Les 4 critiques de Gally sur Bd Paradisio...

Michael cherche Barbara. Il est amoureux d’elle à en perdre la raison mais son retour à Londres le plonge dans un abîme glacé. Barbara a changé, beaucoup changé. Possédée par un démon, sous l’emprise des drogues dures, elle multiplie les trips sadomasochistes à la limite parfois du cannibalisme. Poussé par son amour éperdu, Michael engage le combat contre des croyances obscures et des rites sauvages. « Tell me, dark » fait partie de ces rares comics que je m’accorde parfois à lire tellement ils sont différents de la super-production de super-héros. Peinture, dessin, gravure, reprises de photos, crayonnés, tous les styles graphiques s’alternent et s’enchaînent avec une cohérence visuelle déconcertante. Kent William est un maître pictural et sert parfaitement cette histoire sombre et romantique inspirée des Fleurs du Mal de Baudelaire. Une oeuvre qui méritait largement une traduction.

Transposé à l’échelle intergalactique, savant mélange d’histoire et de science fiction, la guerre Romains contre Huns illustre la confrontation entre deux mondes : l’ordre et le chaos. Mais le bien et le mal sont des données relatives et l’intrigue est loin d’être aussi réductrice. Guerres d’intérêt, trahisons, prises de pouvoir et renversements de situations n’ont de cesse d’enrichir la trame du Fléau des Dieux. Si l’histoire prend du temps à décoller, elle s’enrichit au fil des albums et promet une suite aussi fine qu’intéressante. A noter également que la beauté des couvertures n’est pas une manipulation marketing, l’intérieur est d’une qualité graphique semblable ! (parfois inégale, mais je suis sûrement trop difficile). Vivement la suite.

Au cœur d’un Paris sombre et insolite, Vitesse Moderne conte les pérégrinations de deux jeunes femmes, davantage portées par les situations et l’évolution d’un monde étrange que par leurs propres actes. Cette histoire s’apparente à ces rêves que l’on fait parfois, lorsque des souvenirs tourmentés viennent peupler notre nuit. Ces rêves où la réalité change et se modifie au gré des humeurs et des réminiscences d’un passé trouble. Sans cesse en mouvement, dans un monde réel aux allures fantastiques, on se laisse porter par l’univers troublant et imprévisible de l’auteur qui surprend à chaque planche. Un charme indescriptible ressort de cette composition surréaliste où le trait de Blutch prend une intensité particulière et ne laisse pas indifférent.

C’est au temps des Chevaliers, que nous sont relatées, Les folles péripéties de nobles créatures, À la canine dure et au verbe aiguisé. Si l’un est un loup, son comparse un renard, Don Lope Villalobos, le fier Hidalgo, Et l’agile Français, Armand de Maupertuis, Savent manier l’épée mieux que n’importe qui. Pour les îles Tangerines les voilà embarqués Poursuivant un trésor, trop beau pour être vrai... De chébèques en galères, de batailles en duels, Les aventures succèdent aux amours éperdus Et l’intrigue se tisse, pleine d’inattendus. J’arrête avec mes alexandrins, vous l’aurez compris, De Cape et de Crocs est une grande série ! Remarquablement écrite par le Sieur Ayroles (encore lui !), elle prend des allures de pièce de théâtre à faire pâlir Edmond Rostand lui-même. Un mélange de vers et de prose vous plongera de plein fouet dans un univers chevaleresque où la mort importe moins que les vertus. Le dessin n’est pas en reste : il irradie la bonne humeur et les mimiques des personnages sont délectables. Jean-Luc Masbou nous offre, de surcroît, une mise en couleur de toute beauté. A noter qu’une seule lecture restera insuffisante à la dégustation des détails d’arrière-plan plus drôles les uns que les autres. Damoiselles et Damoiseaux, filez découvrir cette grande fresque épique !