Les 35 critiques de CoeurDePat sur Bd Paradisio...

Après avoir relu « Le sommeil du monstre », c’est avec ardeur que je me suis jeté sur « 32 décembre ». Et je n’ai pas été déçu… Le graphisme si particulier de Bilal atteint ici des sommets, bien qu’on puisse le trouver assez peu dynamique et plutôt figé, exprimant peu le mouvement, mais le moins que l’on puisse dire est qu’il est superbe, à la fois extrêmement travaillé et donnant une impression de croquis, certainement original, et parfois très lourd de symboles (trop lourd, pense-t-on parfois). La narration de l’album est – comme son prédécesseur – très particulière. Aux phylactères des personnages, parfois presque anecdotiques, s’ajoute une narration très dense, jamais redondante, qui fait très roman. Comme si cela ne suffisait pas, le découpage en trois points de vue (Nike, Amir et Leyla), complètement maîtrisé lui aussi, est original dans sa forme à défaut de l’être dans son principe. Saupoudrez le tout de quelques coupures de journaux, et vous aurez une narration originale, mais surtout complètement déterminée par l’auteur. En effet, cet ouvrage est d’une complexité dans les thèmes abordés qui se révèle stupéfiante. Je prendrai pour exemple le thème de l’identité : deux doubles de Nike ont été créés, tous deux se croient être le seul et véritable Nike, et lui-même doute d’être l’original… Cette thématique (également abordée de manière plus anecdotique et poétique dans « Naciré et les machines », de Pontarolo) est traitée ici avec une telle virtuosité qu’elle m’en a laissé la gorge serrée, sans voix aucune. Mais elle est loin d’être la seule : Bilal pioche parmi ce dont il a besoin et créé un tout extrêmement riche et dense, tout en conservant une lecture très fluide et agréable. Ce deuxième tome révèle malgré tout quelques petites… choses qui tempèrent (légèrement !) mon enthousiasme… Comme le docteur Warhole, qui de méchant sinistre, calculateur, inquiétant et mystérieux dans le précédent tome, passe ici plutôt pour un fou, un méchant un peu caricatural façon comics…Comme l’intrigue du site de l’Aigle, qui – en attendant bien sûr la suite qui confirmera ou infirmera cette impression – s’avère être très classique dans sa forme… Comme encore le côté « mémoire absolue » de Nike, qui ici disparaît alors qu’il fondait « Le sommeil du monstre »… Enfin… Cette série d’une grande densité, d’une qualité réelle, d’un graphisme superbe, me semble pour l’instant absolument incontournable. Par contre, sa complexité et sa maîtrise même me semblent ne pas la destiner à l’amateur occasionnel qui ne pourra en apprécier qu’une petite partie. (… comme moi à la lecture du tome 1…)
Le cycle par CoeurDePat
Cet album commence très doucement, avec les mêmes personnages que «Cercle vicieux», un peu ridicules, un peu archétypaux. Le professeur poursuit ses expériences pour le moins étranges, et celle qu’il est en train de mener est encore plus étrange, puisque c’est l’organisation des planches de l’album qu’elle vient perturber. Ce premier effet donne donc lieu à une première partie intéressante. Mais c’est après, lorsque Marmouset se retrouve égaré dans un univers étrange, que «Le cycle» devient génial... L’assistant du professeur se retrouve en effet à devoir traverser de nombreuses planches, chacune tirée d’un ouvrage différent. On retrouvera ainsi entre autres des dessins d’Edika, Sfar, Killofer, De Crécy, Marc-Antoine Mathieu, Goossens, David B., etc. Chaque planche est extraite de l’album original, avec ses textes, et la personnage de Marmouset y est rajouté, dans le même style graphique que le dessin qui l’entoure !. L’effet crée est assez extraordinaire, et ceux qui croyaient que Lécroart ne savait pas dessiner en seront pour leurs frais. Cet exercice très OuBaPien est réellement bien mené, avec un talent certain, donnant lieu à une histoire assez excellente. Mais cela ne finit pas là… Car la fin (la troisième partie) de l’histoire est tout bonnement extraordinaire, utilisant deux autres procédés de façon tout simplement magistrale. Le tout donne un album au-delà de tout ce qui existe en matière de bande dessinée, au-delà même de toutes les productions OuBaPiennes actuelles. Bref, un indispensable, non seulement pour les amateurs de l’OuBaPo, mais également pour tous les autres. Marc-Antoine Mathieu n'aurait d'ailleurs pas renié ce genre d'idées pour son excellent «Julius Corentin Acquefacques». (il semblerait par ailleurs que Lécroart aime bien dissimuler des formes phalliques dans ses couvertures, celle-ci ne fait pas exception).
