où elle se dénude chaque soir qu'elle a lieu. Transis, les hommes se mettent à genoux et font la queue pour obtenir ses faveurs... Mais Missy cherche quelque chose qui dure plus qu'un soir... Les strass et paillettes évaporées, elle se retrouve dans la solitude de son spleen, délaissée et consciente de n'être aimée que pour ce qu'elle offre de son corps chaque soir... Alors un jour, lasse d'être l'objet des hommes et manipulée par Dud, son manager, elle décide de radicalement changer sa vie en entamant un régime. Cette histoire est bien évidemment touchante, prenant les tripes du lecteur en jouant sur les sentiments mais jamais sans pathos. Avec intelligence et sensibilité, Benoît Rivière donne vie et consistance à un personnage qui était en longue gestation dans l'esprit d'Hallain Paluku. Ce jeune dessinateur congolais nous offre une créature sublime inspirée de quelque image africaine et mâtinée de Bottero. Les formes rondes de son héroïne sont exaltantes et enivrantes, mais le tout est surtout une belle surprise graphique globale par le choix représentatif choisi. Les personnages n'ont pas de visages ! Ce qui pourrait dérouter le lecteur est en fait une fabuleuse idée qui, tout en identifiant avec précision chaque protagoniste, permet aussi une identification de chacun au personnage de son choix. Car le tout fonctionne de façon empathique par la grâce de l'écriture de Benoît Rivière. Une écriture qui démontre que la force narrative peut subjuguer le dessin et donner une dimension particulière à ce dernier. Celui-ci nous découpe donc des pages intenses, surtout les muettes, comme les 5 premières qui mettent rapidement dans l'ambiance et nous font comprendre la détresse de Missy... Admirable mais je me suis déjà assez extasié sur ce fait dans les colonnes du Forum de BDP. Mais ce trio magique n'avait pas fini de nous étonner et le choix des couleurs de Svart venait couronner le tout... Ambiance de cabaret, avec ce velours spécifique, bien épais, mais aussi les variations de teintes qui ponctuent idéalement les émotions de Missy. Et en particulier ces choix de basculer dans le N&B aux moments intenses... J'ai cependant à déplorer quelques choses... Premièrement, graphiquement, ça se passe au niveau de certaines onomatopées. Oui, j'y reviens. Autant j'aime bien le « vlan » de la dernière case de la page 9, autant le « Missy » de la dernière case de la page 7 me paraît faiblard ! Rha ! Et y 'en a d'autres dans l'album ! Mon deuxième reproche, c'est peut-être à La Boîte à Bulles que je l'adresse... Car quitte à jouer la carte de l'ovni graphique, il fallait peut-être la jouer jusqu'au bout... En donnant un format peut-être plus grand, pour mieux plonger le lecteur dans ce dessin et ces planches superbes. Enfin, et là, c'est au niveau du scénario, je pense qu'il manque des pages... Oui... Ca se lit vite et alors que l'on est mis impeccablement en condition au début de l'album, il y a une sorte d'accélération qui dessert le récit en fin d'album... L'éditeur a-t-il limité le nombre de pages ? Je l'ignore... Mais on voit le désespoir de Missy tout aussi bien que sa grande force de caractère. Un métier qui, je l'imagine, nécessite une grande force psychologique, mais on se rend compte aussi de sa détermination lorsqu'elle attaque son régime ou quand elle en vient aux mains avec certaines de ses collègues... Alors ce basculement rapide, cet effondrement, s'il est bien le pendant de ce dernier paroxysme, est un poil trop surprenant, trop... décontenançant... Mais mon exigence se fait trop pointilleuse car il s'agit tout de même d'un très, très bon album. Un album qui parle d'amour et qui, malgré l'environnement dans lequel le récit se développe, sait éviter les pièges de la vulgarité et de la facilité. J'espère que les lecteurs sauront apprécier cet album auquel je ne peux mettre qu'un coup de coeur... J'ai aimé Missy depuis le premier jour, elle me manque déjà...
