Après une collaboration longue et très fructueuse avec Pierre Christin, qui nous laisse deux chefs-d'oeuvre incontestables, "Les phalanges de l'ordre noir" et "Partie de chasse", Bilal décide de s'émanciper du génie sans doute trop étouffant de son scénariste pour se lancer seul. Pourtant, c'est peu dire que l'ombre de Christin plane sur ces albums : même volonté de construire une oeuvre d'anticipation qui s'ancre dans les obsessions de ses contemporains ; même mélange de science-fiction (celle de leurs premières collaborations) et de politique-fiction. Sauf qu'ici, bien sûr, laissant libre cours à son génie graphique (qui évolue d'ailleurs au fil des trois albums pour arriver à l'apothéose de "Froid équateur"), Bilal y va avec ses gros sabots pour ce qui concerne l'histoire (somme toute assez banale) et le portrait de nombreux personnages (beaucoup de poncifs). Bref, le génie de Christin n'est plus là mais celui de Bilal commence à apparaître, notament dans l'onirisme et la liberté qui s'épanouissent dans les deux derniers volets, dans le trait qui s'envole et la couleur qui s'émancipe. A noter que la discipline inventée par Bilal dans "Froid équateur", le "chessboxing", est devenue, grâce à un artiste néerlandais farfelu, une réalité !