Permettez que je commence par vider mon enthousiasme : "RAAAH, IL EST BEAU, IL EST BIEN, IL EST BON !!!". Merci. Ce tome particulièrement attendu de Donjon Monsters (édition spéciale noir et blanc, limitée, etc.) frappe tout d'abord par son format, inhabituellement grand pour un Donjon, par la qualité de sa couverture, soyeuse et douce au toucher, et... tout simplement par le fait qu'il est en noir et blanc... Ce simple changement le rend beau. Déjà les croquis de "La nuit du tombeur" et de "Une jeunesse qui s'enfuit" étaient superbes, ici on n'est pas déçu. Le dessin de Blutch donne à l'album un ton extrêmement sérieux, à la limite du grave, qui convient à mon avis parfaitement à la série des Potron-Minet (l'album se situe en effet au niveau -90). A la fois détaillé et dynamique, on ne pourra que remarquer nombre de cases sans paroles, des petits passages muets, qui ajoutent un charme indéniable à l'histoire. S'ils peuvent donner l'impression -- superficielle ! -- de "remplissage", j'ai été tout de même impressionné par la densité de l'album. De fait, le résumer en quelques phrases serait difficile. On retrouve Hyacinthe, toujours justicier, mais un Hyacinthe au regard dur, chef de la guilde des assassins, devenu comte, et ayant complètement perdu sa naïveté d'antan. L'intrigue générale est une enquête policière sur fond de lutte de pouvoir, avec le tout jeune Marvin (qui lui est encore naïf, quoique pas stupide !) et sa maman bien présents. L'ensemble m'a littéralement captivé : le graphisme très "sérieux" est en parfaite adéquation avec l'histoire (elle-même complexe et intéressante), l'ambiance est superbe, l'humour (un peu spécial, avec deux dragons qui dévorent à tour de bras) toujours présent, et enfin le format de l'album permet de mieux s'attarder sur les détails. Bref, un petit bijou, à lire absolument !
(Un Temps.) par CoeurDePat
(Un temps), c’est quoi ? (Un temps), c’est avant tout une petite bd très étrange, basée sur un fil conducteur (l’aéroport, l’attente du départ), rempli d’une multitude de petites digressions, et toujours en rapport avec le temps. Idées et vocabulaire, tout ici est un fabuleux amas traitant du temps… L’histoire n’en est pas réellement une, mais plutôt une succession des pensées que l’on pourrait avoir en attendant son avion. On peut (ou non…) y voir une critique légère du monde actuel et de sa folie du « tout, tout de suite », mais l’album est plus expérimental qu’autre chose, rappelant (d’assez loin, il est vrai) l’excellent « Notes mésopotamiennes ». Complètement atypique, sa lecture laissera probablement perplexe ; pourtant, poétique à sa façon, cette lecture m’a fait passer (un temps) agréable.