On n’y croyait plus ! Et pourtant, c’est arrivé ! Enfin la suite de l’excellentissime « Dernier Printemps » arrivait dans les bacs de nos libraires préférés ! Toute cette attente fiévreuse allait-elle être récompensée ? David Mahner est maintenant une sorte de réfugié politique et vit à Paris où ils retrouvent des opposants au régime nazi plus impliqués que lui… Ce grand blond aux yeux bleus se laisse plus porter par les évènements qu’il ne les maîtrise et il aura la chance et la joie de revoir dans sa fuite Katarina, son ex voisine juive allemande dont il est secrètement amoureux… Première surprise, même si on ne doit pas faire la fine bouche, cet album n’a plus que 56 pages ! Ca accélère le rythme de façon très sensible et, finalement, convient bien à la montée en puissance, toujours plus forte, du régime Hitlérien. L’autre surprise, c’est l’abandon des magnifiques aquarelles de Beuriot au profit de plus aléatoires couleurs numériques… Bon, si ça fait avancer la production des livres, je n’ai rien contre, mais je trouve que l’ambiance s’est considérablement refroidi, devenue plus « métallique », un peu moins subtile… Philippe Richelle continue quant à lui de distiller habilement les ingrédients de son histoire pour la rendre toujours aussi hypnotique… J’ai relu le tout à la suite et je peux vous assurer que c’est de très très bonne facture même s’il me semble, je suis d’humeur tatillonne, que le tome 1 est vraiment supérieur en tout à cette suite ! Mais vivement le dénouement de ce qui sera, à n’en point douter, un triptyque de référence !
Voilà une bien belle histoire d’amour que nous proposent ces deux talentueux auteurs. Sur fond de 2° guerre mondiale, en plein montée du nazisme dans les années 30, Philippe Richelle va nous perdre dans une histoire aux contours pas si nets, pas si évidents, et dont le flou en fera toute la saveur. Sans refaire non plus un cours d’histoire, il replace les personnages dans le contexte de l’après première guerre mondiale, en pleine crise économique, en pleine désillusion… Et avec un « sauveur » à la moustache tristement célèbre, qui rallie tous les suffrages d’un peuple à l’agonie… Dans ce long flashback de près de 90 pages, l’exploration de Richelle est de multiples niveaux. En effet, il creuse la psychologie de ses personnages, principaux et secondaires, nous les montrent forts, faibles, frustrés, amoureux, timides, maladroits, écœurés, galvanisés, trompés, séduits, et toujours avec une complexité qui fait le propre de chaque être humain. C’est brillant ! Mais sous le couvert de cette histoire d’amour presque impossible, et de ces rencontres improbables, il va habilement rendre compte du régime qui se met insidieusement en place dans cette Allemagne des années 30… La montée du nazisme est pernicieuse, et si elle est tacitement acceptée, elle ne se fait pas sans quelques réticences que des méthodes brutales s’affaireront à gommer définitivement… Ainsi le père de Martin et de nombreux autres seront confrontés à ces dilemmes chaque jour plus inquiétants… D’ailleurs, et ce n’est sûrement pas innocent, Richelle joue avec subtilité de cette famille Mahner qui semble être l’archétype de la famille allemande de cette époque trouble pour mieux nous faire comprendre comment l’horreur s’est instillée goutte à goutte…Le fils, David, est un idéaliste, profondément attaché aux valeurs humaines, qui aura bien du mal à s’affirmer tant les pressions sont énormes… Entre courage de ses opinions et peur de la répression, les protagonistes du « Dernier Printemps » nous livrent une pièce fameuse que l’on applaudit des deux mains, les rôles ayant été au préalable magnifiquement attribués par un Philippe Richelle qui tient son chef-d’œuvre. JM Beuriot joue lui dans un registre ligne claire qui est destiné à faciliter la lecture, privilégiant l’essentiel, l’ambiance, le tout étant rythmée par une lancinante et douloureuse voix off qui accompagne le lecteur tout le long de l’album. Ses couleurs aquarelles un peu délavées renforcent cette impression diaphane, la pâleur des personnages, la disparition des contours psychologiques, une Allemagne dans le doute… mais qui veut garder encore un brin de romantisme… Dans le genre, il y avait Gibrat qui nous offrait son « Sursis » en zone libre en France, là, nous sommes dans l’Allemagne qui gronde… mais ce sont toujours de belles histoires d’amour complexes, qui, le temps d’une lecture, nous conduisent aux tréfonds de l’Histoire qui se met en branle… Superbe !
Voies off par Coacho
La couverture et ses couleurs me rappelaient l’affiche du film « Narco » et c’est avec curiosité que j’entrouvrais cet album. Nicolas Pothier, l’homme de Ratafia, nous livrait en fait un polar en forme de recueil de 10 nouvelles… Je ne savais pas à quoi m’attendre mais je me laissais tenter. Et je ne fus pas déçu ! 10 histoires bien indépendantes, traitées en peu de pages, se jouant de tous les clichés du polar, et plus particulièrement de ces voix off qui ont fait le succès de nombreuses œuvres noires de la grande époque des Mike Hammer et autres… Petit à petit, le scénariste nous entraîne dans son monde et sa méthode avec brio. On commence de façon presque naturelle, presque linéaire, l’image colle au texte et vice-versa. Mais rapidement, il va nous perdre en dissociant avec brio le texte et l’image pour toujours mieux nous surprendre. Voilà de bien belles voies off qui méritent leur nom ! L’humour noir est présent et rend grinçante chaque saynète de ce petit bijou d’album. Le dessin de Corboz est proche de certains comics modernes et renforce la dimension du livre à l’américain, un livre que l’on pourrait lire comme un bon James Ellroy. Une très bonne découverte que je vous encourage à lire !
Vikings par Coacho
Soutenons la petite diffusion, les artistes méconnus et bourrés de talent. Oui. Mais la collection carrée de Carabas, qui s’adresse au plus jeune public, est tout de même assez chère ! En moyenne 7 Euro les 22 pages… Ca fait un peu mal aux bourses quoi ! Et puis les albums, aussi délicieux soient-ils, sont lus en très peu de temps. Voilà les inconvénients majeurs de ces albums. Mais le contenu maintenant ? Et bien comme toujours, on trouve de très jolies choses et, sans m’étendre sur tous les auteurs qui publient chez Carabas, François Ravard est parmi les plus prometteurs. Le jeune auteur du « Portrait », toujours chez Carabas, nous livre son deuxième petit carré (l’autre étant « Moi j’aime pas le foot ») et c’est toujours avec autant de plaisir que l’on lit une de ses œuvres. Pour le coup, il a rédigé cette histoire de Vikings, sorte de mini Toy Story assez drôle qui se déroule dans une baignoire ! Les Vikings, dont on sait depuis Astérix qu’ils ignorent la peur, vont se voir confrontés à de terribles dangers qu’il leur faudra surmonter ! A part les réserves émises en introduction de ma chronique, plus de l’ordre éditorial qu’autre chose, je me permets de glisser mon étonnement sur le dessin de certaines cases de Mathieu Maudet, dont le trait est cependant doux, racé et captivant. Comment se fait-il que le Drakkar de ces fiers marins comporte 6 rames par côté aux première et deuxième case, pour en contenir ensuite plus que 5 à la troisième, et puis 7 à cinquième case, et enfin quatre à la page 12. Ca me fait dire qu’en matière de dessin, l’auteur est souvent en galère et doit ramer dur sur sa planche ! Tout de même un bien sympathique album que vous pourrez faire découvrir à votre enfant !