Ukulélé (Carnets) par CoeurDePat
Après le joyeux bordel qu’était « Harmonica », Sfar rempile avec cet ouvrage qui lui est un bordel non seulement joyeux mais aussi monumental ! 438 pages débordantes de plein de choses, qu’on feuillette parfois rapidement (croquis), ou qu’on met cinq minutes à lire (dissertations), inutile d’espérer pouvoir lire « Ukulélé » rapidement. « Harmonica » ressemblait quelque peu aux « Carnet de bord » de Trondheim, en tout cas on y trouvait un certain nombre de séquences très bd. Ici, Sfar se démarque bien plus, car cet album est avant tout un véritable fouillis, un bric-à-brac complet, comme un vieux grenier où l’on aurait jeté pêle-mêle plein de vieux souvenirs : on change de sujet quasiment toutes les deux pages, sans souci de cohérence ou de transition, et parfois il faut lire une page ou deux pour comprendre le début de la nouvelle séquence. On y trouve un peu de tout, mais sous une forme qui fait beaucoup plus carnet que bd ; soit récits illustrés, images commentées, purs croquis par pages entières, ou encore véritables dissertations, on touche ici aux limites de la bd (façon intéressante de poser la question : « qu’est-ce que la bd »). J’oubliais les numéros de téléphone des copains, les adresses des magasins d’instruments de musique que Sfar aime, un véritable mode d’emploi de guimbarde, un article de Télérama et de Sapristi, etc. Grâce à tout cet incroyable fouillis, Sfar crée un ton véritablement particulier et personnel. Il le dit lui-même, il aime tout dessiner, et ne peut s’empêcher de tout dessiner. Bin voilà, là il l’a fait… Ah, j’oubliais, le dessin fait très croquis, également, vous ne retrouverez pas ici le même genre de graphisme que dans « Profeseur Bell » ou « Le chat du rabbin ». Alors, à lire ou pas ? Moi je dirais oui, bien sûr, c’est original, atypique et assez intéressant. Mais en tant de pages, on a le temps d’être rassasié, voire même saturé si on lit tout d’un coup. Alors commencez plutôt par « Harmonica » (qui lui ne fait «que» 120 pages), et s’il vous plaît, ruez-vous sur « Ukulélé ». Dernière chose : le prix. Un peu cher (30 euros), ça fait mal quand on débourse ça pour un livre, mais par rapport aux autres ouvrages de la collection Côtelette, il n’est pas cher du tout. En tout cas, j’attends la suite (« Piano ») avec impatience.
Voici un petit album bien sympathique. Reprise parodique de "L'homme qui valait trois milliards", le ton est très décalé, à l'opposé de l'esprit de la série originale, rappelant par certains aspects "Bill Baroud" (pourriture communiste !). Le dessin est vraiment agréable, et l'histoire -- si elle n'a rien de transcendant ou d'extraordinaire -- m'a laissé avec un grand sourire bête et persistant sur le visage. C'est drôle, parodique, pas forcément super fin, mais je me suis laissé entraîner par cet album sans aucun problème. En prime (enfin, en guest star) vous aurez Bruce Banner, que demander de plus ? Pour ceux qui ne connaissent pas Les Requins Marteaux, cet album est à essayer. Et d'ailleurs, pour ceux qui connaissent aussi.
Ah, mais que ça fait du bien ! Cet album est rafraîchissant, c’est un vrai bonheur ! Yoann déploie ici tout son talent avec les couleurs directes, et comme dans Toto l’ornithorynque, le résultat est époustouflant de beauté. Chaque case est une véritable toile à elle seule : la scène de la page 42 particulièrement est extraordinaire. Le dessin est très naïf, caricatural et expressif. Très inventif aussi, de par la variété impressionnante de monstres, leur travail et… leur réussite, tout simplement. Au niveau de la mise en scène, si Sfar et Trondheim font toujours les storyboards, on pourra remarquer que Yoann impose cependant une patte très marquée : la plupart des dessins comportent moins de détails, ceux-ci se fondant en fait dans le décor. L’attention se centre alors sur les personnages, sur l’action. Alors voilà, au niveau graphique je n’ai rien à redire, c’est un festival de couleurs, des dessins naïfs d’une grande beauté, des monstres géniaux, et tout cela crée une ambiance rare. Et concernant l’ambiance, le scénario est en parfait accord avec le graphisme (ou réciproquement, hum) : le ton est résolument humoristique. Il faut dire que le personnage de Grogro, pataud, stupide et gourmand, y est pour beaucoup. Mais Tonfa n’est pas en reste, puisqu’il crée un contraste intéressant avec Grogro ; et les lapins de Zautamauxime ont toujours le même caractère. En plus la quête de la bière est tout de même un sérieux pied de nez à toute l’heroïc fantasy. Enfin, on retrouvera dans ce tome (niveau 40) le gardien et le trésorier, bien âgés, Horous, fantôme, Zongo, mais aussi un «tilapin», rouge et avec de grandes dents. Ca alors... Un réel moment de plaisir, et un excellent Donjon Monsters, peut-être mon préféré avec le premier.
Super Negra par CoeurDePat
Winshluss, auteur (entre autres) de l'excellent "Pat Boon", signe ici un album à l'estéthique pour le moins surprenante. Je ne sais à vrai dire le but qu'il y a derrière, mais le moins que l'on puisse dire est que le dessin n'est pas soigné, qu'il fait pire dans l'underground que tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, et que -- pour une fois c'est vrai ! -- pour certaines cases un gosse de 10 ans pourrait faire pareil. En fait, le dessin varie du super-crado, un simple trait apparemment très maladroit fait à la va-vite jusqu'au dessin beaucoup plus soigné (qu'on retrouve par exemple dans "Pat Boon") utilisé pour dessiner la 1ère case montrant le rat géant. L'impression générale est que c'est crade. Si, vraiment, je pèse mes mots, et dans le cadre de cet album ce n'est absolument pas du dénigrement... De fait, les variantes dans le dessin -- même laides ! -- sont intéressantes, et mon oeil est resté accroché sur chaque case... Là où un dessin élégant serait passé presqu'inaperçu, ici on regarde chaque détail pour voir comment c'est fait, quelles sont les variations, etc. L'autre avantage, c'est que la parodie de Mickey est totale, à l'exact opposé du dessin classique et un peu figé de ce personnage... L'histoire est une énorme parodie : Dingo est complètement gogol ("Gnégnial !"), Plutox complètement débile, Minnie se fait, hum, trombiner par Riri, Fifi et Loulou, etc. Complètement délirante aussi; pas vraiment cohérente puisqu'il s'agit plus d'un enchaînement de péripéties (quoique dans une suite logique); et certainement irrévérencieuse envers à peu près tout. Alors quoi ? Lire ou pas lire ? En fait, le dessin a beau être laid, je l'ai trouvé assez fascinant (d'ailleurs j'ai lu deux fois l'album en moins de 12 heures, c'est un exploit). L'histoire a beau être bête et méchante, désorganisée, je me suis bien amusé quand même... Bah, à vous de voir. (A noter : La première édition de cet album date de 1999)
Le quartier évanoui par CoeurDePat
Tout d'abord attention ! Il s'agit là de la réédition de l'album paru chez Glénat en 1994, ce qui n'est bien évidemment précisé nulle part. Le dessin de Tronchet n'est pas le meilleur qui soit (même si je l'apprécie en général), mais il souffre ici en plus de nombreux défauts et maladresses, que je vous laisse découvrir. L'usage des couleurs est sympathique, reflétant l'ambiance régnant dans le quartier, mais le côté monochromatique omniprésent peut surprendre, voire lasser. Le plus atypique réside probablement dans les dialogues, qui d'un bout à l'autre de l'album (soit 180 pages, tout de même !) sont écrits en pseudo-néo-argot... Ca aurait pu être joli, poétique même, mais là au bout de trois pages on en a marre, et au bout d'un chapitre c'est tout simplement INSUPPORTABLE ! C'est en fait tellement illisible que j'ai dû m'y reprendre à six fois pour finir ce bouquin. Si on ajoute à ça un scénario moins que moyen, très dilué, la maladresse des dessins précitée, on obtient un album complètement inintéressant et gavant, et que je ne vous recommanderai certainement pas. Si vraiment vous aimez un petit côté poétique et l'argot, jetez-y un oeil, mais sinon...