Il n’est pas facile d’aimer le sport et de le reconnaître dans certains milieux. Pourtant, ce fameux match contre l’Allemagne en 1982 est devenu une légende pour tous les français, et le traumatisme subit par Patrick Battiston en fut un pour tout un pays ! Avec habileté et douceur, Marc Lizano fait un parallèle entre un groupe d’enfants qui disputent une partie de foot avec le match de légende de leurs aînés de 1982. C’est d’ailleurs incroyable comment avec un tempo différent, le récit se déroule exactement comme le match maudit ! Il y a tout ! Une équipe en blanc avec des traits jaunes ou oranges pour l’Allemagne, et des bleus qui donnent ce qu’ils peuvent, dont un avec une coupe de cheveux à la Marius Trésor du plus bel effet ! Format à l’italienne qui respecte le format original des planches, le tout est dessiné par un impeccable Laurent Percelay dont le trait, tout en douceur, fait mouche avec poésie et tendresse ! Les parties de foot sont universelles, simples à composer, et rassemblent tous les enfants qui ne manquent pas de singer leurs aînés. C’est exactement ce que l’on perçoit dans cet album, dans l’écriture comme dans le dessin, mais aussi grâce aux ambiances chaleureuses et colorées signées BenGrrr, le troisième et talentueux comparse de la bande ! Bourré de clins d’œil, de références, cet album a plusieurs niveaux de lecture en plus du parallèle évoqué plus avant avec le match de 1982. Deux reproches à formuler cependant. Le premier est d’ordre personnel. Ce match de 1982 à Séville fut un grand moment du sport français. Il y a eu des émotions, de la passion, tout ce qui fait que, 25 ans plus tard, on en parle encore. Le monde de l’enfance est celui de l’enthousiasme, de la passion, les gosses s’enflamment pour un rien et là, dans l’album, il me manque ce petit soupçon d’énergie, ce petit truc en plus qui touche, qui émeut, qui parle directement au cœur pour en faire un album de légende dont on parlera dans 25 ans aussi ! Le deuxième, c’est la qualité du papier choisi par l’éditeur. Je le trouve trop fin ce papier glacé, les pages perdent en robustesse et sont un peu trop transparentes ! Ceci étant, que cela ne vous dispense pas d’acquérir cette madeleine de Proust, ça fera des heureux, vous le premier et, allez savoir, peut-être que ce maudit match aura une autre issue ?...
Un petit carré de plus ! Ces petits livres que l’on a toujours envie de dévorer mais qui sont toujours un peu chers… Quoi qu’il en soit, il est maintenant permis à tous de se délecter du trait de Joël Legars, un auteur qui nous fascine par ses incroyables lavis sur son blog mais qui nous livre ici une petite production en couleurs délicieuse à croquer ! Pendant une sieste bien méritée de ses parents, une petite fille explore le coin où ils ont pique-niqué et s’approche de la rivière… Elle saute sur un petit radeau et… La suite à découvrir dans l’album ! Une aventure courte, rapide, palpitante, qui se passe sous nos yeux inquiets et qui nous pousserait à réveiller ces indignes parents assoupis ! Une aventure dangereuse, risquée, comme les enfants en vivent tous les jours, et qui renforcera la personnalité de cette petite fille courageuse… Un trait tout en douceur, des couleurs estivales chaudes et blondes comme les blés, de très jolies cases qui alternent les accélérations et les repos, le tempo jouant sur notre rythme cardiaque, voilà ce qu’est le dessin de Joël Legars. Vraiment charmant, mais décidément trop court, ce petit carré de Carabas vous touche au cœur… Moi, c’est fait, et vous ?...
Bsk continue sur ce ton qui a fait la particularité de ses 2 précédents recueils édités chez nos amis des Editions Groinge. En de petites planches de quelques cases, il croque des situations simples, banales, qui ont jalonné la vie de chacun d’entre nous. Les petits mystères du quotidien, la pression des parents, les premiers fantasmes, la découverte d’un livre de cul, le calcul du look, et tout un tas de petites autres choses qui prennent racine à l’adolescence pour mieux éclore dans la vie d’adulte… Toujours drôle, cynique même, mais simple, ingénu parfois, cet album est un symbole de la maturité graphique et narrative de Bsk, que l’on aperçoit entre autres dans les pages du Comix Club ou de L’Eprouvette. Un bien bon album pour compléter votre série du Journal de Benoît.