Pas du tout attiré par cet album, c'est du bout des doigts et juste avant de quitter le magasin que je l'ai ouvert... et qu'après avoir lu deux pages je suis reparti avec (sous le bras) et un gros sourire béat et un peu bête (sur la figure). En effet, les toutes premières cases -- comme le reste de l'album, d'ailleurs -- sont somptueusement belles : de véritables tableaux à elles seules. Et quand je dis tableau, c'est parfois littéralement vrai, tant l'auteur a pris plaisir à "faire vivre" dans cette BD des éléments de grands chef d'oeuvre, voire le tableau entier. Ainsi les tournesols de Van Gogh, certains de ses paysages provençaux (la scène où le train traverse le champ de blés est... superbe !), les vahinés de Gauguin n'en sont que qelques exemples. La deuxième chose qui frappe, c'est que sous cet académisme apparent, le dessin est extrêmement ironique ! Ainsi le personnage de Van Gogh, tout bien dessiné qu'il soit, a quelque chose de vraiment comique, de ridicule et de dérisoire. Je ne saurais dire exactement à quoi cela est dû, mais Smudja fait une caricature magistrale grâce à d'infimes détails (une pose à peine marquée, un visage étonné qui se démarque du contexte...). Le résultat est un décalage complet entre la forme apparemment très classique, et... ces petits détails que je ne saurais nommer qui font le côté caricatural... Le propos ensuite est quant à lui complètement farfelu. On le constate dès le tout début, avec non seulement la narration mais également les propos de Van Gogh... Le pauvre adore la peinture mais n'est vraiment, vraiment pas doué. C'est sur cette base que se construit l'histoire, originale à souhait, plaisante, distrayante, et prenante. Le petit reproche que je ferai tout de même est qu'il y a parfois un peu de confusion, mais ça reste léger. Enfin, humour et ironie se poursuivent jusque dans les deux dernières pages, regroupant et résumant les différents protagonistes de l'histoire, pour se finir -- toujours avec humour et dérision -- sur la dernière case qui à elle seule vaut le détour. Bref, excellente surprise ! J'aurais presque envie de comparer "Vincent & Van Gogh" au meilleur des "Rubriques à brac" ou "Cinémastock" pour le ton employé. Sans compter le dessin, qui est splendide. Alors voilà, ça m'arrive très rarement, mais là aucune hésitation : culte !
Le tumulus (Fog) par CoeurDePat
Le dessin de cet album n'est vraiment pas beau. Pour tout dire, il confine au laid. Visages presque sans relief, silhouettes se découpant parfois trop sur le fond, couleurs sombres ou pastels et peu variées, noirs nombreux et prononcés, on peut de prime abord être rebuté. Ceci étant dit, le graphisme s'accorde très bien au scénario, au lieu (le Londres du XIXème siècle) et crée une ambiance sombre et glauque tout à fait propice et adéquate au sujet. Les cadrages sont quant à eux assez variés et parfois agréablement originaux. "Le tumulus" nous propose une série de meurtres mystérieux sous couvert d'une malédiction Viking. Nous suivons deux inspecteurs du Yard dans leur enquête, ainsi que la jolie Mary, fille de l'archéologue qui exhuma la tombe à l'origine de toute l'histoire. Bien menée et riche en suppositions et rebondissements, l'histoire laisse filtrer les indices avec parcimonie. Si l'on ne peut s'empêcher de noter une ou deux petites incohérences ou maladresses (une poulie traînant comme par hasard sur un pont par exemple), l'histoire reste néanmoins très prenante, tant par son ambiance que par sa construction.
Cet album, composé de 30 récits d'une planche (soit 6 cases) chacun, est complètement atypique. Les récits n'en sont pas. Il n'y a ici aucune action, d'ailleurs le passage d'une case à l'autre est très souvent le passage d'une scène à une autre. Cela donne une impression étrange : le temps est comme figé, on a l'impression de voir une suite d'illustrations, mais sans aucune action, sans aucun mouvement, comme des photos. Les "histoires", ou plutôt les scènes racontées, font preuve d'un sens de l'observation pour le moins intéressant, mettant en scène du quotidien, mais d'une manière dont on le regarde rarement. Toutes font preuve d'une finesse certaine et souvent d'un humour également très fin. Au final, on se perd dans ces planches, dans cette immobilité, dans le regard ici porté sur les choses, et on en ressort serein, comme d'une semaine de vacances ou d'un rêve.