Morgan Navarro continue sur sa lancée initiée par le premier Flipper le Flippé. Il nous resitue dans cette banlieue difficile, au milieu de nulle part, dans laquelle nos anthropomorphes personnages évoluent. Il continue de tenter de nous faire croire à des amours difficiles, voire impossibles, et nous montre encore quelques-uns de ces aspects immuables de la vie des jeunes en cités. Ces mêmes travers dont parlent de nombreux rappeurs, comme I Am qui chantait « Comme un aimant », sorte de cri de désespoir de jeunes qui, même s’ils veulent sortir de leur quotidien, sont systématiquement ramenés à ce qu’ils sont par cette cité qui agit comme un aimant sur eux. Dans cet album, c’est le cas des amis de Flipper qui vont de soirées looses en plans foireux, où chaque occasion est bonne pour se laisser porter par une poussée de testostérone et participer à des bastons générales violentes, et qui ne s’offrent aucun autre horizon que leurs conneries pour tuer le temps. L’amour est presque honteux, le sexe n’est plus que chair, la sauvagerie s’exprime, et l’auteur se lance même dans une critique de l’intégrisme islamiste, le tout sur 32 pages ! Mais tout cela paraît trop rapide, comme un condensé de choses qui, dans le premier tome, avait pour avantage l’effet de surprise et qui là, finit par overdoser le lecteur. Morgan Navarro veut-il malmener ses personnages pour nous dire quelque chose ? Tente-t-il de faire passer un message positif, ou réaliste et, donc, un peu négatif ? On finit par ne plus trop savoir et c’est un peu dérangé que l’on referme l’album qui, pourtant, tente de garder une note d’espoir salutaire, avec un trait d’humour bien salvateur. En conclusion, je ne sais pas trop si je dois vous recommander ce bouquin mais si vous avez déjà lu les autres livres de Flipper, vous aurez sûrement déjà lu celui-ci au moment où j’écris ces quelques lignes !
Un peu plus caustique et un peu plus moderne que Dany, Arthur de Pins nous propose des gags en une planche ou moins dont le sujet est l’amour des trentenaires. Parfois moyen, souvent peu drôle, le tout est sauvé par un graphisme vectoriel ou 3D d’un charme fou. Personnellement, ça marche sur moi. On remarque la courte influence de son ex Laurel qui lui offre un gag (page 10) et sûrement l’inspiration pour certaines de ses filles. Lui-même est assez drôle croqué en sorte d’obsédé sexuel un peu naïf mais franchement, pas de quoi casser 3 pattes à un canard.
Recadrage de cette série pour une parution dans un album plus grand et plus adulte. Vu l’histoire traitée par Zidrou, c’est rassurant. La Mort, appelée Madame, s’empare des vivants à tour de bras. Une entreprise angélique, Protecto, est chargée d’envoyer des anges gardiens auprès de certains specimen humain. Et parfois, elle est obligée de laisser Madame faire quelques excès. Intelligemment entamé en diptyque, la genèse nous offrait une transposition du phénomène vie/mort très prenant. Dans cette suite, ou nouveau cycle, les auteurs font la part belle au personnage le plus puissant de l’histoire : la Mort. Et les mises en situations ne manquent ni de sel, ni d’humour, ni de cruauté ! Une très bonne série dont on a hâte de découvrir la suite.