La bête par CoeurDePat
Chabouté nous a concocté un album sur lequel il y a pas mal de choses à dire... Côté graphisme tout d'abord. C'est toujours aussi typique de son style, très personnel. Il manie toujours avec autant de bonheur le noir et blanc, c'est une merveille. On aime ou on n'aime pas, moi j'adore. Côté personnages ensuite. On retrouve dans cet album des "gueules" connues. Les vieilles sorcières, ici grenouilles de bénitier, la peintre (cf Zoé), et par-ci par-là des visages somme toute assez familiers à l'univers de Chabouté. Petit arrière-goût de déjà vu, donc. Ce qui m'a époustouflé dans cet album, bien plus que dans tout autre qu'il ait fait jusqu'à présent, c'est l'ambiance. Elle est merveilleusement bien développée, et envahit le lecteur dès le tout début. Lugubre, sombre, glauque, oppressante, tenace, je suis véritablement épaté, c'est magnifique. Cela est dû en grande partie aux passages muets, comme par exemple les premières pages de l'album qui nous immergent dans cet univers fermé, mais aussi bien sûr aux personnages de Chabouté et aux expressions qu'il sait si bien leur faire prendre. (Et regardez comment il découpe la scène où le lapin est poursuivi, et le cheminement de la voiture de l'inspecteur ! Très bien fait, ça !!!) Le scénario quant à lui est tout d'abord excellent. Le mystère est complet, on ne dispose de presque aucun indice, et on patauge dans la neige et le doute avec l'inspecteur Tarpon. Excellent donc, jusqu'à... la fin. Eh bien oui, il devait y avoir un "mais", et pour moi, il se situe dans la conclusion de l'album, que je trouve somme toute très banale, et donc assez décevante. Un peu comme le soufflé de Gaston Lagaffe : l'ambiance est là, parfaite, la tension monte, monte, elle est patiemment construite pendant 130 pages, et soudain, pouf, le soufflé retombe. J'aurais volontiers mis un 5/5 à cet album, mais étant donnée la façon dont il se conclut, se sera un 3. Malgré cela, si vous aimez ce qu'a fait Chabouté (les "Zoé", "Sorcières" et autres "Pleine Lune, je veux dire), vous pouvez vous ruer sur cet album, il en vaut la peine. Et sinon, vous pouvez aussi vous ruer dessus.
Cet album est assez exceptionnel de par sa densité. En seulement 46 planches, Sfar parvient à introduire des personnages qui semblent nombreux (même si en fait il n'y en a pas tant que ça), qu'on a l'impression de connaître en quelques case, et à raconter plusieurs histoires en même temps, tout cela avec un humour fin, pétillant et rafraîchissant ! Bien sûr, cela est purement subjectif, mais l'impression qui me reste après avoir lu cet album est celle d'une grande richesse et variété, ainsi que celle de calme et de paix. Le chat est particulièrement intéressant : mélangeant les comportements humains et félins ("Donne la parole à un âne, ce sera toujours un âne." ), ses pensées (souvent incisives), sa jalousie, sa fidélité sont très bien rendues, et on partage son ressenti - même si on peut ne pas être d'accord avec. Le chat est un narrateur omniprésent, tellement présent que parfois on oublie que c'est lui qui parle et qui nous montre les scènes. En ce sens, je trouve à Sfar une virtuosité certaine. De plus, le ton de l'album est paisible. Les désaccords sont montrés sans aucune haine, traités de manière comique, et on voit le vieux rabbin cheminer et faire la fête avec le Cheikh Mohammed Sfar, arabe et grand chanteur, et ce en harmonie. Ils partageront même leur prières. Joli message de paix que celui-ci, souligné avec ironie par leur ancêtre commun Messaoud Sfar. L'histoire quant à elle, se déroule d'une façon que je ne veux pas dévoiler, mais certainement intéressante et augurant une suite prometteuse... Cet album me paraît encore meilleur que le premier, qui était pourtant déjà remarquable (et remarqué), et je ne saurais que vous le recommander très chaudement !
La jeunesse de notre espion favori est à la mesure de ce qu'il est devenu : chez lui l'espionnage, la patrie et la pourriture communiste sont une obsession, et ce depuis son enfance. On découvre avec bonheur sa maîtresse, son copain noir Malcolm, et sa petite copine Kelly devant laquelle il perd bêtement tous ses moyens. Les huit histoires qui composent cet album sont vraiment excellentes ! Mêlant humour, humour noir, bonnes intentions, tendresse, inégalités sociales et extraterrestres, Larcenet réussit magistralement cet album. On ne pourra que noter l'inspiration de certaines de ses autres séries, comme "Les cosmonautes du futur" et "Les entremondes", qui apportent un plus indéniable et participent au charme de ce livre. D'aucuns lui reprochaient avec "Les entremondes" d'en faire trop et de trop mettre la morale de l'histoire en évidence, c'est ici chose réparée : sous le couvert du second degré, le message passe avec humour et légèreté. Un régal !
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