Voilà le 13° tome de cette série au fort potentiel et à la durée limitée dans le temps. Black Jack est un personnage créé en son temps par Tezuka et Sato a reçu l’autorisation d’exploiter l’univers hospitalier et l’hommage à Black Jack un temps déterminé. Cette série n’est pas vraiment basé sur les critères sociaux et médicaux que nous connaissons spécifiquement en France car le système sanitaire japonais diffère du notre. Mais ces albums n’empêchent pas la réflexion. Habilement, l’auteur nous propose de réfléchir à un certain sens éthique et déontologique dans l’univers médical. Mieux, il nous interpelle en nous plongeant dans des situations complexes qui deviennent de vraies questions de société qui ne trouvent aucune barrière organisée puisque c’est le fondement même de l’être humain qui est chahuté. On pourra parfois bien entendu regretter l’utilisation de certaines ficelles ou bien ne pas être d’accord avec la vision théorique et idéologique parfois naïvement montrée mais le fait est que cette série se lit avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Toutes les problématiques médicales lourdes sont abordées par cycles et rendent la série très vivante. A lire et à réfléchir…
Et bien voilà, fin du triptyque. Autant vous le dire tout de suite, vous n’êtes pas plus avancés qu’au début… C’est toujours aussi loufoque, débridé, fou, délirant, et toujours aussi vide, creux, scénaristiquement parlant. Mais on se fait tout de même avoir… Pourquoi ? Parce que la couverture est belle, parce que le dessin de Cyril Pedrosa est toujours aussi racé, élégant, beau, et parce que les situations, mêmes plus qu’invraisemblables, sont souvent d’une grande drôlerie. Alors bien sûr, autant de temps et de n’importe quoi pour faire rire de situations cocasses n’est peut-être pas nécessairement publiable en album. Un blog ou un site internet aurait peut-être suffit. Oui. Mais l’effet cartoon, le délire et la fraîcheur qui explosent de ces pages, tout ça fait du bien ! Le kidnappeur d’animaux célèbres, le réalisateur de films pornos, les tueurs de la mafia italienne, les personnages de la fusée, la vengeance de Vermouth le poussin ! Mais comment voulez-vous être sérieux ne serait-ce qu’un instant dès lors que vous lisez la liste des personnages que je viens d’écrire ? C’est du cartoon pur et dur, du délire. Ca plaît, ça ne plaît pas, c’est subjectif… Pas une série indispensable, non, mais vous pouvez rire un bon coup, c’est déjà ça !
Bon, je pense que cet album va avoir du mal à trouver son public. Je m‘explique. On louche clairement du côté de la BD grand public un peu facile, un peu mainstream. Un dessin clair, aéré, sur un fond d’enquête assez simple et pas prise de tête. La sœur d’un détective privé, de la famille des descendants de la grande pucelle d’Arc, est animée d’un don… Un truc qui lui fait entendre des voix c’te bonne blague ! Et puis, par un tour de passe-passe que je vous laisse découvrir, elle prend la suite de son frère et s’improvise à son tour détective privé. Genre débutant mais qui résout une affaire complexe… Enfin… Pourtant, le récit est truffé de références, d’humour, de clins d’œil, mais ça ne sauve pas tout ! Et quand je dis que l’album aura du mal à trouver son public, c’est parce que l’utilisation de mots comme « atavique » ou « épistolairement » ne me paraissent pas des plus accessibles au lecteur lambda… Mais ce n’est qu’un avis que l’on pourrait vite qualifier de péremptoire voire pédant, ce que je voudrais éviter… Après, question dessin, Herval assure ! Un style léger, vif, des couleurs simples et légèrement claires, pastels, ce qui a pour effet de donner une certaine vie, ou vivacité à l’ensemble. Des références graphiques disséminées ça et là, un don certain pour représenter les voitures de toutes marques, et un tout qui s’approche du bon graphisme de dessin animé. Mais voilà, même si c’est rythmé, ça reste un poil trop léger mon goût pour entrer dans le haut de mon classement personnel.
J’hésitais à replonger dans cette série qui retrace la jeunesse d’Alix mais n’état pas encore vacciné contre la fièvre jaune, j’ai craqué ! Conrad est maintenant seul aux manettes mais ça reste assez creux… Enfin… Ce n’est pas désagréable à lire, on passe même un agréable moment, mais ça n’amène pas grand-chose… Ni de manière historique, ni même grand-chose au niveau du personnage qui fait vibrer le cœurs des Innommables… Reste la plastique irréprochable d’Alix, et sa relative candeur, empêtrée dans un mélange de valeurs morales et de propagande du parti, mais ça ne sauve pas le tout. Il y a cependant un truc qui fonctionne toujours, ce sont les expressions ! Mouche qui butine ou qui pique, et d’autres encore, parsèment l’album pour le plus grand plaisir des lecteurs… Mais tout cela ne sauve pas l’intrigue palpitante de cet album…
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